Quelle est la première BD que vous vous souvenez avoir lue ?

Cela devait être un album de Lucky Luke, Le Vingtième de cavalerie, sûrement… Un album génial dans lequel le talent graphique de Morris était à son meilleur niveau. Les dialogues de Goscinny y sont merveilleux. Mais je devais avoir quatre ans, je n’en ai pas saisi toute la finesse. 😉

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur de BD pour être un bon dessinateur ?

Dans le mesure où l’on apprend d’abord en observant les autres, c’est mieux ! Mais il faut élargir son champ de curiosité, ne pas le limiter à la bande dessinée.

Comment concevez-vous vos scénarios ?

Il n’y a pas de méthode. Parfois, ils me tombent dessus, parfois je les traque, en fonction d’une image que j’ai envie de dessiner, ou d’un thème qui me touche.

Vous devez votre pseudo à la musique (Led Zeppelin). Vous accompagne-t-elle lorsque vous dessinez ?

Oui, beaucoup. J’écoute des vinyles, surtout. Et aussi des émissions musicales… J’ai aussi une dizaine de guitares dans mon atelier et il se passe rarement une journée sans que je joue.

Pourriez-vous un jour écrire un livre sans dessins ?

Peut être… Si je me cassais la main. Mais je pense que ma femme m’étranglerait.

Peut-on tuer ses personnages pour une cause juste ?

Vous faites référence à cette page où Titeuf est migrant… C’était étrange de faire ça… Et assez angoissant, mais le but recherché était d’emmener le lecteur avec moi dans cette angoisse. Cela a eu un gros succès puisque la page a été partagée près de 3 millions de fois et traduite dans une dizaine de langues. Cela dit, Titeuf est toujours vivant. C’est l’avantage des personnage de fiction, on peut les ressusciter. Mais en dessinant cette page, je vivais vraiment la mort de mon personnage.

Quelle est, pour vous, l’importance du retour de vos lecteurs ?

J’aime beaucoup lire leurs réactions. Les bonnes et les mauvaises. C’est toujours génial de voir que l’on fait réagir. Je reçois des lettres magnifiques, des dessins… Par contre, je ne me base pas sur leurs retours pour écrire ou dessiner. Les réactions des lecteurs, c’est une récompense, mais ça ne doit pas devenir une boussole.

En dédicaces, quel est le dessin le plus étrange qu’on vous ait demandé ?

Récemment, un lecteur m’a demandé mon portrait, nu, avec un chien… C’était assez étrange. Bien que je me dessine souvent dans mes BD et pas toujours habillé, mais bon. En plus, il avait précisé la race du chien !

Or donc, Titeuf prend du poil aux pattes ?

On dit que les héros de bande dessinée ne vieillissent pas, mais c’est faux. Le Tintin des Picaros n’a plus l’âge de celui des Cigares des Pharaons. Les aventures font grandir, c’est bien connu. Titeuf n’échappe pas (complètement) au temps qui passe… Et si je ne m’imagine pas l’abandonner un jour, je serai bien forcé de le suivre dans cette tranquille croissance.

Quelle est la dernière BD que vous ayez lue ?

Les Équinoxes de Cyril Pedrosa. Il dessine si bien que j’ai envie de me couper les mains après chaque page.