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Interview de Sophie Jomain

2 Juin 2015

CouvDuncommunaccordSophieJomainQuel est le premier livre qui vous a mordu au sang ?

Sans contexte, Le parfum de Patrick Süskind. Je ne me souviens pas avoir autant vécu une fiction. C’était comme si j’entendais, voyais, touchais et sentais chaque chose. Je me souviens avoir eu le cœur battant, l’estomac noué. C’est un livre qui m’a profondément marquée.

Dans quelle circonstance avez-vous écrit votre premier roman ?

Pour moi, l’expérience de l’écriture est venue très tardivement. C’était après un voyage en Italie. Alors qu’il avait plu pendant plusieurs jours sur mon lieu de vacances, je m’étais retrouvée à lire une romance fantastique. J’ai tellement aimé le concept, que je me suis dit que ça me plairait bien d’essayer d’écrire une histoire à mon tour, d’autant que dans ce genre-là, les auteurs français se faisaient rares chez les éditeurs. C’est ainsi qu’est né le premier tome des Étoiles de Noss Head.

Quelles sont vos habitudes d’écriture ?

J’ai besoin d’avoir une bouteille d’eau à portée de main, et je mâchonne perpétuellement un cure-dent. C’est une petite manie. Mon bureau doit être un minimum rangé. S’il y en a partout, ça me déconcentre. Je suis forcément face à une fenêtre, ou face aux gens si je me trouve dans un lieu public. Tout simplement parce que mon environnement m’inspire. C’est un peu le moteur de l’écriture, me concernant. Quant à mon rythme d’écriture, il est variable. Je peux travailler le jour, la nuit, selon l’urgence, l’envie et l’inspiration.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Je pense que pour être un bon auteur, il faut être sincère, inspiré, patient et follement passionné par ce qu’on fait. Le reste n’est souvent qu’une question de rencontres, de hasard, de chance aussi. Bon nombre d’auteurs n’ont pas le temps de lire, bien qu’ils aiment ça. Oh, ils ont certainement lu un jour, ce qui les a aidés à mettre en place leurs idées, à construire leurs phrases, trouver leur style, ils ont été influencés par tel ou tel livre, charmés par tel ou tel auteur, mais je crois que l’imagination est le propre de tous. Du reste, on peut être un excellent lecteur, avoir un discernement pointu sur ce qu’on lit, et posséder un très mauvais sens critique concernant son propre travail. Alors, je pense qu’on est un bon auteur quand on a réussi à toucher ne serait-ce qu’une poignée de lecteurs. Ceux qui nous encourageront à continuer, et à progresser.

L’écriture est-elle l’archéologie de l’âme ?

D’une certaine façon, oui. Dans chaque écrit, il ressort des émotions qu’on avait oubliées, cachées, ou maquillées. C’est incroyable comme un personnage de fiction qu’on a créé peut faire ressurgir qui nous sommes vraiment, ou qui nous pourrions être. Par exemple, avec Felicity Atcock, je me suis découverte beaucoup plus caustique que je ne le pensais. Sans doute l’avais-je toujours été, et l’écriture m’a rappelée à l’ordre.

Un voyage peut-il inspirer une histoire ?

Totalement oui. C’est le cas de mon séjour dans les Highlands, et qui, des années plus tard, a donné naissance aux Étoiles de Noss Head. J’étais encore empreinte des paysages, des senteurs, des gens, si bien que je n’envisageais pas de voir mon histoire se dérouler ailleurs. Je suis longtemps restée sous l’influence de l’Écosse et il fallait que je puisse décrire d’une manière ou d’une autre ce que j’avais ressenti. Oui, le Caithness m’a inspirée.

Quelles sont vos relations avec vos lecteurs ?

Contre toute attente, il existe une véritable relation, un suivi concret. Je réponds à chaque mail, chaque message, et j’aime savoir comment va le lecteur, son ressenti pour telle ou telle histoire que j’ai écrite. Je prends un réel plaisir à le rencontrer, à discuter avec lui, et, par chance, c’est souvent partagé. Ce n’est pas quelque chose que j’aurais cru possible. J’imaginais qu’on devait conserver une image, donner l’impression d’être quelqu’un d’autre, un personnage maîtrisé. Mais le lecteur attend tout sauf un show, du fictif, et c’est rassurant. On peut être soi-même. J’ai des lecteurs formidables. Je leur dois beaucoup.

La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?

Je ne sais pas si c’est vraiment amusant, mais quelque chose m’a profondément marquée. J’étais en dédicace dans le Beaujolais, et un lecteur m’approche avec un énorme bouquet de fleurs et des macarons. Déjà, j’étais extrêmement touchée. Mais lorsqu’il a soulevé sa chemise devant moi et qu’il m’a montré son tatouage, un énorme loup en l’hommage des Étoiles de Noss Head, j’ai bien cru me mettre à pleurer tant j’étais émue. L’année suivante, il avait fait tatouer mon nom et mon prénom sur son épaule, et cette fois, j’ai crié : Oh, merde !

Quelle est votre actualité littéraire ?

En janvier de cette année est sorti D’un commun accord, aux Éditions J’ai lu. Une romance contemporaine. Et là, je suis en train d’écrire Felicity Atcock 5, Les anges battent la campagne, qui sortira aux Éditions Rebelle et en avant-première au salon les Halliennales, dans le nord, le 10 octobre prochain !

Quel est le dernier livre qui vous a saigné à blanc ?

Forbidden de Tabitha Suzuma. Je ne dirai pas pourquoi. Le lecteur qui le lira comprendra.

Sophie Jomain

Sophie Jomain

Sophie tient à peine sur ses pieds quand elle apprend qu’être bavard n’est pas le privilège des grands. Elle utilise les mots et récite des poésies toutes aussi insolites les unes que les autres, sans toujours en comprendre le sens, mais ça fait son petit effet. C’est sûrement à ce moment-là qu’elle est atteinte du virus de l’expression, d’abord au micro dans le brouhaha d’un piano-bar (le jazz, son premier grand coup de cœur), et longtemps après, avec quelques cinq cents pages d’un livre bien épais.

Plus tard, ses parents la promènent partout à un rythme effréné, si bien que, prise d’une crise de déplacement aiguë, elle se retrouve en Angleterre à l’âge de 18 ans, où sans se défendre plus que ça, elle se laisse séduire par l’Union Jack. Depuis, c’est une histoire d’amour qui dure, mais chacun chez soi, et les vaches seront bien gardées.

Entre temps, c’est le syndrome de la truelle qui la kidnappe purement et simplement pour quelques belles années d’une idylle passionnée. Entre pinceaux, outils de dentiste, brouettes de terre et plusieurs belles découvertes, Sophie tombe tout droit dans l’archéologie et l’héritage gaulois. Elle n’en sort vraiment que lorsque le fameux virus de l’expression ne décide de reprendre ses droits. Et vous connaissez la suite… Elle devient en très peu de temps boulimique de l’écriture, attrapée au cœur : Les étoiles de Noss Head, Felicity Atcock, Pamphlet contre un vampire et quelques projets bien ancrés dans sa tête…

C’est la raison pour laquelle, en règle générale, lorsque Sophie vous dit qu’elle veut tenter une nouvelle expérience, il faut s’attendre à ce qu’elle tombe encore amoureuse. Amoureuse professionnelle… son vrai métier ?

Pour en savoir plus sur Sophie Jomain : www.sophiejomain.com

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