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Interview de Fabrice Pichon

4 Mar 2016

couvQuel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Difficile de me souvenir de mon premier livre mais je me souviens avoir lu très tôt en commençant par les Oui-Oui (mais ça reste entre nous d’accord ?) . Puis j’ai enchaîné par les Alice puis les Fantômette. C’est peut-être une des raisons qui me pousse à avoir une héroïne dans mes romans. Si par la suite mes choix furent éclectiques, j’ai dévoré la collection complète des aventures de Simon Templar et Arsène Lupin. J’avoue qu’à l’adolescence j’ai même kiffé Sulitzer (c’est bon, rentrez les fusils c’est pas non plus un gros mot et puis il y a prescription votre honneur).

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

J’ignore si un bon auteur est un grand lecteur, mais il me paraît difficilement concevable d’écrire sans avoir lu. Consciemment ou non, un auteur garde une trace de ce qu’il a lu, la structure, le style, le vocabulaire. Il se l’approprie peu à peu afin de créer son propre style, sa propre griffe. Sera-t-il bon parce qu’il lit beaucoup ? Je l’ignore, mais il sera certainement meilleur qu’en ne lisant pas.

Comment décide-t-on, un jour, d’écrire un roman ?

Le jour où vous connaissez le prix d’une psychothérapie ! La vache, c’est bien vendu mais c’est pas donné.

Avez-vous été surpris/déçu par vos premiers contacts avec un éditeur ?

J’ai d’abord évité les grandes maisons d’éditions parce que je déteste perdre mon temps, et maintenant avec du recul je me dis que j’ai bien fait. Pour mon premier roman, j’ai cherché un petit éditeur, régional avec une vraie volonté de produire et un vrai boulot éditorial. En quinze jours sa décision était prise de m’éditer. La chose surprenante c’est que nous avons travaillé énormément par mail avant de nous rencontrer physiquement (c’est peut-être mieux ainsi parce qu’il n’était pas mon genre d’homme… mais je m’égare).

Comment vous vient l’idée d’un roman ?

Chaque fois de manière différente. Le premier roman est né d’un besoin, le second d’une image, le troisième d’une conversation… Chaque fois les lignes bougent. Je suis une véritable éponge (aucun rapport avec Bob) et mon inspiration est certainement en alerte permanente.

Pas plus tard qu’hier, j’étais sur le circuit automobile de Magny-Court. Le boss des lieux m’a raconté une anecdote et mon esprit s’est mis à construire quelque chose autour de cette phrase. Je ne sais pas si cela débouchera sur un truc mais c’est un peu le mécanisme qui m’anime.

Devient-on auteur de polars pour exorciser ses envies de meurtre ?

Je ne suis pas violent par nature et l’envie de meurtre ne m’effleure pas souvent. C’est plutôt le besoin de changer de peau régulièrement, non pas que la mienne me soit désagréable, mais j’aime envisager certaines situations hypothétiques avec leurs tenants et leurs aboutissants, et les faire jouer à mes personnages. Et puis la peine encourue est nettement plus acceptable dans ces conditions

La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?

Comme vous dites ! C’est une drôle de vie, mais je ne l’échangerai pas contre tout l’or du monde. Je pourrai vous raconter les lectrices furax de la fin que j’avais commise dans un de mes livres, des moments de délires entre auteurs mais aussi des belles rencontres avec les lecteurs et lectrices, ou cette lectrice qui avait fait 400 bornes pour venir me rencontrer. Celle qui me tient à cœur n’est cependant pas drôle mais résume assez bien l’ambiance entre polardeux.

C’était mon premier salon à Besançon et au cours du dîner mon voisin qui n’était autre que Caryl Ferey, se penche vers moi et me dit « Alors toi aussi tu écris des polars ». Et moi modestement de répondre « Oh c’est mon premier, chez un petit éditeur ». Il passe son bras autour de mon épaule et me lance « Nous avons tous écris notre premier, souvent chez un petit éditeur. Ici pas de petits ou de grands nous sommes tous des auteurs de polar. »

Pouvez-vous nous parler de votre dernier roman paru fin janvier, Plusdeproblème.com ?

C’est un roman assez sombre, assez noir, mettant en scène trois vies que les circonstances vont faire se rencontrer. J’ai eu envie et besoin de changer d’univers , aussi je quitte la Franche-Comté et la Bourgogne pour une ville de province qui peut être n’importe laquelle, et avec de nouveaux personnages. Le style aussi est différent puisque la narration est à la première personne. La trame du roman est constituée de cinq séquences (numérotées de -5 à 0) où le narrateur raconte comment il en est arrivé à devenir un tueur à gage alors qu’il était un type bien et tout à fait ordinaire.

Issu de la classe moyenne, marié avec des gamins, le personnage se retrouve dans une situation inextricable financièrement. Surendettement quand tu nous tiens. Une situation qui l’amène à une alternative : se suicider ou survivre. La première option échouant, il doit passer à la seconde. C’est donc son parcours qu’il nous raconte. Un parcours où deux autres histoires vont se mêler : celle de la commissaire Marie Salvan (oui, encore une femme me direz-vous. Je ne sais pas faire autrement, mais cette fois homosexuelle pour que mon épouse ne pense pas que je traduise mes fantasmes dans mes bouquins. Non ! N’y pensez même pas j’ai lu dans votre esprit tortueux ), ainsi que celle d’un chef de réseau de proxénétisme surnommé la Baleine…. Trois histoires qui peu à peu s’entrecroisent pour n’en faire plus qu’une seule, par l’interaction de plusieurs personnages secondaires qui sont finalement primordiaux.

Et c’est quoi la suite ?

Mon éditeur souhaitait que je fasse de Marie Salvan un personnage récurrent. Aussi, nous devrions la retrouver dans une nouvelle aventure qui, cette fois, puise son essence dans un fait divers réel et dans la vie bouleversée de l’un des protagonistes (victime est le terme approprié) de ce braquage hors norme. Pour le moment le projet est en écriture et j’espère le terminer avant la fin de l’été.

Comme pour Plusdeprobleme.com, le personnage principal ne sera pas l’enquêtrice (dont le rôle reste cependant essentiel) mais la victime de ce hold-up, que j’ai vraiment envie de mettre en avant.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Je viens de terminer Concerto pour 4 mains de Paul Colize. Une partition sans fausse note comme à son habitude.

Fabrice Pichon

Fabrice Pichon

Naissance à Besançon un 31 décembre… privant sa mère d’un réveillon et faisant bénéficier son père d’une demi-part fiscale… chaque médaille à son revers.

Après des études de Droit abandonnées au profit des paillettes d’un emploi de « G. O. » dans un Club de vacances à Cannes, Fabrice Pichon se range des nuits de folie en intégrant une société d’assurances.

La plume le chatouille depuis le collège, encouragé par une prof de français qui préférait Georges Pierquin à Émile Zola.

En 2000, lauréat d’un concours organisé par le journal Le Bien Public et les quotidiens de Bourgogne avec un premier thriller diffusé sous forme de feuilleton pendant six mois. Par la suite les idées s’entassent dans un coin de l’esprit et la vie poursuit son cours.

Chacun porte en lui ses propres déchirures, et quitter sa ville et ses racines à l’âge de douze ans fut certainement une de celles qui le marqua le plus profondément. Adulte les fantômes hantent ses placards.

C’est sans doute ce qui l’amène à faire ses premiers pas dans l’univers du polar avec Vengeance sans visage, histoire de remettre quelques pendules à l’heure au travers d’une fiction en imaginant ce qui aurait pu être.

Depuis, l’écriture est devenue une véritable addiction à laquelle il s’adonne avec plaisir.

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