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Interview de Guillaume Ramezi

10 Mai 2019

Les morts sont des invisibles, non des absents.

Victor Hugo

Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Je vais tricher un peu pour répondre à cette question parce que le tout premier je ne m’en rappelle plus. Quand j’étais à l’école primaire, avec un camarade, on faisait un concours pour essayer de lire tous les livres qui étaient dans le fond de la classe. Par contre pour les premiers qui m’ont vraiment marqués, j’en citerai deux : L’Île mystérieuse de Jules Verne et dans un autre style Les Rois des étoiles d’Edmond Hamilton. Ce sont les livres qui m’ont vraiment fait comprendre la puissance de l’imagination et tout ce que l’on pouvait faire passer au travers des pages.

Quel est l’avantage d’un cursus scientifique quand on est auteur ?

Je pense que mon côté cartésien m’aide dans la construction et l’organisation de mes intrigues. Cela répond d’une certaine façon à une mécanique qui doit être bien huilée pour que cela fonctionne. Pour autant, je ne me bride jamais pendant l’écriture et je m’écarte très souvent du plan initial. C’est aussi cela qui permet de ne pas être stéréotypé.

Un premier roman parle-t-il toujours de l’auteur ?

Sans aller jusqu’à « parler » de l’auteur, je dirai qu’un premier roman comporte toujours un peu plus d’aspects personnels. Sans doute parce que lorsqu’on se lance dans l’écriture d’un manuscrit, c’est un grand saut dans l’inconnu, alors il est toujours plus facile de se raccrocher à quelques éléments familiers. Mais cela peut ne passer que par des petites touches au détour d’une page ou d’un dialogue.

Comment concevez-vous vos personnages ?

Au début de l’intrigue, j’ai en tête les personnages principaux et leurs traits de caractère et comportementaux majeurs. Mais je ne fais pas particulièrement de « fiche » personnage parce que j’aime bien les laisser évoluer par eux-mêmes au cours de l’écriture, au gré d’une scène ou d’une situation qui va me les faire voir d’un autre œil. Certains personnages que j’imaginais secondaires peuvent finalement se faire une place plus importante alors que d’autres vont finalement passer l’arme à gauche. Leur destin n’est jamais gravé dans le marbre.

Quelles sont les lectures qui ont formé l’auteur que vous êtes ?

J’ai eu plusieurs périodes dans ma vie de lecteur. Beaucoup de SF quand j’étais ado. Des classiques surtout : Bradbury, Le Cycle de Dune d’Herbert, ou encore Hamilton dont je vous ai déjà parlé. J’ai aussi beaucoup lu Werber, Les Fourmis restent pour moi un must que je relis avec plaisir. Petit à petit, j’ai bifurqué vers le noir, notamment avec les anglo-saxons comme Coben ou Connelly. Je découvre aussi beaucoup d’auteurs et auteures magnifiques depuis que je côtoie ce milieu. J’étais et je reste un grand lecteur mais je ne me cantonne pas aux polar. J’aime bien explorer aussi de nouveaux styles ou redécouvrir des classiques.

Est-ce qu’écrire aide à vivre ?

Ça dépend de quoi vous parler ! Si c’est une question d’équilibre, non, je ne dirais pas ça. Aujourd’hui, cela tient une place importante dans mon quotidien. Entre les périodes d’écriture et corrections qui peuvent être parfois intenses et les dédicaces et salons, indispensables si on veut se faire connaitre, l’agenda est vite particulièrement chargé. Il faut trouver le juste milieu pour qu’au contraire ça ne rende pas la vie de famille trop compliquée.

Par contre, c’est vrai que lorsque je me plonge dans mes histoires, cela permet quelque part de sortir de la routine. J’aime bien m’enfermer dans ma bulle, tranquille avec mes personnages.

Comment conçoit-on une intrigue machiavélique ?

J’imagine qu’il faut avoir un petit coté tordu ! J’ai l’avantage d’avoir toujours eu beaucoup d’imagination. Alors cela ne me pose pas de problème de trouver tous les tiroirs qui vont vous perdre dans mes intrigues. Le tout étant de faire en sorte que le lecteur ne devine pas facilement le fin mot de l’histoire. J’aime beaucoup l’idée du switch final qui vous retourne dans les trois dernières pages. Ce que je trouve le plus amusant, c’est d’amener le lecteur sur une piste, qu’il voit venir certaines choses et rajouter un épilogue qu’il n’a absolument pas deviné pour le scotcher avec la touche finale.

La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?

Ce que j’ai trouvé le plus surprenant lorsque j’ai fait mes premières dédicaces, c’est l’attitude des gens qui passent dans la librairie. Même avec une belle affiche avec votre nom accrochée au-dessus de la tête et vos livres sur la table, il y en a toujours pour vous faire des demandes… décalées. Une fois, il y a un homme qui attendait alors que je discutais avec une lectrice. Une fois son tour venu, il me demande si j’ai « le petit prince » de Saint-Exupéry. Je lui explique gentiment que je suis là pour dédicacer mes livres et qu’il vaut mieux qu’il demande à la libraire un peu plus loin. Un quart d’heure plus tard, il repasse devant moi et refait la queue (oui j’avais du monde ce jour-là !). Je me dis que finalement, il est intéressé par mon livre… perdu, il voulait savoir si je pouvais lui faire un paquet cadeau avec son petit prince…

Quelle est votre actualité littéraire ?

Mon deuxième roman L’important n’est pas la chute est sorti en Mars. C’est un polar assez sombre où vous suivrez une jeune lieutenant de police parisienne et son équipe qui enquête sur un accident de parachute dont a été victime un riche industriel. Jalousie professionnelle, vengeance personnelle d’ancien employé resté sur le carreau ? Pour les enquêteurs, cela rouvre aussi un vieux dossier. Deux auparavant, ils avaient enquêté sur la disparition d’une des filles de cet homme…

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Les Chiens de Détroit de Jérome Loubry. Un excellent bouquin d’un auteur très sympathique.

Guillaume Ramezi

Guillaume Ramezi

Après un cursus scientifique et avec un diplôme d’ingénieur en poche, une entrée dans le monde littéraire n’était pas forcément une évidence. Pourtant, après une dizaine d’années passées dans l’industrie, Guillaume Ramezi a repris une plume qu’il avait délaissée au sortir de l’adolescence. Breton de naissance, il a grandi dans le Finistère du côté de Morlaix où il a effectué toute sa scolarité. À 39 ans, marié et père de deux enfants, cadre dans l’industrie, il malmène aujourd’hui ses personnages depuis sa Vendée d’adoption.

Son premier thriller Derniers Jours à Alep, sorti en Janvier 2018 a obtenu plusieurs prix : celui du Balai de la découverte 2018, le prix du coquelicot noir du salon de Nemours et le prix polar du salon de la Saussaye. Son deuxième roman est sorti en Mars 2019, toujours chez French Pulp Editions.

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