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Interview de Jacques Mercier

4 Oct 2015

couve mortes maisonsQuel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

En dehors de la Bande Dessinée (Tintin, Bécassine…), le premier livre en prose est, je pense, Le Petit Prince de Saint-Exupéry. Mais il y avait les illustrations de l’auteur, qui m’ont sans doute attiré.

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre premier livre ?

J’étais encore aux études et j’avais écrit une nouvelle assez sentimentale, intitulée Le reflet de lune sur tes cheveux, inspiré assez directement d’un roman de François Nourissier Bleu comme la nuit. Une rencontre de deux amoureux le long d’une plage la nuit… A partir de là, j’ai pensé à l’élargir à un roman. Ce fut finalement mon premier roman qui sera publié bien plus tard sous le titre de Parfois. Les premiers mots sont « Parfois une présence nouvelle… ». Ce premier roman a été accepté à Paris chez Calmann-Lévy, mais on m’a demandé d’en doubler le nombre de pages et je n’y suis pas arrivé à 17 ans… J’ai refait ce roman sept fois (avec des conseils judicieux de Françoise Mallet-Joris et de Marcel Jullian, qui m’avaient pris sous leurs ailes !) jusqu’à la publication à 35 ans (depuis lors j’en ai écrit 1 1/2 par an !).

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Oui ! C’est d’ailleurs un des nombreux bons conseils que l’ont m’ait donné à mes débuts. Lire même ce qu’à première vue on n’aime pas : lire tout. Cela donne une vue d’ensemble de ce qui s’écrit (et donc on ne refait pas la même chose), lire pour voir les mots, en découvrir de nouveaux, les mettre dans le contexte, lire car on fait partie de cette grande communauté du livre !

Pour un animateur TV à la retraite, vous avez une bibliographie impressionnante et très variée. Quel genre n’avez-vous pas abordé qui pourrait vous faire de l’œil ?

Il restait jusque il y a quelques mois un secteur que je n’avais pas abordé, le scénario de bande dessinée. Un éditeur (Sandawé) a fait appel à moi pour une série BD qui a pour thème le « chocolat », puisque j’ai écrit quelques ouvrages de référence sur le chocolat belge. Cette série intitulée Xocoatl, du nom aztèque du chocolat, est en cours de réalisation, avec un co-scénariste Bosse et un dessinateur espagnol Alberto Foche…

Après avoir présenté Le jeu du dictionnaire sur la RTBF, vous avez écrit quelques dictionnaires. Une passion pour l’objet ?

J’adore l’objet « dictionnaire », j’adore même le concept et le retrouver en numérique sur le Net ou sur ma tablette. C’est pour moi, dès mon plus jeune âge, une source inépuisable. Cela satisfait ma curiosité et mon envie de bien écrire, avec les mots justes. Donc les dictionnaires d’analogies et de synonymes me plaisent et m’attirent tout autant. J’aime voir le cheminement des mots aussi, l’origine des expressions, pourquoi tel ou tel mot disparaît…

Quels sont, selon vous, les auteurs belges du moment à suivre absolument ?

Dans la littérature belge (mais peut-on classifier ainsi ? Plus de frontières, mais seulement une sorte de culture commune aux Belges…), j’épingle en premier lieu Amélie Nothomb, qui ne m’a jamais déçu d’année en année. Elle vient d’être élue à notre Académie ! Ensuite, j’aime beaucoup Edgar Kosma (son dernier ouvrage Comment le chat de mon ex est devenu mon ex-chat (éditions OnLit) est un monument très « belge », qui se passe à Bruxelles, allie humour, réflexion, poésie, énigme… avec un style unique et qui commence à être reconnu !). Deux parmi d’autres…

La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?

Quand on écrit, on s’immerge complètement dans l’histoire, on vit dans la peau de ses personnages, on les pense consciemment ou pas, mais tout le temps, même lors d’autres activités… Ainsi lors de la rédaction de Maître Gustave (ma meilleure vente), au cours des neuf mois habituels nécessaires pour mon écriture, j’étais à Cannes et je marchais sur la Croisette. Je pensais à ce que j’écrivais dans ma chambre d’hôtel. Dans la soirée, quand ma femme est rentrée du travail qu’elle y effectuait au Midem, elle m’a expliqué qu’une de nos connaissance m’avait rencontrée lors de cette promenade, que je ne l’avais pas reconnu, tout entier dans ma préoccupation et qu’il s’inquiétait car je murmurais « Je vais le tuer ou pas ? ». Elle l’a rassuré en parlant du roman. Je me demandais si Maître Gustave devait mourir à la fin du livre !!!

Quelle est votre actualité littéraire ?

Un recueil de nouvelles, Mortes Maisons, sorti une première fois en 1999 (et épuisé) sort à nouveau chez Ikor éditions. Comme pour Une diva amoureuse paru l’an dernier chez Ikor, il sera sans doute traduit en espagnol et distribué en Amérique. Je termine aussi un livre à quatre mains avec ma fille Sophie Mercier, conseillère conjugale, intitulé Toute une vie d’amour et qui sera une sorte de petit manuel du couple. Je raconte dix moments clés de la vie d’un couple, du coup de foudre à la séparation, et ma fille commente à chaque fois l’attitude des personnages, donne des conseils.

Avez-vous déjà en tête le thème de votre prochain livre ?

Il s’agira sans doute de mes mémoires, que je voudrais aborder de plusieurs façons, puisque j’ai eu la chance de vivre un certain nombre d’activités différentes. Je pense écrire cela thème par thème, même si tout se mêle : par exemple la langue française (du premier dictionnaire à la télé avec Philippe Geluck), l’audiovisuel (son évolution depuis la télé noir et blanc interdite chez moi jusqu’aux tablettes), la religion, la société, l’amour, le sexe, etc. Ou bien des chapitres ou peut-être si j’ai assez d’inspiration des volumes différents…

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Un policier, ce qui est rare pour moi : Tiré à quatre épingles de Pascal Marmet. On a vraiment envie de connaître la clé de l’énigme ! Les personnages sont pittoresques à souhait, le style parfait, on a même droit à quelques mots que je ne connaissais pas ! (Oriel, banche, thérémine)… un vrai polar. Mais c’était pour les vacances ! A présent, je me lance dans des essais sur la vie après la mort…

Jacques Mercier

Jacques Mercier

Né à Mouscron, le 17 octobre 1943, Jacques Mercier a suivi des cours de journalisme à l’IHECS. Sa première interview est celle de Jacques Brel, alors qu’il n’a que 14 ans ! Il ne quittera plus jamais la presse écrite (aujourd’hui encore une rubrique autour des mots dans Plus Magazine et Lire est un Plaisir).

Dans l’édition, il écrira près de cinquante livres. Des romans (Une diva amoureuse – Ikor Editions), des essais sur la langue (Le français tel qu’on le parle en Belgique), sur le patrimoine (Pralines et chocolat – Édition Luc Pire), l’eau, le diamant, les grands chefs…, des nouvelles et des poèmes (Proche des larmes et L’envers du Monde – Édition Les déjeuners sur l’herbe). Ses derniers ouvrages (L’Année 13, Édition BeBooks, et Son parfum, Édition OnLit) sont aussi en format numérique.

Certains de ses livres (Uel Adios en tres actos) sont traduits en espagnol et en anglais sur le continent américain.

C’est la poésie qui le fait monter sur scène en compagnie de l’artiste arménienne Nara Noïan pour Mon jardin secret. Sur scène, il proposera aussi Mercier : Go Home, des souvenirs en auto-dérision, six semaines de triomphe à la Toison d’or. Dès fin septembre 2013 et pour plus d’un an, il propose : La Boîte de Jazz, avec entre autres son fils Stéphane, sax de jazz, soit 100 ans en multimédia de l’histoire du jazz réalisé dans un club reconstitué pour quinze jours dans plus de vingt villes belges.

Par ailleurs, entré à la RTBF à 20 ans, il y fera toute sa carrière. Retenons, en radio, Dimanche Musique, le Jeu des Dictionnaires et La semaine infernale. En télévision, épinglons Forts en Tête, mais aussi dès mars 2009 : Monsieur Dictionnaire, un micro-programme quotidien en duo avec Philippe Geluck, émission qui poursuit sa carrière, en particulier sur TV5 Monde. (Les 500 expressions de Monsieur Dictionnaire – Édition Racine).

Signalons encore qu’il fit partie du Conseil supérieur de la langue française et du Conseil d’Administration de la Maison de la Poésie-Arthur Haulot. Un prix « Jacques Mercier » est décerné depuis une douzaine d’années à l’ICHEC pour la rédaction dans la plus belle langue d’un mémoire de fin d’études.

Photo : (c) Philippe Simon.

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