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Interview de Gérard Raynal

17 Oct 2015

thriller-la-troisieme-prophetieQuel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Enfant, je lisais énormément, mais je n’ai plus en mémoire mes premières lectures. Ce devait être un roman jeunesse de la collection verte. Le club des cinq sans doute.

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première nouvelle, votre premier roman ?

J’ai toujours écrit. Mais mon premier texte construit date de la sixième. J’avais très envie d’écrire une énigme dans le genre de celles qui me passionnaient (à l’époque les aventures du Prince Éric). Je m’étais attaché à rédiger ce texte, sans arriver à le finaliser, hélas ! Mon premier vrai roman a été écrit dans une sorte de panique. Agriculteur acculé aux difficultés économiques, j’avais imaginé que l’écriture saurait me tirer de ce mauvais pas. J’ai dû tout de même attendre plusieurs années et supporter bien des déboires pour pouvoir l’éditer. Son titre : l’Expiation de Jean.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

J’en suis certain. L’écriture a besoin de carburant. Bien sûr il y a la vie, les expériences, mais le vrai carburant c’est la lecture. En ce qui me concerne, c’est la lecture des œuvres de Maurice Genevoix (mon maître) qui m’a vraiment fait pénétrer dans le monde de la littérature.

Les profs de français de votre enfance ont-ils joué un rôle dans votre vocation d’auteur ?

Pas un prof de Français, mais une institutrice. Elle a joué un rôle en creux. Elle me détestait et détestait ma famille. Elle me battait quotidiennement, sauf lorsqu’il y avait rédaction. Une sorte d’état de grâce s’emparait d’elle et lui faisait lire mes textes devant les autres élèves. J’étais épargné. L’idée que l’écriture pouvait changer les choses m’a alors habité. Et en effet, confronté aux pires difficultés, j’ai eu la chance d’avoir une certaine facilité de plume. Elle m’a sauvé.

Vous avez été vigneron avant devenir écrivain. Existe-t-il des points communs entre un bon vin et un bon roman ?

Le lien existe en effet, mais pas directement. Pour moi, ce sont des univers qui se rapprochent et se complètent. C’est la notion de plaisir. La dégustation d’un bon livre peut s’apparenter à celle d’un bon vin par la lenteur, par le plaisir qui monte peu à peu, et pourquoi pas par l’ivresse.

Les romans régionaux n’ont pas toujours bonne réputation. Qu’en pensez-vous ?

Je ne confirme pas cette affirmation. Pour moi, il y a des bons et des mauvais auteurs. Car le terroir est exigeant, il demande beaucoup d’application. Bien sûr, en terme de popularité, le genre est un peu à la traîne, mais un certain public l’adore. Non, la seule chose, c’est que le terroir souffre d’un déficit médiatique. Mais la nostalgie est de plus en plus présente chez les Français. L’avenir s’éclaire.

La moustache est-elle un attribut à la mode pour un auteur ?

Hola ! Mais non ! D’ailleurs, un auteur de terroir peut-il se résigner à suivre la mode ? En réalité, j’ai essayé de la raser, mais tout le monde a cru que j’étais malade. Certains copains ont eu un comportement étrange, ils n’osaient pas me parler. Tout le monde s’interrogeait. Je l’ai laissée repousser.

Dans votre dernier roman, La Troisième Prophétie, vous abandonnez le terroir et l’histoire pour le thriller. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Un virage que je ne regrette pas, tant ce dernier roman a connu de succès. C’est mon éditeur qui m’a demandé de tenter ce genre-là. Mais si on y regarde de plus près, on remarque que même dans ce thriller, il y a un fond de terroir. Mes personnages sont des gens simples de la campagne, et l’action, du moins une bonne partie de l’action se passe dans un canton rural. L’Histoire n’est pas loin, elle non plus ! Pour le reste, j’ai collé avec les préoccupations du moment (qui sont également les miennes). Le succès de ce roman vient du fait qu’il entre en résonance avec notre actualité, même si il se déroule en 1920.

Avez-vous déjà en tête le thème de votre prochain roman ?

J’ai trois livres en cours : un terroir dont l’action se déroule dans un village de vacances sauvage (années 60 avant la loi littorale). C’est l’histoire d’un vigneron un peu guérisseur, qui, à la recherche d’un amour perdu, va plonger dans le monde inconnu pour lui, celui des vacances en bord de mer. Sa vie va s’en trouver bouleversée. Le second de mes projets (bien avancé), est un essai sur les ateliers d’écriture, dans la lignée de Écrire un livre, mon ouvrage sur l’art d’écrire. Le troisième projet, encore un essai, tente de relayer le message cathare. Il s’intitulera : Ce que les Cathares ont essayé de nous dire. Puis, viendra le temps d’une série policière de terroir avec héros récurrent.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

J’ai lu énormément de livres dans le cadre de mon ancien travail à TDO éditions (je suis en retraite depuis fin juillet). Le dernier roman que j’ai lu sans obligations est : Le signe de Rennes le Château, de Jean-Marc Savary. Une fois réglés tous les problèmes liés au changement de vie, j’ai l’intention de relire toute l’œuvre de Maurice Genevoix. Et pas mal de classiques. Musso et Lévy attendront !

Gérard Raynal

Gérard Raynal

Après l’agriculture, Gérard Raynal a travaillé chez TDO éditions, une maison d’éditions située à Pollestres dans le 66 (les dix dernières années). Il y a essentiellement occupé un poste éditorial. Il a également été amené à s’occuper de la correction, voire de la réécriture de nombreux manuscrits.

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