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Interview de Gildas Girodeau - Paroles d'auteurs

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Interview de Gildas Girodeau

19 Déc 2015

antoniaQuel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Je me souviens d’un album de Babar, qui m’a accompagné assez longtemps. Pré-adolescent, Jules Vernes, Maurice Leblanc et Henri Vernes furent mes auteurs favoris.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Cela renvoie à la question : qu’est-ce qu’un bon auteur ? Si la réponse est : quelqu’un qui éclaire votre imaginaire d’images tellement puissante qu’il vous fait quitter le réel pour vivre dans son monde, alors oui, car être gros lecteur montre qu’il y a un terrain favorable à l’imaginaire.

Votre envie d’écrire vous vient-elle de vos jeunes rencontres ?

Mon envie d’écrire vient du terrible ennui d’un internat quasi carcéral, subi de la 6ème à la 3ème. Il me fallait m’évader, l’écriture me l’a permis. Plus tard, Patrick O’Brian et le dessinateur Jean Marc Reiser, connus alors qu’ils vivaient à Collioure, m’ont montré que c’était possible, réel.

Et un jour, vos écrits rencontrent le public. Pouvez-vous nous raconter ce moment unique dans la vie d’un auteur ?

Un ami, Victor Liviot, était élu à la culture dans un village proche de l’endroit où je vivais. Alors qu’il organisait un concours de nouvelles, le manque de manuscrits l’amena à me contacter. Il savait que j’avais un texte au fond d’un tiroir. Finalement, ce premier prix me fut remis par l’écrivain catalan Joan Tocabens, c’était le 11 mai 1997. J’en garde encore un fort souvenir, la petite salle des fêtes, les gens, l’estrade…

Comment vous documentez-vous pour écrire vos romans ?

Aujourd’hui, monsieur Google a réponse à tout, depuis le détail d’une vallée perdue au fin fond de l’Éthiopie jusqu’au nom d’un vieux bar de Dublin. Mais internet me sert surtout à trouver des ouvrages que je commande, lis et annote, afin de me documenter. J’ai appris à prendre un peu de distance avec les sites internet. Par ailleurs, j’aime bien rencontrer des témoins de l’époque, sentir les ambiances. Pour mon dernier roman, Antonia, j’ai passé du temps avec des membres de la communauté éthiopienne ayant vécu le renversement d’Hailé Sélassié et la révolution, par exemple.

Imaginons que vous donniez une master class sur l’écriture. Quels seraient les points que vous aborderiez absolument ?

J’insisterais surtout sur 3 points, l’imagination, l’imagination et l’imagination, encore, toujours, et sans limite

La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?

Pas toujours drôle, des trains, des hôtels… Mais en voilà une : lors d’un festival dans le sud de la France, une dame bien mise s’arrête en face de mon voisin et s’exclame « Mais Georges, enfin, pourquoi donc vous ont-ils mis ici ? ». Mon voisin, un peu gêné, bredouille un vague « J’ai écrit un roman policier, au début, alors ils ont pensé que… ». Nous étions dans l’endroit dédié aux polars et autres littératures du genre. La dame fulmine alors « Ah c’est malin, ils auraient pu vous mettre en Littérature quand même ! Quelqu’un de votre valeur n’a rien à faire ici…»

Bien qu’un roman soit une juste alchimie des trois, le plus important pour vous c’est l’intrigue, l’ambiance ou les personnages ?

Quand j’écris un roman, je commence par travailler l’intrigue, puis les personnages et enfin l’ambiance. Mais pour moi l’ambiance est déterminante, elle cristallise tout le reste, c’est elle qui accroche le lecteur et l’entraine à son insu dans l’intrigue et ses personnages.

Quelle est votre actualité littéraire ?

Mon dernier roman publié est Antonia, aux éditions Au-delà du Raisonnable, l’histoire d’une humanitaire italienne qui fuit les années de plomb et ne renoncera jamais à ses engagements, une lanceuse d’alerte avant l’heure. Je viens aussi de recevoir le prix Delta Noir de la ville de Port Saint Louis du Rhône, pour une série de polars mettant en scène un marginal vivant sur un bateau, Paul Feder. Je suis très fier de cette reconnaissance tardive pour le personnage qui a animé mes premières publications, et dont une suite sera disponible en 2016.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

La fille de femme-araignée, d’Anne Hillerman. La digne fille de Tony Hillerman m’a replongé avec bonheur dans ces ambiances navajos et cette Amérique rurale qui me fascinent.

Gildas Girodeau

Gildas Girodeau

Né à Collioure en 1953, l’enfance de Gildas Girodeau dans un petit village de pêcheurs lui a donné très tôt le goût de la mer. Il s’en suivit qu’une bonne partie de son existence s’est passée sur toutes sortes d’engins navigants, et que parfois ça « transpire » dans ses romans.

L’envie d’écrire lui est venue assez jeune, alors qu’il était au lycée Arago de Perpignan. Il faut dire que les années soixante-dix à Collioure furent une période magique où l’on croisait Patrick O’Brian ou Jean Marc Reiser en achetant son pain, pour ne parler que de « ceux du livre » qu’il a bien connus.

Mais ce n’est qu’en 1997 que ses écrits rencontrèrent un public. Cette année là, suite à un amical détournement de son ami Victor Liviot, la commune de Saint André l’honora d’un prix littéraire pour une nouvelle noire intitulée Voyage à Kyros, qui devait plus tard servir d’ossature à Rouge Tragique à Collioure. Ce prix, qui lui fut remis par l’écrivain catalan Joan Tocabens, suivi plus tard par les débuts de la maison d’édition Cap Bear, ainsi que sa rencontre avec François Darnaudet puis Gilles Del Pappas, sont les événements qui l’ont réellement lancé dans l’aventure littéraire.

Au début il a surtout écrit des Polars, avec une série et un personnage récurant, Paul Feder. Phil Ward et François Darnaudet l’ont alors convié à participer à l’écriture de La saga de Xavi el valent, série d’héroïc fantasy, genre qui lui était assez étranger. Mais après la lecture passionnée de Glen Cook et des treize tomes de sa Compagnie Noire, il s’y est lancé avec énormément de plaisir. C’est Gérard Streiff, pour l’éditeur Saad Bouri des éditions du jasmin, qui l’a sollicité pour l’écriture jeunesse, là aussi un domaine différent. Mais il avait dans la tête un roman d’inspiration maritime qui convenait à ce genre et est assez fier des aventures de Cheikha et Benji dans Tempête sur la Belle Maria. Véronique Ducros, des Éditions Au-delà du raisonnable, lui a fait simplement confiance pour un genre qui lui tenait à cœur depuis longtemps. A mi-chemin entre Polar et Roman, avec un arrière plan historique documenté, La paix plus que la vérité développe une histoire forte et attachante. Roman récompensé par la Prix Virtuel du Polar en janvier 2013, à suivre…

Aujourd’hui, sa vie professionnelle se partage entre agriculture bio et écriture, deux activités à la fois si différentes et si proches, finalement si passionnantes, qu’il ne saurait renoncer à aucune.

Pour en savoir plus sur Gildas Girodeau : gildasgirodeau.wix.com/ecrivain

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