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Interview de Sigolène Vinson - Paroles d'auteurs

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Interview de Sigolène Vinson

16 Août 2015

courirQuel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

L’Ami retrouvé de Fred Uhlman. Ou L’Histoire d’Helen Keller de Lorena-A Hickok. Sinon Lullaby de J-M-G Le Clézio. En vérité, enfant, j’étais beaucoup plus attirée par les BD (que je piquais à mon grand frère). Mes premières vraies émotions, je les dois à Silence de Comès, La Mort douce (une enquête de Canardo) de Sokal, Les Murailles de Samaris de Peeters et Schuiten et Le Transperceneige de Lob et Rochette.

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première nouvelle, votre premier roman ?

Je pense que j’ai dû écrire ma première nouvelle vers 16 ans. Mauvaise. Comme toutes mes rédactions de collège qui ne dépassaient pas la moyenne. Ou si peu. Ce n’était pas faute de m’appliquer.

Mon premier roman (publié) (avant lui, j’avais tenté plus d’une fois ma chance), je l’ai écrit en Corse, après avoir démissionné de mon métier d’avocat. J’étais alors réceptionniste de camping et j’avais une vue sur la mer.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Je n’en suis pas certaine. La preuve : je lis beaucoup.

Est-ce que pour vous, écrire c’est déserter le pays de l’enfance ?

Le déserter. Y revenir.

Apprendre à tenir un stylo. Savoir le laisser tomber. Ne pas faire trop de ratures. En faire beaucoup. Ne pas faire trop de taches d’encre. En faire encore plus que de ratures. Guetter la faute de syntaxe. S’en foutre complètement.

Apprendre à faire un plan. Pour tout casser.

Des monstres sous le lit. Mais qui ne font plus peur. À qui je fais peur.

Vous avez écrit seule ou en duo avec Philippe Kleinmann. Quelle est la difficulté d’écrire à quatre mains ?

La difficulté : ne pas se taper dessus. Ou alors, ne pas être trop attaché à ce que l’on écrit. Dans notre duo, nous sommes autorisés à supprimer (même sans motif… ou alors, avec un minimum d’explication) ce que l’autre a passé la journée à penser et à traduire en verbe.

Curieusement, j’aime ça.

Philippe aussi. Enfin, je crois…

Vous avez participé au recueil de nouvelles Les Aventures du Concierge Masqué. Comment avez-vous vécu cette aventure ?

Bien. J’ai aimé ça. Beaucoup. Même si j’ai trouvé l’exercice compliqué. Les auteurs avant moi avaient mis la barre haute et je ne voulais pas gâcher leur talent. Il s’agissait de science-fiction, un genre qui me fascine dont j’aimerais maîtriser les codes et la philosophie. Je pense en avoir fait trop… Enfin.

La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?

Amusante ? Là, tout de suite ? La vie d’auteur donc… Quand ce qu’on écrit est drôle, on se marre, pas de doute.

Il y a bien les rencontres avec les lecteurs. Par exemple, un couple de Vinson qui lit tout ce que j’écris. Mais qui va aussi à toutes les expositions d’un peintre qui porte le même nom (qui n’est évidemment pas de ma famille ni de la leur).

Pouvez-vous nous en parler de votre dernier roman, Le caillou ?

C’est l’histoire d’une fille (d’une femme)… qui veut devenir un caillou. C’est un peu drôle, un peu triste. Et très facile à lire.

Sinon, comment va la vie ?

La vie, ça va. C’est important d’être en vie. C’est mieux que d’être mort. Enfin, je trouve.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Lonesome Dove de Larry Mc Murtry. Un western. J’aime bien les romans de plaines. C’est un peu comme les romans de mer, mais sur la terre.

 

Note de Paroles d’auteurs : l’actualité dépassant parfois les délais inhérent au genre de l’interview écrite (acceptation, questions, réponses puis mise en ligne), il n’est pas question ci-dessus du « vrai » dernier roman de Sigolène Vinson à paraître dans quelques jours, le 20 août. Aussi je me permets ce petit complément additionné du pitch de Courir après les ombres :

« Du détroit de Bab-el-Mandeb au golfe d’Aden, Paul Deville négocie les ressources africaines pour le compte d’une multinationale chinoise. De port en port, les ravages de la mondialisation lui sautent au visage et au cœur la beauté du monde dont il ne peut empêcher la destruction. Les merveilles qui ne s’achètent pas ne risquent-elles pas de disparaître dans un système où toute valeur se chiffre ? Paul se met alors à chasser un autre trésor : les écrits jamais écrits d’Arthur Rimbaud – il veut le croire, le marchand d’armes n’a pas tué le poète. Inlassablement, il cherche. Trouvera-t-il plus que le soleil aveuglant, la culpabilité d’être et la fièvre ? »

Sigolène Vinson

Sigolène Vinson

Née en 1974.

Enfance à Djibouti.

Avocate pendant 7 ans. Au barreau de Paris.

Emploi saisonnier : réceptionniste, serveuse dans une paillote.

Puis chroniqueuse : Charlie Hebdo et Causette.

Photo : Sandra Surménian

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