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Interview de Barbara Abel - Paroles d'auteurs

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Interview de Barbara Abel

7 Mar 2015

ob_9abc4f_9782265097148Quel est le premier livre que vous ayez lu ?

Le tout premier livre que j’ai lu toute seule, c’est « Oui – Oui et la gomme magique ». Sans rire. Je devais avoir 6 ou 7 ans et j’étais émerveillée par le fait d’avoir accès à une histoire sans l’aide d’un adulte. Une révélation ! La preuve, je m’en souviens encore.

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre premier roman ?

La première histoire que j’ai écrite est en réalité une pièce de théâtre, d’ailleurs co-écrite avec mon compagnon Gérard Goffaux. Plus jeune, je me destinais à être comédienne et, après avoir suivi des cours de théâtre à Paris et passé de nombreux casting de retour à Bruxelles, j’ai décidé de ne plus attendre le bon-vouloir des metteurs en scène. J’avais 23 ans, et nous avons écrit, produit et monté cette pièce qui s’intitule « L’esquimau qui jardinait », une pièce à 2 personnages dont j’ai interprété un de rôles, en compagnie de Danièla Bisconti, mise en scène par Jacques Viala. Une sacrée aventure ! Par la suite, j’ai réalisé que j’avais pris autant de plaisir à la jouer qu’à l’écrire. Mon aventure littéraire a réellement débuté après ce constat.

Pourquoi écrivez-vous ?

Comme je viens de le dire, avant tout parce que cette activité me procure un vrai plaisir. J’aime imaginer une histoire, élaborer une intrigue, construire des personnages. J’aime décrire et provoquer des émotions, jouer avec les mots, agencer des phrases en fonction de leur rythme et de leur musicalité. Et puis, c’est une émotion qui n’est pas tellement éloignée de celle que l’acteur éprouve quand il est sur scène : pendant que j’écris, j’interprète le rôle de chacun de mes personnages. Maintenant, il est vrai que, vu que mes livres remportent un certain succès, l’écriture est devenu mon activité principale et me rapporte un peu d’argent, ce qui ne gâche rien pour poursuivre l’aventure.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Oui, par la force des choses… On est d’abord lecteur avant de devenir auteur. C’est en général le plaisir que nous a procuré la lecture qui engendre celui de l’écriture. Maintenant, faut-il être un grand lecteur pour être un BON auteur ? Je n’en sais rien. J’imagine que ça aide. Une fois qu’on commence à écrire, on n’aborde plus la lecture de la même manière. On est plus dans l’observation, même si lire reste un plaisir et un loisir. Depuis que j’écris, les émotions que me procure la lecture ont évolué : quand une histoire, un personnage ou un style me plait, j’essaie d’en comprendre la raison, d’en analyser le processus. Pareil quand je n’aime pas. Décrypter les faiblesses des autres aide à ne pas commettre les mêmes erreurs. Tout cela se fait de manière instinctive mais oui, je pense qu’il faut lire quand on écrit.

Quelles sont vos habitudes d’écriture ?

Je n’ai pas vraiment d’habitude d’écriture. Ayant des enfants, j’écris quand ils sont à l’école, donc de 9h00 à 16h00. Un véritable horaire de fonctionnaire ! Mon appartement est agencé de telle manière qu’il est difficile de s’isoler, donc j’écris dès que j’en ai l’occasion.

Avez-vous approché d’autres auteurs pour leur demander des conseils ?

Non. Enfin oui, une fois, lors d’un salon du livre à Bergerac où je me suis rendue en tant que compagne d’auteur (Gérard Goffaux, donc). J’étais inconnue, je n’avais jamais rien publié. Au cours du repas du samedi soir, il y avait une tablée d’éminents auteurs de polar dont je tairais les noms et que je suis allée trouver pour leur demander conseils sur la façon de s’y prendre pour se faire publier. L’ambiance était à la fête et… disons que ce n’était pas vraiment le bon moment pour aborder ce genre de questions que, maintenant que je suis éditée, je reconnais être « bateau ». Que répondre à cela ? Moi-même, quand de jeunes auteurs m’approchent pour me demander ce genre de conseil, je suis bien en peine de leur répondre. Chaque parcours est différent. S’il y avait un mode d’emploi, ça se saurait. Bref, j’ai bien naïvement tenté de m’intégrer à cette joyeuse tablée, mais me suis gentiment faite chambrée sur mes ambitions littéraires. Par la suite, je ne suis plus jamais allée demander conseil à qui que ce soit. En revanche, j’aime beaucoup parler cuisine interne avec d’autres auteurs lors de salons ou séance de dédicace.

Vous êtes la seule femme et le seul auteur belge de la Ligue de l’imaginaire. Pouvez-vous nous parler de ce groupement d’auteurs, de son but et de votre singularité en son sein ?

La Ligue de l’Imaginaire, c’est aujourd’hui quatorze auteurs et un réalisateur qui défendent les récits de l’imaginaire (thriller, suspens, fantastique, SF, les récits de genre comme on dit) et qui cherchent à leur redonner leurs lettres de noblesse. Nous sommes tous très différents, tant dans le fond que dans la forme, de même que dans le tempérament. C’est ce que j’aime dans ce groupe. On a tous notre singularité propre. Nous organisons les mercredis de la Ligue (qui se déroulent en général tous les premiers mercredis du mois, mais depuis peu, la fréquence est passée à un mois sur deux) au cours duquel, l’un d’entre nous, reçoit une personnalité artistique pour parler de son travail. Ce peuvent être des réalisateurs comme – entre autre – Jan Kounen, Jean-Pierre Jeunet et son scénariste Guillaume Laurant, Cédric Klapich, ou des auteurs comme Stephane Bourgoin ou Christian Lehman. Le fait d’être la seule femme est en fait… anecdotique.

Avez-vous peur de vos voisins ?

Hihi ! Non. En revanche, depuis « Derrière la haine », ce sont mes voisins qui ont peur de moi !

Quelle est votre actualité littéraire ?

J’ai participé à l’écriture d’un recueil de nouvelles, dont le seul mot d’ordre était que l’histoire devait se dérouler dans un quartier de Bruxelles, en compagnie de nombreux écrivains belges de polar. Ce recueil s’intitule « Bruxelles Noir » aux éditions Asphalte et sortira le 2 avril prochain. Mon précédent roman, « Après la fin », suite de « Derrière la haine » sortira quant à lui en format poche chez Pocket également au mois d’avril. Enfin, mon prochain roman, « L’innocence des bourreaux » sortira le 7 mai prochain aux éditions Belfond.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Le dernier livre que j’ai lu et terminé, c’est « Que ta volonté soit faite », de Maxime Chattam, que j’ai trouvé très intéressant et merveilleusement bien écrit. En ce moment, je suis en train de lire « Les trois mousquetaires » d’Alexandre Dumas. Un vrai bonheur !!!!

Barbara Abel

Barbara Abel

Née en 1969, Barbara Abel est férue de théâtre et de littérature. Après avoir été élève à l’école du Passage à Paris, elle exerce quelque temps le métier de comédienne et joue dans des spectacles de rue.

À 23 ans, elle écrit sa première pièce de théâtre L’esquimau qui jardinait.

En 2002, son premier roman, L’Instinct maternel, lui vaut de recevoir le Prix Cognac avant d’être sélectionnée par le jury du Prix du Roman d’Aventure pour Un bel âge pour mourir, tout récemment adapté à la télévision avec Émilie Dequenne et Marie-France Pisier dans les rôles principaux.

S’ensuivent Duelle en 2005, La Mort en écho en 2006, Illustre Inconnu en 2007, Le Bonheur sur ordonnance en 2009, La Brûlure du chocolat en 2010 et Derrière la haine en 2012. Aujourd’hui, ses romans sont traduits en allemand, en espagnol et en russe.

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