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Interview de Cécile Pellault

8 Mar 2019

Et il se demanda où dans ce tout petit monde, ce monde étroit, il devait commencer à chercher.

David Lodge

Un tout petit monde

Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Le tout premier, cela me semble bien impossible de m’en souvenir de si bon matin ou même plus tard dans ma journée ! Par contre, ma première série qui m’a marquée, celle de Fantômette. Pour moi, c’est elle, l’expression du Girl Power, les Spice Girl lui ont tout piqué et rien inventé !

Des auteurs vous ont-ils donné l’envie d’écrire ?

J’ai des auteurs qui m’ont donné envie de lire et ils sont aussi divers que variés si je fais une nouvelle fois appel à mes souvenirs : King, Zola, Rice, Edward Bunker, James Ellroy, David Lodge, Alex Haley, John Irving, Billie Letts… Mais ils ne m’ont pas donné envie d’écrire, ce qui m’a poussé à le faire, c’est cette petite musique dans ma tête, ces personnages qui ont envie de voir la lumière du jour !

Vous avez sorti trois romans à ce jour avec comme point commun la famille. Que pense votre famille de votre activité littéraire ?

À part qu’ils pourraient être inquiets par ma dernière phrase sur la petite musique dans ma tête ?! Ils sont d’un soutien sans faille surtout mon mari pour qui ce n’est pas toujours simple de vivre avec l’auteure que je suis, soit pétrie de doutes, soit inattentive à ce qui l’entoure.

Certes la famille est au centre de mon écriture mais je rassure tout le monde ou pas, ce n’est pas de l’autofiction. Tout le monde va plutôt bien !

Comme les biographes qui se penchent sur les origines des grands personnages de l’histoire ou les pires criminels, je trouve passionnant les fils et les nœuds de nos histoires familiales. Donc ils suivent mes histoires avec rire, pleurs ou peurs au gré des aventures de mes personnages mais sans avoir l’impression heureusement de lire les leurs. Je ne m’inspire que de sentiments vécus, des époques traversées ou des lieux où j’ai séjourné.

Mes personnages ne sont pas des clones de ma famille ou de mes amis, et heureusement pour moi comme pour eux !

En 2016, vous avez reçu un prix pour Le Brouillard d’une vie. Au-delà de la satisfaction, qu’apporte une telle récompense ?

Une validation, un encouragement, un baume au cœur. L’écriture est un exercice solitaire. Toutes reconnaissances qui font de vos romans un roman particulier vous aide à continuer mais les petits mots des lecteurs ont le même effet. À la différence de ces derniers, les prix vous ouvrent les portes de salons, de dédicaces, d’interviews, vous offrent une certaine visibilité.

Vous écrivez également des nouvelles. Le plaisir d’écrire plus court est-il le même ?

J’adore l’exercice des nouvelles. J’ai une prédilection pour les courtes voire les très, très courtes. Exprimer en peu de mots et parfois dans un genre dans lequel on ne s’est jamais essayé est assez jubilatoire pour moi. Je suis venue à la poésie et au thriller grâce aux concours de nouvelles. Mon dernier roman paru, Le Brouillard d’une vie,  est d’ailleurs né d’une nouvelle de 400 mots Ma Chérie, ma douce sur la peur d’un prédateur que l’on pressent. Un genre que j’avais peu exploré jusqu’alors !

Je trouve qu’on affûte sa plume avec les nouvelles et j’ai, depuis, tendance à écrire mes chapitres comme autant des nouvelles.

La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?

En salon, quand il y a foule devant les auteurs plus connus et reconnus, nous semblons un peu esseulés à nos tables. Certains visiteurs se donnent alors pour mission de nous divertir et combler le vide de ces moments-là. J’ai eu ainsi droit, par exemple, au résumé complet et exhaustif de la biographie de Benjamin Franklin d’un visiteur ou un autre venu partager son sandwich sur la chaise libre en face de moi. C’est extrêmement délicat de leur part mais pas complètement nécessaire !

Quelles sont vos habitudes d’écriture ?

Les lieux varient selon les romans à mon bureau, dans le salon, dans un lieu public mais une constance en musique. Le genre musical change aussi en fonction de l’époque et de l’ambiance du manuscrit comme la bande son d’un film. Quant à la fréquence, cela dépend des objectifs que je me suis fixés, d’une possible date butoir. Depuis quinze ans et mon premier roman, je n’ai cependant jamais arrêté d’écrire quelque soit la forme de ces écrits.

Vous avez créé avec d’autres auteurs La ligue du chapitre 22. Pouvez-vous nous la présenter ?

Au crépuscule d’un Improbable Salon à Luchon, 5 auteures de Polar, et un peu plus et sous toutes leurs formes ; Sacha Erbel, Yamina Mazzouz, Delphine Montariol, Kate Wagner et moi-même ont décidé qu’il serait dommage de se quitter comme ça, surtout qu’à plusieurs on est plus forts et plus funs. Ainsi est né la ligue du Chapitre 22. Nous nous retrouvons depuis autour de défis en 22 mots, de concours et on l’espère des rencontres communes.

Ou comment une plaisanterie lors d’un salon et un joyeux dîner à sa suite ont débouché sur une chouette aventure qui fêtera ses un an en juillet !

Quelle est votre actualité littéraire ?

Je viens de signer un nouveau contrat d’édition avec les Éditions du Loir. Mon prochain roman Les Voix meurtries sortira le 6 juin. Je suis repartie sur les routes américaines pour un nouveau thriller où nous suivons le destin contrarié d’une voix qui ne veut plus chanter, d’un père qui a peur de ne pas en être un, d’un enfant confronté à la cruauté et à l’inconstance du monde des adultes, et, celui de tout leur entourage qui va leur tendre la main comme leur enfoncer la tête dans un océan de douleur.

Et quelques projets à finaliser ; une réédition de mon premier roman Serial Belle Fille est dans les tuyaux ! Et pour mes deux autres ouvrages dont j’ai récupéré les droits, j’ambitionne de leur trouver un nouveau foyer accueillant.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Missing New York de Don Winslow : la disparition d’une enfant, un flic qui ne peut pas lâcher l’affaire. Un policier assez classique mais super efficace dans le fond comme dans la forme ! Addictif !

Cécile Pellault

Cécile Pellault

Auteure Seine et Marnaise, Cécile Pellault, 45 ans, a signé en 2016 son troisième roman aux Editions Le Manuscrit, Le Brouillard d’une vie, un thriller familial, un roman d’une facture totalement différente de Serial Belle Fille en 2005 et On ne choisit pas sa famille en 2007 qui exploraient le ressort comique et satirique des relations familiales. Le prix du rendez-vous littéraire lui a été décerné pour ce premier roman noir lors du salon 2016 de Moret sur Loing.

Elle est également auteure de nouvelles, dont Désespoir Fraternel publié aux Editions Souffle court, et de poésies, dont Le Secret des curieuses par le Musée du Luxembourg pour une exposition sur le peintre Fragonard et Le Grésillement de la radio publié dans le numéro 12 de La Revue méninge.

Son prochain thriller Les Voix meurtries sortira en juin 2019 aux Editions du Loir.

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