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Interview de Lucienne Cluytens

7 Mai 2016

AMANDINE Plat 1Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Le premier livre est mon livre de CP, Nicole et Victor, sur lequel j’ai appris à lire. Comme je m’ennuyais pendant les leçons d’apprentissage puisque j’avais pigé la méthode pour déchiffrer, j’allais lire les pages de la fin, plus corsées que Nini a ri et Lulu a lu, pour savoir ce que Nicole et Victor faisaient d’intéressant dans leur vie.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Non. Si on a quelque chose en soi à dire, à transmettre, à raconter, on peut le faire. Mais avoir beaucoup lu toutes sortes de livres aide à trouver son style, à repérer les erreurs à ne pas faire.

Comment vous est venue l’idée de votre premier roman ?

J’ai fréquenté des ateliers d’écriture pour « apprendre » à écrire ou plus exactement pour trouver mon style. Au cours d’un atelier sur le polar, l’animatrice a donné comme consigne de décrire un personnage faisant partie d’un roman policier : une victime, un tueur, un flic ou un témoin. J’ai choisi une tueuse ou plutôt elle s’est imposée à moi. Les participants ont aimé mon personnage et m’ont suggéré d’écrire la suite. Elle est devenue ainsi l’héroïne de mon premier roman noir : La grosse.

Vous avez opté dès le départ pour le roman policier. Pourquoi ce choix ?

La réponse est dans la réponse précédente. Il y a eu une demande des participants de l’atelier d’écriture pour connaître la suite des aventures d’Eva, la grosse, tueuse en série. Comme j’avais lu beaucoup de littératures policières, j’étais déjà conquise par la forme polar. Le premier polar ayant été remarqué à sa sortie (nomination à deux prix reconnus) dans la même année, j’ai continué le genre.

Que se racontent deux auteurs qui se rencontrent ?

On ne raconte pas la même chose à tous. Avec certains, on parle de la santé, de la famille, avec d’autres, on raconte des conneries pour se marrer, avec d’autres on parle des difficultés inhérentes à l’activité d’écriture, la recherche d’un éditeur, à l’intérêt ou non de faire tel salon…

La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?

Une drôle de vie ? Je ne le crois que pour ceux qui en vivent, soit à peine 1% des auteurs. Les autres ont une vie normale. J’ai une anecdote plus émouvante que drôle : une de mes lectrices m’a demandé d’écrire la suite de La grosse.

– Mais enfin, Maryline, il n’y aura pas de suite. Eva est en prison ! N’oublie pas qu’elle a dézingué trois personnes !

– Oui mais en prison, elle pourra apprendre un autre métier comme esthéticienne par exemple, et quand elle sortira, elle pourra ouvrir un salon. Elle est gentille, Eva, ce n’est pas de sa faute si elle a tué. Les autres étaient méchantes avec elle…

Votre dernier roman Amandine et les brigades du Tigre est un polar historique. Comment ce sont passées vos recherches ?

J’ai découvert une nouvelle facette de l’activité d’écrivain. D’habitude, tout sort de mon imaginaire même si je reste bien ancrée dans la réalité et la crédibilité. Là, il faut rester crédible en utilisant des connaissances que je n’avais pas au départ. Donc beaucoup de recherches à la fois sur la vie publique mais aussi sur la vie privée : comment on s’habille, comment on se divertit, qu’est-ce qu’on mange, comment on se déplace, de quoi on parle, qu’est-ce qui est important, etc. Même le vocabulaire est à vérifier très souvent. Internet pour ça est une mine. Il y a aussi des livres. Pour Amandine, un copain auteur m’a prêté un livre de cartes postales de l’époque. J’ai aussi beaucoup utilisé la biographie de Colette puisque c’est un des personnages secondaires de mon roman et j’ai aussi relu les romans qu’elle avait écrit jusqu’à l’année 1909, date à laquelle se passe mon intrigue. Du coup ça m’a donné envie d’écrire la suite.

Pouvez-vous nous en raconter l’intrigue ?

Une jeune fille de bonne famille est en vacances au Crotoy. Elle rencontre Colette, les frères Caudron (de futurs avionneurs) et elle tombe amoureuse du neveu d’une riche lady londonienne, neveu qui semble l’apprécier. Lors d’une fête, la lady est dévalisée. Amandine se lance à la recherche du voleur, sans grand succès bien sûr. Elle croise alors la route d’un policier mobile de la première brigade venu spécialement de Paris. Très vite la petite bonne de la famille, timide et naïve est retrouvée noyée avec une des bagues volées au doigt. Comme Amandine parle anglais, elle est associée comme traductrice par le policier à l’enquête qui les mène à Scotland Yard. C’est alors qu’on retrouve le corps de la bonne anglaise de la lady. Well, well !

Et c’est quoi la suite ?

Je peaufine la suite des aventures de La panthère, une lieutenant de la sûreté urbaine de Lille, passablement déjantée et je commence à réfléchir à la suite d’Amandine et les brigades du Tigre.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Je viens de finir L’Été de cristal, le tome 1 de la trilogie berlinoise de Philip Kerr et j’ai attaqué le tome 2. Mais je ne lis pas que du polar, heureusement !

Lucienne Cluytens

Lucienne Cluytens

Née à Lille, Lucienne Cluytens a fait toute sa carrière professionnelle à l’éducation nationale. Elle a été et est une grande dévoreuse de policiers et de romans naturalistes.

Ce qui la motive à écrire est de décrire l’évolution psychologique d’un personnage. Avant d’avoir une idée précise de ce qui va se passer, elle a d’abord une idée de personnage sur lequel elle a envie de se pencher. Cette évolution est rendue possible parce qu’il se passe quelque chose d’inhabituel dans sa vie, ceci l’a conduit tout naturellement au choix du genre « polar ».

Elle aime les dialogues et l’humour au second degré…

Pour en savoir plus Lucienne Cluytens : www.lucienne-cluytens.fr

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