Interview de Christian Laborde
Quel est le premier livre que vous ayez lu ?
Il s’agit d’un ouvrage illustré de la collection « Rouge et Or ». Son titre : Les Trois cavaliers d’Iraty. Son auteur : Michèle Arnéguy. Une histoire de chevaux, de voleurs de chevaux, trois gamins, avec comme décor, le Pays Basque…
Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre premier roman ?
J’ai écrit mon premier livre comme j’écrirai mon prochain livre : en laissant faire les mots. « Après toi, mon beau langage ! » disait André Breton. Je m’abandonne aux mots, je galope à leurs côtés….L’écrivain ne gouverne pas les mots, il est gouverné par eux.
On vous connaît pour avoir subi la dernière censure littéraire en France. Pouvez-vous nous raconter l’affaire et nous dire comment vous l’avez vécue ?
Je me souviens de cette histoire, c’était en 1987, c’est-à-dire au siècle dernier. Un roman, le mien, L’Os de Dionysos, un roman aimé d’André Pieyre de Mandiargues et de Claude Nougaro, traîné devant les tribunaux, et condamné par eux pour « pornographie, lubricité, incitation au désordre et la moquerie, abus de mots baroques et trouble illicite… » Je me souviens, en effet, avoir été admis, en 1987, en …Q.H.S. : Quartier de Haute Syntaxe.
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
L’important c’est de ne point passer à côté de sa fête intime, et la lecture des auteurs qui se battent, eux aussi, avec le langage, est une bonne façon de ne pas la perdre de vue.
Avez-vous approché d’autres auteurs pour leur demander des conseils ?
Je ne demande de conseils à personne, je ne donne de conseils à personne. Je plonge dans la piscine des mots : splaoutch !
Quelles sont vos habitudes d’écriture ?
J’écris le matin. C’est Valéry qui parle des « petits matins glacés de l’intelligence ». Les mots jaillissent le matin, dans le silence et l’obscurité de la maison. Puis, j’ai toute l’après-midi pour supprimer, remettre, ou simplement déplacer une virgule. Ou pour dessiner un paragraphe. Il faut travailler jusqu’à ce le texte sonne, jusqu’à ce que sa légèreté le fasse régner.
Pensez-vous que la musique est plus importante que l’intrigue dans l’écriture d’un roman ?
La musique est ma seule boussole. Un roman, j’en conviens, ce n’est pas que de la musique. Mais un roman sans musique n’est pas un roman : c’est Wikipédia !
Êtes-vous Charlie ?
A votre avis ?
Quelle est votre actualité littéraire ?
La sortie en librairie de mon nouveau recueil de nouvelles : Madame Richardson.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Je suis en train de relire Le Taureau de Phalaris, le dictionnaire philosophique de Gabriel Matzneff. Je l’avais lu en 1987, et je le relis aujourd’hui dans son édition de poche.
Christian Laborde
Né en 1955, Christian Laborde a été chroniqueur au mensuel Paroles et Musique, dans les années quatre-vingt.
Il est l’auteur de nombreux romans et ouvrages divers, notamment de Flammes (Fayard, 1999), Le Petit livre jaune (Mazarine, 2000), Gargantaur (Fayard, 2001), Collector (Bartillat, 2002), L’Homme aux semelles de swing (Fayard, 2004), La Voix royale (Fayard, 2004), Nougaro (Fayard, 2004), Fenêtre sur tour (Bartillat, 2004), Mon seul chanteur de blues (La Martinière, 2005) et le Dictionnaire amoureux du Tour (Plon, 2007).
Pour en savoir plus sur Christian Laborde : www.christianlaborde.com