Interview de Jérôme Attal
Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?
Charlie et la chocolaterie, de Roald Dahl.
Roald Dahl est un des mes héros.
Pourquoi écrivez-vous ?
Quand j’étais adolescent, l’écriture était ma solution naturelle pour dire au monde extérieur qui j’étais. Je suis resté fidèle à mon adolescence.
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
Je ne sais pas. Il est certain que le goût des livres et de la littérature permet de faire des gammes, comme un grand sportif a besoin d’entraînement quotidien avant de se risquer à la performance. Après, il y a quelque chose qui échappe à toute considération, c’est la grâce, le charme.
Vous êtes auteur mais également parolier et chanteur. Écrit-on de la même façon pour les autres et pour soi ?
Quand j’écris pour les autres, j’essaie d’y mettre beaucoup de moi, de faire parler ma voix intérieure, et quand j’écris pour moi, j’essaie que ça parle au plus grand nombre.
Une chanson peut-elle devenir un roman (ou inversement) ?
Dans l’idéal, quand même, un roman n’est pas fait pour être chanté et une chanson n’est pas faite pour être lue.
Vous écrivez depuis 1998 un journal intime en ligne. Pourquoi cette démarche ?
Déjà en tant que lecteur j’ai toujours eu le goût du journal intime littéraire. Des choses très variées m’enthousiasment : Joubert, Bauchau, Matzneff, Juliet, etc. Et puis, très tôt, puisque j’ai commencé en 1998, je voulais créer un refuge, un territoire sensible, avec ce nouvel espace internet pour quiconque s’attacherait à mon travail, à l’époque mon travail consistait quasi essentiellement à écrire des chansons. L’idée, c’était de faire une sorte d’œuvre permanente et consultable à tout moment. Un chasse-spleen, comme on dit du côté des grands crûs.
Pensez-vous que le blog est l’avenir de l’écriture ?
Le blog induit une forme d’écriture plutôt courte. Je ne crois pas qu’on puisse considérer ce qui est un outil comme une promesse d’avenir. L’avenir de l’écriture c’est la qualité, l’originalité ou la grâce, des écrivains d’aujourd’hui et de demain.
La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?
Une anecdote amusante, je ne sais pas. En revanche, je peux vous faire une réponse amusante : Je préfère garder mes anecdotes pour la fiction !
Aide-moi si tu peux est votre dernier roman en date. Pouvez-vous nous en parler ?
Ah oui c’est un roman poétique (beaucoup) et policier (un peu). Stéphane Caglia, le narrateur de l’histoire, est un flic qui fait une fixette sur les années 80. Il doit résoudre l’énigme de la disparition d’une jeune fille en Île-de-France, mais il a « Boule de Flipper » de Corrynne Charby en sonnerie de téléphone portable et ça la fout mal par rapport à sa hiérarchie et aux crapules de ce monde. Il s’en sort grâce à une jeune et héroïque flic d’origine britannique, Prudence Sparks. Caglia pourrait être un personnage à la Houellebecq, lascif, bourru, drôle malgré lui, un brin aquaboniste. Sauf qu’il est nostalgique de son enfance (dans les années 80, donc) et des douceurs de son enfance. Je ne pouvais pas appeler ce roman : La possibilité d’une île, mais j’aurais très bien pu l’appeler : La possibilité d’une île flottante. Oh, j’oubliais un détail crucial à l’enquête : les amateurs des Beatles apprécieront.
Quelle est la dernière chanson que vous avez regretté de ne pas avoir écrite ?
Je ne vois pas du tout les choses de cette façon. Quand la programmation radio me donne la possibilité de tomber sur une bonne chanson, je la reconnais, l’apprécie, et en félicite l’interprète et les auteurs. Là où intervient le regret, c’est quand j’entends un truc passable et que je me dis que si on m’avait fait confiance c’eût été autrement. Autrement, bien entendu, mais autrement bien meilleur j’espère !
Jérôme Attal
Auteur parolier, écrivain et scénariste.
Depuis dix ans, Jérôme Attal écrit des paroles de chansons plébiscitées par de nombreux artistes, notamment :
Mon amour oublie que je l’aime (Florent Pagny), Sombreros (Vanessa Paradis), S’il n’est pas trop tard et Un tableau de Hopper (Johnny Hallyday), Des compagnons (Michel Delpech), Montparnasse (Constance Amiot), L’envers du Paradis (Jenifer), Défendre Alice (Valentin Marceau), La fêlure (Garou), J’aime Avril à Paris (Eddy Mitchell) etc.
Écrivain, il a publié une dizaine de romans dont la plupart sont repris en poche chez Pocket. Parmi eux, un livre dont VOUS êtes le héros remis au goût du jour : Pagaille Monstre, un faux Journal intime d’Andy Warhol, et une Histoire de France racontée aux extraterrestres.
Son nouveau roman : Aide-moi si tu peux est sorti aux éditions Robert Laffont au printemps 2015.
Parallèlement Jérôme contribue à l’écriture de scénarios et a participé à deux courts métrages de fiction multi diffusés sur la chaine ARTE en tant qu’acteur et scénariste.
Pour en savoir plus sur Jérôme Attal : jeromeattaljournal.blogspot.fr