Interview de Sophie Hénaff
Quel est le premier livre qui vous a fait rire ?
Sûrement un Astérix, puis les Petit Nicolas et Fantômette. Puis Trois hommes dans un bateau et Les carnets du Major Thompson (mais là on parle des premiers donc d’enfance et prime adolescence).
Pensez-vous qu’il faille être un grand dépressif pour être un bon auteur humoristique ?
Non, je ne trouve pas cela strictement indispensable et d’ailleurs ça m’arrange bien, car, à titre personnel, j’aime vachement la vie, la joie, la famille, les copains, le bruit du vent dans les feuilles et toutes ces sortes de choses.
Le rire est le propre de l’homme. Qu’en est-il de la femme ?
Exactement pareil.
Quelle est l’idée de roman que vous avez eu et qui ne verra jamais le jour ?
J’ai démarré un roman de copains où le personnage principal avait pour objectif principal de nager avec une otarie. J’ai tenu six chapitres.
Beaucoup d’éditeurs n’aiment pas associer polar et humour. Qu’en pensez-vous ?
La plupart des éditeurs, oui, mais pas qu’eux. L’association du policier et de l’humour est pourtant une assez vieille tradition, mais ces dernières années l’aspect social du polar ou la violence en tant que genre, ont clairement pris le pas sur les autres tendances. L’humour, s’il n’est pas dans la veine ultra déjanté, a du mal à trouver sa case, son marché, son argumentaire, c’est moins évident pour les éditeurs. Ceci n’étant pas valable pour Albin Michel, bien sûr puisqu’ils ont accepté mon manuscrit.
La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?
Ma première rencontre avec une classe de lycéens, la première question en toute sincérité, sans insolence aucune ni envers moi ni envers la prof de français juste derrière : « Ça sert à quelque chose le Français pour écrire ? ». Il ne voulait pas suivre les cours en vain, j’ai adoré la candeur comme le pragmatisme.
Pouvez-vous nous parler de votre premier roman, Poulets Grillés ?
C’est le patron du 36 qui décide de nettoyer la judiciaire et rassemble dans une seule et même brigade tous les policiers indésirables : insolents, porte-malheur, scénaristes télé, gay, alcooliques, crétins… On leur donne des vieux cartons d’affaires classées et on leur demande essentiellement de se taire et de jouer à la belote. Mais ces exclus, d’être ensemble, ça va les reconstruire, leur donner la patate et l’envie d’enquêter pour résoudre deux anciens meurtres.
Est-il jouissif de créer une bande de personnages à ce point bras cassés ?
Oui, c’est très riche pour écrire : on peut développer à la fois l’aspect comique du ratage, mais surtout l’aspect émouvant des failles et faiblesses. Les gens à part me touchent.
Et c’est quoi la suite ?
Dans une petite ville, un notable passe devant le monument aux morts et aperçoit une nouvelle inscription : son nom, avec demain pour date de décès. Parallèlement, la commissaire des poulets grillés est appelée pour enquêter sur le meurtre du père de son ex-mari. Elle détestait ce beau-père, mais son mari en revanche lui manquait pas mal.
Quel est le dernier livre qui vous a donné la pêche ?
Le cercle des amateurs d’épluchures de patates.
Sophie Hénaff
Figure emblématique du journal Cosmopolitan, Sophie Hénaff est responsable de la rubrique humoristique « la Cosmoliste ». Elle a fait ses armes dans un café-théatre lyonnais (L’Accessoire) avant d’ouvrir avec une amie un « bar à cartes et jeux de sociétés », le Coincoinche, puis, finalement, de se lancer dans le journalisme. Poulets grillés est son premier roman.
Sophie Hénaff, pour Poulets grillés, est sélectionnée pour le Prix du Goéland Masqué 2016. Elle fait également partie des 4 finalistes pour le Prix PolarLens 2016 (Prix du Premier Roman Policier de la ville de Lens).