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Interview de Céline Saint-Charle - Paroles d'auteurs

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Interview de Céline Saint-Charle

4 Sep 2015

couv moineauQuel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Ça commence mal, je n’en ai aucune idée ! J’imagine que c’était un de ceux que l’on mettait immanquablement entre les mains de tous les jeunes lecteurs à cette époque, au siècle dernier, un des volumes des aventures de l’agaçant Oui-Oui. J’ai dévoré tout ce qui se faisait à la Bibliothèque Rose, la Bibliothèque Verte, Rouge et Or : Oui-Oui, Fantômette, le Club des 5, le clan des 7, Alice, les soeurs Parker, les 6 compagnons, Bennett…

C’était forcément l’un de ceux-là, mais lequel ? J’ai également souvenir d’un livre des Fables de La Fontaine que j’adorais à 5-6 ans, un livre plein d’illustrations à destination des enfants.

Mes premiers émois de lectrice, c’était ces mercredis à arpenter les bouquinistes du XVIIIe à Paris avec mon père, à la recherche des volumes qui me manquaient pour compléter ma collection. L’odeur du vieux papier poussiéreux, les tranches un peu jaunies, Alice et le Médaillon d’or enfin dégoté après des semaines de recherches, et oublié dans le métro au retour… Je les ai encore tous, ces livres dévorés de multiples fois pendant mon enfance.

Je garde une tendresse particulière pour les livres d’occasion, qui ont vécu et procuré des émotions à plusieurs lecteurs avant moi.

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première histoire ?

Je savais déjà lire à l’entrée au CP, et je m’ennuyais parfois en classe pendant que la maîtresse expliquait des choses que je savais déjà. Alors, je griffonnais des bouts d’histoire sur un cahier de brouillon. La première racontait la journée du narrateur, mais il fallait attendre la fin pour comprendre qu’il s’agissait d’un chat. Au fil des années, j’en ai écrit des centaines, mais très peu ont survécu aux déménagements, aux ménages par le vide dans ma chambre, aux disques durs d’ordinateur qui flanchent. Je regrette aujourd’hui d’avoir jeté toutes ces petites choses sans prétention, j’aurais plaisir à les relire. Tant pis !

Pourquoi écrivez-vous ?

Ze question ! Pourquoi je mange ? Pourquoi je bois ? Pourquoi je dors ? Parce que cela fait partie des choses sans lesquelles je ne peux pas vivre. L’écriture c’est pareil, c’est un besoin vital de mon organisme. Et si je ne peux pas écrire « pour de vrai », avec un ordinateur ou du papier, j’écris virtuellement, des phrases qui s’assemblent sans cesse dans un coin de mon cerveau. Elles attendent patiemment que je trouve le temps de les coucher sur le papier. Et si je ne prends pas le temps de le faire, elles forcent le passage et m’obligent à les laisser sortir. L’écriture est un tyran, et je suis son esclave (très consentante, ceci dit).

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

J’ai lu récemment un article qui parlait d’auteurs qui ne lisent jamais ou presque, sous prétexte qu’ils ont peur d’être influencés dans leur écriture. Je suis tombée des nues, tellement j’ai toujours pensé que l’un ne pouvait pas aller sans l’autre. Ce sont les deux faces d’une même chose, indissociables. De mon point de vue, on peut certes écrire sans lire, mais je ne pense pas qu’on puisse être bon, ni surtout évoluer dans son écriture sans se nourrir de mots et d’histoires. Pour employer une métaphore, on peut toujours planter un rosier et ne pas s’en occuper, on aura sans doute quelques fleurs. Malingres et un peu tristounes, mais des fleurs quand même. Alors que le rosier dont on prend la peine de s’occuper, de nourrir d’engrais, de tailler, etc, nous régalera de fleurs superbes et odorantes.

Je dévore, je lis sans arrêt, ça m’est tout aussi nécessaire que d’écrire.

Écrit-on pour soi ou pour les autres ?

J’ai passé presque 35 ans à n’écrire que pour moi, sans ressentir le besoin d’être lue par d’autres. ce n’est qu’avec l’insistance de mes proches que j’ai peu à peu ouvert mes écrits aux autres. J’avoue apprécier grandement les retours des lecteurs depuis que je publie, ces commentaires enthousiastes de gens que je ne connais pas. Mais ça n’est pas essentiel à mon équilibre. D’autres auteurs iraient jusqu’à publier leur liste de courses, tant le besoin de reconnaissance est grand, et représente le carburant qui les fait écrire. J’imagine que la réponse à cette question est individuelle, chaque auteur a sa problématique propre.

Vous qui avez pratiqué les deux, est-il plus facile d’écrire une nouvelle ou un roman ?

En terme d’écriture, sans hésiter, je trouve que le roman est plus simple. On peut se permettre de perdre du temps, de flâner en route, d’insérer des situations ou des personnages qui ne sont pas essentiels à l’histoire, juste pour le plaisir. La nouvelle est un défi compliqué, qui exige de faire vivre une histoire, des personnages, des situations, avec économie. Il faut accrocher le lecteur, qu’il se sente happé dans l’univers qu’on lui propose, alors qu’on dispose en gros de dix fois moins de pages. C’est un genre mal aimé, alors que bien plus complexe.

En terme de temps, bien sûr, une nouvelle est plus simple, puisque plus courte.

J’ai pris l’habitude de ponctuer l’écriture de mes romans en pondant des nouvelles entre deux chapitres, ou après avoir écrit une scène difficile. C’est un peu mon trou normand à moi.

Pour votre premier recueil de nouvelles, vous avez opté pour le financement participatif. Est-ce une voie que vous pourriez conseiller aux jeunes auteurs ?

Le financement participatif est un tremplin formidable pour les auteurs qui manquent de confiance en eux, ou qui hésitent encore à sauter dans le grand bain. Cela donne un aperçu de ce qu’est le monde de l’autoédition, et permet de prendre conscience que oui, ce qu’on a écrit peut plaire. Je ne l’ai fait par ce biais que pour mon premier ouvrage car malheureusement ce système a ses limites : une fois la souscription finie, il n’y a pas de moyen d’obtenir un exemplaire par ci, par là. Et, à moins de disposer d’emblée d’un réseau important, ce sont en majorité les proches qui souscrivent. S’il n’y avait pas cet écueil important de disponibilité des ouvrages sur le long terme, je serais restée en participatif.

Quelle est votre actualité littéraire ?

Mon premier roman Comme un moineau est sorti fin mai, c’est un roman noir assez dur. Il suscite un enthousiasme incroyable chez les lecteurs, il vit sa vie tranquillement, et se vend plutôt bien. Je me rends compte que le bouche à oreille autour de mes deux recueils de nouvelles a bien fonctionné et que les gens achètent mon roman sans se poser la question, ils l’attendaient. C’est indéniablement plaisant !

J’ai un autre roman terminé, que j’ai envoyé à quelques éditeurs. Si toutefois il ne trouve pas preneur, je le publierai en autoédition début 2016, pour ne pas décevoir mes fans, qui réclament un autre ouvrage.

Je travaille en ce moment sur un roman en deux tomes, ainsi que sur un troisième recueil de nouvelles en parallèle.
Pour la suite, j’ai suffisamment d’idées en stock dans les petits tiroirs de mon cerveau pour pouvoir écrire encore pendant de longues années. On ne se débarrassera pas de moi comme ça !

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Du larsen dans les cauris, de Laurent Mathoux, un auteur autoédité. Un road-movie déjanté entre Clermont-Ferrand et la Gambie dans les années 80. Une galerie de personnages savoureux à dévorer en éclatant de rire toutes les deux pages. Une preuve de plus que l’autoédition peut être synonyme de qualité (parfois plus que certains best-sellers insipides et sans âme).

Céline Saint-Charle

Céline Saint-Charle

Née à Paris en 1969, Céline Saint-Charle est tombée dans la marmite des livres dès sa petite enfance. Lectrice insatiable, elle se tourne tout naturellement vers l’écriture, sans rien dire à personne. Après des études d’anglais, elle devient enseignante en maternelle.

Quatre enfants et un déménagement en Auvergne plus tard, elle se décide enfin, à 35 ans, sous la pression de son entourage, à participer à quelques concours de nouvelles. Les prix obtenus l’encouragent à persévérer, et elle dévoile peu à peu les textes enterrés dans les tréfonds de son ordinateur.

Ce n’est qu’après 10 ans de menaces et cajoleries de ses proches qu’elle se décide enfin : un premier recueil parait en 2014 Après tout, ça arrive tous les jours, suivi d’un deuxième début 2015 Pause cigarette, puis d’un roman noir Comme un moineau.

Pour en savoir plus sur Céline Saint-Charle : celinesaintcharle.wordpress.com

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