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Interview de Sonja Delzongle

19 Juil 2015

FB_IMG_1423505188685Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Je serais tentée de répondre la Bible, mais ce ne serait pas vraiment original. Et puis… à cinq ans, il y a mieux comme lecture. Aussi loin que me portent mes souvenirs, hum, je dirais… Sans famille de Hector Malot. Ou encore Moumine le Troll. Non, des contes, oui, c’est ça, les contes de Perraut et de Grimm. Les contes des Mille et Une nuits. Les contes persans. Les contes à dormir debout. Mais c’est difficile de répondre à cette question, plus de quarante ans après !

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première nouvelle, votre premier roman ?

Dois-je parler de ceux qui sont restés dans les tiroirs ou de celui qui a été publié en 2007 sous le titre de la Journée d’un Sniper ? Parce qu’il a été les deux à la fois. Tout d’abord nouvelle, puis roman (court, 50 pages), pour les besoins de la collection. Les circonstances furent là encore une actualité qui me touchait de près. La guerre des balkans. Quelques années après naissait le Sniper.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

C’est l’éternelle question. À laquelle je n’ai pas la prétention de pouvoir répondre. Il y a de grands lecteurs qui ne sont pas auteurs. De grands auteurs qui ne lisent pas forcément autant de livres que ces grands lecteurs, mais aussi de bons auteurs qui sont de grands lecteurs. Bref, je ne pense pas qu’il y ait de règle absolue en la matière, quoiqu’il en soit, la lecture reste un atout important pour l’orthographe, les tournures, le style, peut-être et surtout elle stimule l’imaginaire et permet d’avoir des références.

Votre bio prétend que très tôt vous avez voulu être maçon, puis archéologue. Laquelle de ces vocations précoces est la plus compatible avec l’écriture ?

J’ai vraiment livré cette confidence dans ma bio ? Je devais en être à 2,5 gr forcément… Bon, j’assume… la révélation. Je dirais que les deux sont absolument compatibles avec l’écriture, car la première (maçon) touche à la base de l’écriture d’un roman et même d’une nouvelle, la construction. Quelque part, un écrivain est un maçon de l’écriture. Les lettres sont des briques et le roman la maison. Désolée pour cette facilité. J’assume aussi. Et dans la deuxième (archéologue), il y a la notion de fouilles, d’exhumation de trésors. Que fait-on d’autre dans l’écriture ? On creuse, on fouille, on exhume, on déterre, on se plonge dans le temps. Finalement, je ne suis ni maçon ni archéologue, ayant choisi les mots, mais je bâtis des histoires et je fouille parfois dans les strates du passé de mes personnages ou de l’Histoire. Et puis, quand on écrit des polars ou des thrillers on fouille forcément dans la terre ou dans les placards, à la recherche d’indices.

La plume est-elle votre seul moyen d’expression ?

Principal, oui. Mon expression passe aussi par la peinture (j’ai fait les Beaux-Arts), très proche de l’écriture. Disons que dans mon parcours, les deux sont indissociables et l’une nourrit l’autre.

À force de côtoyer d’autres auteurs, vous êtes-vous retrouvée comme personnage dans le roman d’un confrère ?

Eh bien vous ne me croirez jamais. Au terme d’une rencontre chez des amis avec un auteur dont je tairai le nom (mais que je ne connaissais pas au préalable), j’ai « fini » dans son roman dans la peau d’un puma. Il m’avait trouvé un côté « félin » et avait accéléré ma réincarnation.

Enfin, maintenant que je sais ce que je serai après ma mort, je n’en ai plus peur.

À quel moment savez-vous que l’histoire que vous racontez est une bonne histoire ?

Le doute peut vous tenailler même une fois le livre publié. Alors c’est dans le retour des lecteurs et dans leur regard que je le vois. À partir de là seulement je sais. Sinon, lorsque, en la relisant j’arrive à oublier que j’en suis l’auteur et à éprouver l’émotion du lecteur. Ce qui s’est passé pour Dust.

Dust est votre dernier roman. Pouvez-vous nous en parler ?

La pire question pour un auteur… vous n’en auriez pas une autre en échange ? Eh bien… je sais que l’histoire que j’y raconte est une bonne histoire, pour toutes les raisons énoncées au préalable.

Avez-vous déjà en tête le thème de votre prochain roman ?

Je l’ai plus qu’en tête, puisqu’il est en corrections en ce moment, mais tout ce que je peux vous en dire est qu’il y est question de disparitions doublées d’événements plutôt insolites et que l’intrigue se passe aux États-Unis.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Viscères de Mo Hayder.

La question surprise de Bernard Minier

©-Bruno-Levy-Photo12.competi1Chère Sonja, pourquoi l’Afrique ?

Merci Bernard pour cette question qui touche à la genèse de Dust.

Rares encore sont les auteurs (Mankel, Caryl Férey) qui décrivent l’Afrique comme scène de crime. Retranscrire son extrême violence dans une atmosphère de moiteur et de poussière, toucher à certains tabous, relever l’absurdité de certaines croyances et superstitions m’a intéressée. Outre mon penchant pour l’Afrique où je suis déjà allée, une des raisons pour lesquelles j’ai choisi d’y dérouler l’intrigue de Dust est l’ambiance, les paysages, la nature et l’humain.

Sonja Delzongle

Sonja Delzongle

Sonja Delzongle est née à Troyes le 28 août 1967.

Naissance au forceps. Tout est à peu près bien passé, y compris la tête. Sans lésions cérébrales ni déformation de la boîte crânienne. Après une petite enfance sans histoires autres que celles qu’elle imaginait déjà, elle voulut très tôt être maçon, puis archéologue. Et, pourquoi pas, exploratrice. Mais de toutes ces velléités elle n’en fit rien, excepté un linceul de rêves et s’achemina tranquillement vers une de ces scolarités sans faille jusqu’à ce que les méandres d’une adolescence mystique et tourmentée vinssent rendre le chemin plus chaotique. Outre les rêves et la lecture, l’écriture, déjà une passion en plus du dessin, resta le refuge privilégié de tous les possibles qu’elle s’inventait à défaut de les vivre.

Après quelques années universitaires sans conviction en Langues et une dernière en Lettres Modernes, elle s’attaqua au concours de l’École des Beaux-Arts de Dijon, ancienne capitale des Ducs de Bourgogne où ses parents avaient élu domicile après un bref passage à Troyes, le temps de la naissance de leur fille qui devait rester unique à son grand dam. Elle fut reçue aux Beaux-Arts qu’elle termina avec un diplôme au bout de six ans, avant de connaître les aléas d’une vie professionnelle fluctuante, papillonnant de job en job pour pouvoir continuer à peindre et exposer. Ce parcours du combattant la mena à Lyon où elle put enfin réaliser un de ses nombreux rêves non réalisés, devenir journaliste en presse écrite. En plus d’un monde sinistré, elle allait découvrir un univers sans pitié de basses rivalités et d’ego XXL.

Un jour sans doute plus sombre que les autres, Sonia Delzongle songea qu’elle aurait peut-être dû faire serial killer. Mais elle se contenta de lire des ouvrages sur le thème, d’écrire des romans nombrilistes et sans consistance jusqu’à cette toute petite réussite littéraire, une nouvelle devenue depuis un roman court, La Journée d’un Sniper, publié par Jacques André, un éditeur lyonnais qui signa ce qu’elle espérait et espère toujours être le début d’une gloire méritée. Elle enchaîna sur un thriller éditorial, À titre posthume qui eut son petit succès, avant de taper dans l’œil d’un éditeur de Montréal, Transit éditeur/Cogito avec, cette fois, un thriller, un vrai, bien glauque, bien noir, aussi sombre qu’un jour de pluie au Havre, Le Hameau des Purs, paru en 2011. Désormais, Sonia Delzongle, qui a enfin trouvé sa voix, n’a pas fini de disséquer les âmes au scalpel et faire trembler les lecteurs sous les coups d’une plume acérée et impitoyable.

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