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Interview de Thierry Cohen

25 Avr 2015

jenetaisquunfouQuel est le premier livre que vous ayez lu ?

Un San Antonio, de Frédéric Dard. J’ai découvert qu’il était possible de s’évader (et de rire) avec cet objet magique qu’est le livre, alors que la plupart de mes profs de français avaient réussi à me convaincre que la lecture était forcément ennuyeuse. J’en ai ensuite lu des dizaines. Puis il y a eu Le Horla de Maupassant qui m’a subjugué. Et tout de suite après Albert Cohen avec Solal et, bien entendu, Belle du Seigneur.

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre premier roman ?

Je voulais me prouver que j’étais capable d’écrire un roman. J’en ai commencé une vingtaine (en dix ans), les ai abandonnés. Puis, suite au décès de mon meilleur ami, j’ai eu l’idée de J’aurais préféré vivre. En écrivant, je m’adressais à lui, lui racontais l’histoire que j’aurais aimé lui confier pour le convaincre de rester. J’écrivais, je pleurais. C’était trop tard pour lui. Mais ce roman a ensuite aidé de nombreuses personnes.

Pourquoi écrivez-vous ?

C’est un peu comme demander à un alcoolique pourquoi il boit ou à un sportif pourquoi il passe autant de temps à suer. Il y a un facteur déclenchant puis une addiction. Je ne peux pas rester plus de 24 heures sans écrire. Je crois que je trouve mon équilibre dans l’écriture.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

C’est nécessaire, en effet. Sinon comment comprendre la magie des mots, la structure d’un texte, son rythme ?

Un roman peut-il sauver des vies ?

Un roman peut sauver la vie de celui qui l’écrit et celle de celui qui le lit. J’aurais préféré vivre a sauvé des vies. Il a permis à des personnes qui avaient décidé de se suicider de sortir de la bulle de douleur dans laquelle elles s’étaient enfermées, de réaliser qu’elles n’étaient pas seules, que des proches les aimaient. J’ai reçu plusieurs messages me racontant cette… rédemption, ce retour à la réalité, à la vie. Des messages qui m’ont bouleversé (j’étais en larmes).

En plus de l’écriture, vous dirigez une agence de communication. Pensez-vous qu’un auteur, aujourd’hui, doit être un bon communicant ?

Le hasard a voulu que je travaille dans la communication mais mon métier ne m’aide pas. Un auteur doit se contenter d’écrire, ne pas se soucier du « service après vente ». On devrait se foutre qu’un auteur bafouille ou ne soit pas télégénique. Mais l’époque nous fait croire qu’il faut absolument communiquer pour exister. L’époque et les attachés de presse. Je pense d’ailleurs que nous n’avons rien à faire dans les médias. Je préfère répondre à une interview par écrit que de me soumettre aux questions de journalistes qui, la plupart du temps n’ont pas lu mon roman.

En 2007, Vous avez obtenu le Grand Prix Jean d’Ormesson pour votre roman J’aurais préféré vivre, prix récompensant un roman pour sa capacité à défendre la langue française. C’est important pour vous de défendre la langue française ?

Oui, c’est important de défendre notre langue… mais ce n’est pas ma mission. Je n’écris pas en me disant « super page ! Là tu as vraiment œuvré pour la défense de la langue française ».

Vos romans sont parfois teintés d’une touche de fantastique. Est-ce pour libérer votre imaginaire ?

Oh oui ! Sinon, que ferais-je de toutes ces idées folles qui me traversent l’esprit ? Je deviendrais sans doute fou si je n’avais pas cet exutoire. Libérer son imagination et créer des mondes, des personnages, faire appel à d’autres logiques que celles auxquelles la réalité nous soumet… un roman permet tout ça.

Quelle est votre actualité littéraire ?

Je termine un roman. Un roman très différent des précédents (mais mes romans sont assez différents les uns des autres je crois). Je ne sais pas encore quand il paraitra. Je prends mon temps.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Donna Tartt, Le Chardonneret. C’est plus qu’un livre ; c’est une œuvre.

Thierry Cohen

Thierry Cohen

Thierry Cohen est l’auteur de 6 romans.

Il écrit son premier roman, J’aurais préféré vivre, après le suicide de son meilleur ami. Son objectif était alors simplement de raconter l’histoire qui aurait pu convaincre cet être cher de renoncer à son geste. Mais une fois terminé, ses proches lui suggèrent de le faire parvenir aux éditeurs. Il refuse tout d’abord, expliquant qu’il ne l’a pas écrit pour être édité. Puis, face à leur entêtement, finit par l’adresser à quelques maisons d’édition. A sa grande surprise, quatre d’entre elles se montrent intéressées. Le roman est publié sans publicité ni relations presse. Mais le thème du suicide et l’histoire d’amour entre Jeremy et Victoria trouvent un accueil favorable auprès d’un public jeune. Le roman devient un best seller (plus de 170 000 exemplaires ont été vendus à ce jour en France) et obtient le Grand Prix Jean d’Ormesson.

Dans ses romans suivants Thierry Cohen démontre son art du suspense mais également sa capacité à créer des histoires pleines d’émotion, au cœur d’une réalité teintée de mysticisme, parfois même de surnaturel. Pour ces raisons, on le compare à Marc Levy et Guillaume Musso.

Son dernier roman en date, Je n’étais qu’un fou, est l’histoire d’un romancier américain à succès qui, après la réception d’un étrange message sur Facebook, se trouve pris dans une machination infernale.

Pour en savoir plus sur Thierry Cohen : www.thierry-cohen.fr

Crédit photo : David Ignaszewski et Olivier Gormand

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