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Interview d’Olivier Kourilsky

30 Avr 2016

couv_halloweenQuel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

J’hésite entre un Contes et légendes et un Signe de piste, mais je ne saurais préciser un titre particulier !

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Pour moi, c’est une évidence. Peut-être certains, particulièrement doués, n’en ont pas besoin, mais j’en doute. En revanche, lorsque je suis en train de construire un roman, j’évite de lire beaucoup, cela me distrait de mon objectif !

Comment vous est venue l’idée de votre première histoire ?

L’idée d’écrire un roman policier me trottait dans la tête depuis un bon moment, lorsque j’ai dû suivre un stage d’initiation à l’informatique (vu ma nullité abyssale dans ce domaine), qui se déroulait à la Faculté des Saints Pères. À un moment, j’ai demandé au formateur si les salles de dissection , où nous apprenions l’anatomie des cadavres, ressemblaient toujours à un décor de film d’horreur. Il m’a répondu qu’elles existaient toujours, et qu’il y avait même eu une fois un mort de trop ! J’étais persuadé qu’il s’agissait d’une mauvaise blague, mais cela a fait tilt et dès le lendemain, j’ai contacté le directeur du pavillon d’anatomie pour lui demander l’autorisation de visiter les lieux de nouveau, de prendre des photos, de me documenter, etc. Et j’ai construit le premier chapitre, où une étudiante en médecine est retrouvée au milieu des autres corps, embaumée elle aussi, sans avoir la moindre idée de l’intrigue.

Trouver un éditeur a-t-il été pour vous un chemin de croix ?

Cela a été difficile… Je crois que j’en ai fait 33, comme l’âge du Christ (sic), avant de trouver celui avec lequel je travaille depuis dans une ambiance amicale (Glyphe) ! Cela a duré un an et demi, avec de faux espoirs, des dépenses de papeterie et de timbres non négligeables, et des coups durs pour l’ego ! J’ai remanié le texte de nombreuses fois, sur les conseils judicieux d’amis déjà publiés. Certains éditeurs me parlaient du manuscrit d’une façon qui prouvait qu’ils ne l’avaient pas vraiment lu. D’autres répondaient très tard : j’ai même reçu une réponse (négative) du Masque alors que le livre était en cours d’impression ! Mais je suis aussi tenace qu’un pou du pubis et j’ai persévéré…

Vous êtes médecin. La lecture peut-elle être un bon médicament ?

Sans aucun doute, y compris pour le médecin (malade ou non) !

En 2010, vous avez reçu le Prix Littré pour Meurtre pour de bonnes raisons. Pouvez-vous nous parler de ce prix ?

Le prix Littré est un prix littéraire annuel décerné par l’Académie Littré qui couronne des « ouvrages de tous genres, en langue française, dont l’éthique, les personnages, les idées procèdent en totalité ou en partie de cet humanisme qui est l’essence même de l’éthique médicales écrits soit par un médecin, soit par un écrivain non médecin ». Pour une histoire de tueur en série, c’était assez piquant. Il est vrai que l’héroïne du roman, une jeune chirurgienne qui n’a jamais connu son père, mort pendant la guerre d’Algérie, était très attachante. Tellement attachante qu’elle ré intervient dans deux autres histoires, qui se déroulent 15 ans plus tard.

Ce prix a par exemple récompensé Pierre Desgraupes, Marie Cardinal (Les mots pour le dire), ainsi que de nombreux médecins dont un certain Docteur Baissette dont le nom m’a interpellé (rire)…

La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?

Quelques mois après avoir commencé la rédaction de mon premier livre (Meurtre à la morgue), alors que j’avais déjà écrit un tiers du roman, je rencontre un ami légiste lors d’une commission de répartition des internes. Je lui dis : « cette histoire de meurtre aux Saint Pères, c’est du pipeau, n’est-ce pas ? » Et il me répond : » Pas du tout, c’est moi qui ai fait l’autopsie ! » J’ai ainsi découvert qu’il y avait vraiment eu un meurtre à la Fac des Saints Pères en 1981 je crois (dans des conditions certes différentes de mon polar, mais il s’agissait aussi d’une étudiante). Ce n’est pas le seul exemple où l’imagination d’un auteur, aussi débridée soit-elle, se trouve rattrapée par la vraie vie !

Un autre coïncidence, plus amusante celle-là : dans le même livre, j’ai placé le meurtre d’une infirmière au 24 rue des Patriarches dans le Vème. Je suis allé comme d’habitude repérer les lieux pour les décrire aussi fidèlement que possible. Quelques années plus tard, mon premier filleul s’installe à Paris… au 24 rue des Patriarches !

Vous sortez votre 8ème polar, L’étrange Halloween de M. Léo. Vous nous en faites le pitch ?

C’est l’histoire d’un trafiquant de drogue d’origine mexicaine qui traîne une superstition maladive. À la suite d’une livraison ratée, son Patron lui ordonne, non sans un certain sadisme, d’aller négocier une cargaison de drogue dans un château hanté du pays de Galles, le soir d’Halloween (château qui existe bien sûr, et que j’ai visité). Il y rencontre un couple de chirurgiens (dont l’héroïne de Meurtre pour de bonnes raisons) et leur fille, adolescente perturbée et un peu kleptomane. C’est le début d’une cascade de rebondissements … Je me suis beaucoup amusé à concocter cette histoire.

Et c’est quoi la suite ?

Eh bien, pour l’instant, je réfléchis… Je n’ai pas encore de synopsis précis en tête !

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Les rizières de la souffrance, de mon ami Raphaël Delpard. Un livre historique poignant sur la guerre du Vietnam vue du côté français, et une très belle plume.

Olivier Kourilsky

Olivier Kourilsky

Olivier Kourilsky (alias « Docteur K ») est médecin néphrologue, professeur honoraire au Collège de Médecine des Hôpitaux de Paris; il a créé et dirigé un service de néphrologie dans un grand hôpital d’Ile de France pendant une trentaine d’années.

Il a commencé à écrire des romans policiers il y a un peu plus de dix ans et a publié huit ouvrages depuis 2005, dont le troisième a été récompensé par le prix Littré en 2010 et le septième par le prix du polar d’Aumale en 2014.

Ses romans se déroulent le plus souvent dans le milieu médical hospitalier à des périodes diverses, allant des années 60 à l’époque contemporaine, et mettent en scène des personnages récurrents. Au fil des ouvrages, on suit la carrière du docteur Banari, du commissaire Maupas, du commandant Chaudron, une jeune chef de groupe à la Crim’.

Le Docteur K est sociétaire de la Société des Gens de Lettres, membre de la Société des Auteurs de Normandie et membre de l’association 813.

Pour en savoir plus Olivier Kourilsky : www.olivierkourilsky.fr

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