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Interview de Peter May

18 Sep 2015

Interview traduite en français par Sylvain Johnson.

81Pp0VMoq0L._SL1500_Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Je ne me souviens pas du premier livre que j’ai lu, mais je me rappelle d’un bouquin lu alors que j’avais sept ou huit ans, et dont l’action se déroulait en Finlande durant l’invasion russe de 1940. On y retrouvait un groupe de jeunes gens formant la résistance contre l’envahisseur, un livre qui m’avait grandement impressionné. Mais j’ai bien peur de ne pas me souvenir du titre.

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première histoire ?

J’avais quatre ans lorsque j’ai écrit ma toute première histoire. Mes parents m’avaient appris à lire et écrire bien avant que je commence l’école et la première chose que j’ai faite, fut d’écrire une histoire. Je me souviens d’être couché sur le plancher de la salle à manger en l’écrivant. J’ai colorié la couverture et cousu les pages ensemble. Cela s’intitulait Ian l’Elf et j’ai toujours en ma possession le manuscrit original. Il n’y a pas si longtemps, je l’ai scanné et monté en un court diaporama que j’ai mis en ligne sur YouTube pour que les gens puissent le lire.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Je crois que cela aide vraiment d’avoir beaucoup lu, en particulier le travail littéraire de bons auteurs. Mais ces temps-ci je lis très peu – sinon pour mes recherches – de peur que cela puisse influencer mon propre travail.

Vous avez été scénariste pour la télévision écossaise et aujourd’hui vous vous consacrez exclusivement à l’écriture de romans. Quelles sont les différences d’écriture entre ces deux activités ?

Il y a une grosse différence. En tant que scénariste, vous faites partie d’une équipe, qui crée et réalise un drame audiovisuel. L’équipe comprend plusieurs autres créateurs, du directeur aux stylistes en passant par les acteurs.

Écrire un roman est un travail solitaire, et vous êtes le seul responsable de votre vision. Cependant, travailler en tant que scénariste m’a appris à être très structuré et cela me sert dans mon approche de l’écriture des romans. J’ai aussi appris à écrire de bons dialogues, ce qui aide beaucoup en tant qu’écrivain.

Vous êtes un écrivain écossais habitant en France et ayant beaucoup écrit sur la Chine. Un auteur doit-il être un grand voyageur ?

Je ne crois pas qu’un écrivain doit voyager. Il (ou elle) doit simplement être observateur – pour voir et comprendre les choses qui l’entourent, et pour avoir un aperçu de la condition humaine. On dit que les voyages élargissent l’esprit et j’en suis convaincu, mais la vie d’un seul, petit village est en soi un microcosme du monde en général, et il n’est pas nécessaire de dépasser les limites du village sur lequel vous allez écrire.

Comment concevez-vous vos recherches avant l’écriture d’un roman ?

Je recherche et développe mon histoire durant trois à quatre mois. Ensuite, je visite les endroits sur lesquels j’ai l’intention d’écrire, avant d’établir un plan très détaillé de l’histoire. Quand je commence le travail d’écriture d’un livre, je suis très discipliné. Je me lève tous les jours à six heures du matin et j’écris trois mille mots par jour. En général, je finalise le roman au bout de sept semaines.

Vous prétendez prévoir l’avenir dans vos romans. Pouvez-vous nous en dire plus ?

Ce n’est pas que je prédis le futur. C’est simplement que durant ma carrière d’écrivain plusieurs des éléments de fictions que j’ai créés ont vu le jour dans la vraie vie et quelques-unes de ces événements ont été brutaux et désagréables. Ce n’est pas quelque chose que je suis capable d’expliquer ni que je veux creuser en profondeur.

À quel moment savez-vous que l’histoire que vous racontez est une bonne histoire ?

Quand j’écris un synopsis, je sais que le livre sera bon. Mais ce n’est pas avant que je sois en pleine écriture du livre en question que j’aurai le sentiment qu’il sera très bon.

Pouvez-vous nous parler de votre dernier roman, Les Fugueurs de Glasgow, un polar très rock’n roll ?

L’histoire du livre est basée sur un incident datant de l’époque où j’étais un adolescent. Tout comme Jack, le personnage principal du livre, je jouais de la musique dans un groupe. Renvoyé de l’école, je me suis enfui de Glasgow pour aller à Londres afin d’y « chercher célébrité et fortune ». Je n’ai trouvé aucun des deux, bien entendu, et je me suis retrouvé à dormir dans les rues. Dans le livre, Jack et les membres de son groupe s’enfuient pour Londres, mais quelque chose de terrible va arriver et modifiera le reste de leurs vies. Ils retourneront chez eux après deux mois, et pour les cinquante années suivantes garderont le secret sur ce qui leur est arrivé. Un demi-siècle plus tard, un meurtre survient à Londres et les garçons — maintenant des vieillards — réalisent qu’ils doivent y retourner pour réparer les choses. L’action du livre se déroule entre 1965 (l’ère du « Swinging London ») et 2015.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Le dernier livre que j’ai lu a été écrit par un ami auteur, David Mark, qui m’a demandé de commenter son bouquin pour la couverture. Le livre ne sera publié qu’en janvier prochain et je ne peux pas révéler son sujet. Je peux juste vous dire qu’il s’agit d’un intense mystère au sujet d’un meurtre.

Peter May

Peter May

Passionné par la Chine, membre honoraire de l’Association des Auteurs chinois de romans policiers, Peter May a d’abord été journaliste avant de devenir l’un des plus brillants et prolifiques scénaristes de la télévision écossaise – signant plus de 1000 génériques en 15 ans.

À 30 ans, il était déjà l’auteur de deux séries TV majeures créées pour la BBC, et d’une autre pour ITV, Tke the high road qui fut diffusée dans le monde entier. Dans les années 90, il produit et tourne, aux îles Hébrides, une grande série en langue gaëlique, Machair, nominée au Festival du Film celtique.

Il y a quelques années, Peter May a décidé de quitter le monde de la télévision pour se consacrer à l’écriture de ses romans.

Pour en savoir plus sur Peter May : www.petermay.fr

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