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Interview de Martine Nougué

24 Juil 2015

1ère de COUV Les Belges 26_06 bord blanc HDQuel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Je m’en souviens très bien. Parce que c’était le tout premier. Et parce que j’étais très fière, du haut de mes 5 ans, d’avoir lu, en entier, un livre de grand. C’était OUI OUI au pays des jouets. Je l’ai toujours et il m’arrive de le relire…

Pourquoi écrivez-vous ?

Essentiellement par plaisir, parce que ça me fait du bien ! Et aussi parce que j’ai des choses à dire. L’écriture, depuis que je sais lire et écrire, est mon mode d’expression comme d’autres s’expriment avec la musique, ou la peinture, ou la comédie… J’aime la langue et les mots ; j’aime jouer avec eux, les assembler, les relier, les confronter, pour créer des images, des histoires, des personnages ou des dialogues. Et pour formaliser des idées, faire passer des messages, communiquer ; j’en ai d’ailleurs fait mon métier…

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Je n’imagine même pas qu’on puisse être un auteur digne de ce nom si on n’est pas d’abord un grand lecteur…

Vous avez suivi des études de sociologie. Quel est, selon vous, le rôle de l’écrivain dans la société d’aujourd’hui ?

Je ne pense pas que le rôle de l’écrivain soit fondamentalement différent dans nos sociétés contemporaines qu’il ne l’a été par le passé, ici ou ailleurs. Les écrivains, au même titre que les artistes, regardent le monde et leurs sociétés et les racontent. Et dans la façon dont ils racontent le monde, ils peuvent être critiques, ou serviles. Subversifs, ou dociles. Conformistes, ou rebelles… J’aimerais beaucoup pouvoir affirmer que le rôle de l’écrivain est de déranger les consciences et les pouvoirs, de sublimer les émotions, dire la beauté ou raconter l’horrible, être des phares dans les nuits ou des radeaux dans les tempêtes, mais ce serait sûrement pêcher par idéalisme.

Pouvez-vous nous parler de cette étonnante initiative, Romans & Cie ?

Romans & Cie, c’est juste une idée simple. Je vis dans un village de l’Hérault où il n’y a pas de bibliothèque, et j’ai la chance d’avoir des milliers de livres qui dormaient tranquilles sur leurs rayons. Alors j’ai eu envie de les partager et je les propose donc, moyennant un peu d’organisation, aux lecteurs du village. ça fonctionne comme une bibliothèque sauf que les gens choisissent les livres sur un catalogue, ou lors des soirées lecture que j’anime au café associatif du village, et que je leur apporte moi-même les livres choisis. C’est sympa, convivial et tout le monde y trouve son compte.

Vous êtes également l’organisatrice de la Fête des Livres de Montbazin. Pouvez-vous nous parler de la prochaine édition ?

Là aussi, l’idée était de faire circuler les livres et de les partager. La Fête des Livres est à l’origine (il y a 3 ans) une sorte de « vide-bibliothèque » : j’ai invité les gens à se retrouver une journée sur la place de Montbazin pour vendre ou échanger les livres dont ils ne voulaient plus. Succès immédiat, les habitants ont adoré – d’autant plus qu’on avait fait une vraie fête toute la journée – la municipalité m’a demandé de recommencer et l’année suivante j’ai invité des auteurs et des artistes qui ont donné de l’ampleur à la manifestation. La 3ème édition aura lieu le dimanche 1er novembre 2015, toujours à Montbazin, et j’en prépare la programmation.

Les Belges reconnaissants est votre premier roman. Ce fut un chemin de croix ou un long fleuve tranquille ?

Ni l’un ni l’autre, plutôt une joyeuse balade ! Moi qui avais surtout l’habitude d’écrire des choses très « sérieuses » dans le cadre de mon métier, et qui n’avais de la fiction que l’expérience de quelques nouvelles écrites au fil des ans et des envies, j’ai adoré écrire un roman et je me suis beaucoup amusée. D’ailleurs, j’ai tellement aimé ça que je vais continuer !…

Vous avez longtemps travaillé dans le marketing. Considérez-vous votre roman comme un produit ?

Bon, on va éviter de jouer les tartuffes effarouchés s’écriant, offusqués : « Cachez ce produit que je ne saurais voir !! ». Un texte, roman ou autre, devient un produit dès lors qu’il est édité : parce qu’il est imprimé, parce qu’il a un prix, parce qu’il est diffusé, promu, commercialisé et vendu à des acheteurs, même si en l’occurrence on les appelle des lecteurs. Nul n’échappe au marketing et au commerce qui sont – hé oui ! – les autres « plus vieux métiers du monde ». Donc oui, mon livre est devenu un produit, même s’il ne l’était pas avant d’être publié… Et je n’en conçois aucune fausse honte, je suis même ravie d’en faire la promo… bien que j’ai eu l’occasion, récemment, de me fâcher avec un certain vendeur de « grande surface culturelle » qui tentait de me convaincre d’être plus « active » dans l’art d’accrocher le chaland dans les allées du magasin. Y’a des limites, quand même !

Avez-vous déjà en tête le thème de prochain roman ?

Mon premier roman m’a permis d’exprimer – en riant, parce que sinon, c’est « relou » comme disent les jeunes – une de mes plus radicales colères, contre le racisme, la xénophobie et toutes formes d’intolérance. Mon deuxième livre, auquel je travaille, se fera le théâtre de mes engagements féministes et écologistes ; il y sera donc question d’éco-féminisme et de sorcières, quelque part sur le Bassin de Thau, chez les paysans de la mer…

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

J’étais très curieuse de découvrir les premiers livres de la nouvelle collection Territori de La Manufacture de Livres : Crocs de Patrick K. Dewdney et Clouer l’Ouest de Séverine Chevalier. Outre que ces livres sont magnifiques, les deux textes sont des bonheurs quand on aime, comme moi, les ambiances de nature sauvage où les hommes et leurs histoires sont aussi rudes que leur environnement. Et sur ce registre, j’ai beaucoup aimé aussi Grossir le ciel de Franck Bouysse, que j’avais lu juste avant.

Martine Nougué

Martine Nougué

Martine Nougué a vécu ses premières années en Afrique, au Cameroun et, depuis, n’a plus cessé de voyager, à la découverte des cultures du monde…

Après des études de sciences politiques et de sociologie, elle a mené sa carrière en entreprise, dans le conseil et la communication. Passionnée par l’observation de ses contemporains et celle de l’évolution des sociétés, Martine Nougué voyage, rencontre, écrit…

Elle vit aujourd’hui entre Paris et son village du Languedoc où elle s’investit dans la promotion du livre et de la lecture. Les Belges reconnaissants est son premier roman publié.

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