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Interview de Romain Pujol

2 Juil 2019

La tribu réunifiée a décidé de vous éliminer, et leur sentence est irrévocable.

Denis Brognart

Quelle est la première BD que vous vous souvenez avoir lu ?

Quand j’étais petit, on se rendait souvent dans le Lot pour voir mes grands-parents. À chaque fin de repas, je m’éclipsais discrètement pour aller découvrir les BD que mon père avait laissé là-bas. Je ne me souviens pas d’un titre en particulier… Mais de quelques séries comme Gai Luron, Astérix ou même Achille Talon !

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur de BD pour être un bon dessinateur ?

Je pense qu’il faut aimer le monde de la BD avant d’envisager d’en faire son métier… Par conséquent, un bon dessinateur/scénariste aura sans doute un grand nombre de titres dans sa bibliothèque, de nombreuses références, et quelques influences. Selon moi, on se forme à travers ce qu’on lit !

Illustrer des définitions de l’Impossible Dictionnaire fut-elle une bonne expérience ? 😉

Ça remonte à tellement longtemps… J’étais si jeune et si beau…

À cette époque, je commençais à gribouiller mes premiers vrais dessins dans l’optique d’en faire mon métier. Je crois même que ce dictionnaire était ma toute première collaboration avec quelqu’un. Excellent souvenir !

Note de l’intervieweur : une petite explication s’impose pour cette question/réponse des plus private joke. Votre serviteur, en plus d’officier sur Paroles d’Auteurs, possède une drôle de marotte. Écrire un dictionnaire rigolo. L’Impossible Dictionnaire. Et ceci depuis fort longtemps. Quand la première version web fit son apparition, il fut proposé à de jeunes dessinateurs inconnus à l’époque de choisir un mot, une définition et de les illustrer. Romain fut de ceux-là, tout comme une certaine Pénélope Bagieu. Le proprio ayant un certain pif pour dénicher du talent, il vous conseille fortement de lire toutes les interviews du présent site, même et surtout celle d’auteurs qui vous sont inconnus parce que dans le lot pourraient se trouver de fabuleuses pépites.

On vous doit les dessins des neuf premiers albums des Lapins Crétins. Que retenez-vous de cette expérience ?

C’était une formation accélérée à la BD !

J’ai eu la chance de travailler avec Thitaume sur cette série déjà installée auprès d’un large public grâce aux jeux vidéos. Nous étions encadrés par un directeur artistique hyper sympa. Et en plus, on avait carte blanche pour nous amuser avec ces personnages déjantés. Le rythme de production était très intense… Je me suis donc amélioré rapidement au détriment de ma santé !

Ce fut expérience professionnelle incroyable mais aujourd’hui, je fais le focus sur des séries ou des créations à un rythme moins rude.

Depuis 2015, vous êtes passé du côté scénariste de la force. Comment s’est faite cette bascule ?

En fait, j’ai toujours fait du scénario. Quand j’ai commencé mon site internet, je scénarisais, dessinais, colorisais. Par le fruit du hasard, je me suis retrouvé à dessiner pour un scénariste. Mais ce n’était pas dans mes plans d’origine. Sur les Lapins Crétins, j’étais un peu frustré de ne pas participer davantage aux histoires… Du coup, j’ai crée Avni chez Milan (Dessiné par Vincent Caut, un ami blogueur).

J’ai également fait Balez et Malina en co-scénario avec Thitaume et dessiné par Baptiste Amsallem.

Depuis, je développe de nouveaux projets mais je n’abandonne pas le dessin pour autant.

Quel est le rôle d’un scénariste de BD ?

Un scénariste doit accepter/proposer uniquement des projets qui le font vibrer. Il doit rendre crédible un univers sans que sa présence ne se devine. On doit l’oublier, comme dans un roman.

Il représente un peu le capitaine du bateau et doit être écouté par le dessinateur. L’objectif est de suivre ensemble le même cap et de proposer une vision cohérente/collective du projet. Grâce à cette alchimie, le dessinateur peut même contribuer à enrichir l’œuvre, mais l’entente est essentielle. C’est à mon sens le meilleur moyen pour qu’une BD fonctionne.

Pourriez-vous un jour écrire un livre sans dessins ?

Bien que j’aime la langue française, pas sûr que je soye à la hauteur.

Blague à part, je suis amoureux des images. La BD est une photographie de ma pensée. Le roman laisse une part d’interprétation et d’imagination qui me pose problème.

La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?

Les plus drôles des rencontres se font en festival. Lors de la promo du tome 7 des Lapins Crétins (Crétin Style), il fallait venir nous voir en dédicace avec un déguisement crétin pour avoir des goodies… Une dame assez mure, fort charmante au demeurant et surtout complètement fan, nous a fait la surprise de dévoiler son string rose fluo en poussant des cris de Lapins Crétins. Elle a gagné des chaussettes Lapins Crétins très rapidement avant que les enfants ne perdent la vue.

Quelle est votre actualité du moment ?

Je développe toujours Avni. Le tome 6 sort en septembre. Je consacre cette année à la construction de projets : Un manga, une BD chez Delcourt… J’apparais aussi dans différents magazines.

Quelle est la dernière BD que vous ayez lu ?

Il s’agit de…Les fables avec du Poil de mon maître Tebo, le plus grand génie de tous les temps. C’est grâce à lui si j’ai eu envie de faire ce métier.

Romain Pujol

Romain Pujol

Toulousain de coeur, je suis né à Albi, le 1er janvier 1989.

Dès le plus jeune âge, je ressentais déjà l’envie de dessiner et de raconter des histoires.

Cette passion se développa très vite au travers de mon Blog « Dailyrarium » en 2007, où j’étais suivi par une petite communauté de lecteurs.

Comme mes parents redoutaient la précarité de ce métier, j’ai fait en parallèle des études en Arts Appliqués pour avoir une petite sécurité professionnelle.

J’ai d’ailleurs obtenu ma licence en 2008.

Mon Blog me permit de faire de nombreuses rencontres amicales et professionnelles dont celle de Thitaume qui, à l’époque, travaillait avec Midam sur la série Game Over.

En 2012, nous avons eu l’opportunité de passer un test pour adapter la série les Lapins Crétins en bande-dessinée. Nous avons été retenu pour notre plus grand plaisir !

J’en ai dessiné 9 tomes aux éditions « Les deux Royaumes »

En 2013, Milan m’a sollicité pour créer de nouveaux héros pour la jeunesse, mais cette fois ci au scénario !

Thitaume et moi avons continué à travailler ensemble en co-scénarisant une série prépubliée dans le magazine Wakou : Balez et Malina avec Baptiste Amsallem au dessin.

Dans un même temps, j’ai crée une troisième série prépubliée dans le magazine Toboggan : Avni, avec le dessinateur Vincent Caut, ami blogueur de longue date !

Souhaitant toujours me diversifier un maximum, je réalise occasionnellement des jeux pour divers Magazines : Le journal de Mickey, Tchô!

Et je développe en ce moment plusieurs projets dont un manga en co-scénario avec mon frère ainsi qu’avec le très talentueux Emmanuel Nhieu au dessin.

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