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Interview de Sara Raoult - Paroles d'auteurs

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Interview de Sara Raoult

30 Oct 2015

INSOMNIESQuel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Quand j’étais petite, j’ai lu tous les livres de la collection Chair de poule écrite par R.L Stine. Celui qui m’avait le plus marquée, c’était La maison des morts.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Lire développe considérablement l’imagination. Selon moi, un bon auteur peut se trouver dans un milieu qui ne privilégie pas forcément la culture. L’important, c’est de ressentir et d’avoir des choses à dire, peu importe son niveau d’éducation. C’est précisément pour cela que lire est essentiel : c’est du carburant pour l’imaginaire, c’est grâce à la lecture que l’on étoffe son vocabulaire, que l’on apprend à structurer ses phrases et que l’on découvre des styles qui nous plaisent et qu’on pourra revisiter.

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première nouvelle ?

La première nouvelle que j’ai écrite, et scénarisée par la suite, est une nouvelle d’horreur. Je l’ai écrite lorsque j’ai visité un vieil appartement à l’abandon malgré tout très beau, et en passant la porte, l’inspiration m’a littéralement sauté à la gorge. J’ai écrit l’histoire d’une femme vivant dans cet appartement avec son mari. Le lieu est hanté et elle est la cible des phénomènes paranormaux et angoissants qui s’y produisent. J’aime beaucoup l’idée que le lecteur finisse la nouvelle sans savoir s’il s’agit réellement d’une histoire de fantômes ou si le personnage est tout simplement victime d’hallucinations. Je joue là-dessus à chacun de mes écrits.

Pourquoi écrivez-vous ?

Si je ne le fais pas et que je garde tout en moi, je suis malade. J’ai tellement d’histoires à raconter, tellement de choses qui germent tous les jours dans mon imaginaire que j’ai besoin de leur donner vie. J’ai envie d’emmener les lecteurs dans mon univers, aussi étrange soit-il, et surtout, je veux donner le goût de lire à tout le monde, même si c’est plutôt utopique… Écrire est un défouloir, mais un beau défouloir. À quoi cela sert-il d’avoir appris à écrire si ce n’est pas pour raconter des histoires, créer des émotions, choquer et faire réagir les gens ? À travers mon écriture, on me découvre différente, crue et cruelle, mais pourtant très réaliste. Tous les sujets que je traite me tiennent à cœur et j’aime les décortiquer, les étudier et les présenter sous toutes leurs formes.

Vous avez opté pour l’auto-édition. Est-ce un choix ?

J’aime faire les choses moi-même. C’est ce que je voulais pour mon premier livre. J’ai tout fait toute seule : la mise en page, j’ai demandé mon ISBN, le code barre, et j’ai conçu la couverture. Rien de bien compliqué, mais cela me tenait à cœur. C’était important pour moi de mener mon premier projet à terme seule, et comme j’ai peu de patience, le timing dépendait de moi et la mise en place a donc été très rapide. L’auto-édition est une liberté et une démarche qui fait grandir. Pour mes prochains ouvrages, je ferai appel à des maisons d’éditions, mais l’auto-édition m’a aidée à me lancer.

Est-ce que l’insomnie aide à écrire ?

Ça, c’est indéniable. Je peux écrire n’importe quand mais je n’écris bien que la nuit. À ce moment, tout change d’aspect. L’atmosphère et les sons sont différents. C’est vraiment ce qui me plaît et ce qui m’inspire le plus. C’est étrange, mais j’aime bien savoir qu’autour de moi la ville dort et que rien ne pourra venir me perturber dans ma création.

Quel est, selon vous, le secret d’une bonne nouvelle ?

Sans hésitation, c’est la chute. Une nouvelle peut être d’un banal affligeant, mais si la chute est traumatisante, ce sera une excellente nouvelle. Dans cette forme d’écriture, on n’a que très peu de temps pour séduire. Le rythme doit être rapide, le décor doit être planté rapidement et l’action doit démarrer dès la première page. Je ne fais jamais d’introduction, mes histoires débutent tout de suite, ce qui permet au lecteur d’entrer dans l’univers du récit dès qu’il ouvre mon livre, que ce soit une nouvelle ou un roman. Dans une nouvelle, selon moi, il est important de ne traiter qu’un seul sujet. Je le répète : le nombre de pages étant limité, il ne faut pas prendre de pincettes, et « jeter » le lecteur au cœur de l’histoire dès le départ. En ce qui concerne la chute, celle-ci doit être inattendue, efficace et la plus choquante possible. Si après avoir terminé votre nouvelle, le lecteur reste bouche bée et mal à l’aise, c’est gagné. S’il en fait des cauchemars par la suite, c’est jackpot.

Pouvez-vous nous parler de votre recueil de nouvelles ?

Insomnies traite de sujets importants pour moi avec un fil commun : l’enfance. La première histoire est celle d’Éric, douze ans, un enfant discret et gentil qui est la cible de ses camarades de classe. Il subit violences et humiliations tous les jours et se renferme petit à petit. Souhaitant préserver sa mère un peu fragile, il décide de lui cacher la vérité. Lentement, Éric va sombrer dans la démence. C’est une nouvelle très triste sur la violence à l’école souvent reniée par les adultes et classée dans la catégorie chamailleries alors qu’elle peut aller très loin.

La seconde histoire est beaucoup plus sombre. Il s’agit de l’histoire de Carl, dix ans, dont la sœur aînée vient de disparaître. Carl se heurte alors à sa mère qui perd la raison de jour en jour et à son père qui se terre dans le silence. Seul, il devra affronter les effrayantes apparitions de sa sœur qu’il est le seul à voir. Dans ce recueil, j’ai choisi de parler des traumatismes qui peuvent se produire durant l’enfance et qui, malheureusement, laissent des séquelles à vie.

Et c’est quoi la suite ?

Pour le moment, je viens de terminer un roman jeunesse écrit en un mois qui partira au concours organisé par la maison Gallimard. Je travaille également sur un roman dont l’histoire se déroule dans un asile que je proposerai à différentes maisons d’éditions.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

C’était un manga. Le dernier tome de la saga Magical girl of the end, un manga gore sur une invasion de Magical Girls tueuses qui m’amuse beaucoup et qui est très bien fait.

Sara Raoult

Sara Raoult

Sara Raoult est née à Caen en 1993. Elle possède une formation de scénariste. Elle vit et travaille actuellement à Paris.

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