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Interview de Laurence Fontaine

Laurence Fontaine

Laurence Fontaine

Interview de Laurence Fontaine

19 Déc 2014

bleueldoradoQuel est le premier livre que vous ayez lu ?

Je pense que c’était un livre de la bibliothèque rose qui s’appelait « Le Petit passeur du lac », de Paul-Jacques Bonzon. Cela racontait l’histoire d’un jeune garçon menant une enquête policière autour d’un campanile en Italie, où sévissaient des malfaiteurs. Le second livre qui m’a impressionné était « La Peau de chagrin » d’Honoré de Balzac. Un récit fantastique que j’avais emprunté dans la bibliothèque de mon grand-père et qui m’est apparu à la fois effrayant et édifiant sur la nature humaine.

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre premier roman ?

Mon roman Bleu Eldorado, bien que publié en tant que troisième roman est le premier que j’ai écrit en entier (j’écrivais déjà avant). Je venais de terminer mes études, je commençais à travailler et j’éprouvais une grande envie de partir, de fuir au bout du monde. Aussi étrange que cela puisse paraître, je suis allée voir « Le Cercle des poètes disparus » au cinéma et le soir même, juste après la séance, j’ai commencé Bleu Eldorado. C’était en 1990. Après un millier de réécriture(s), il a été publié en… 2013 !

Pourquoi écrivez-vous ?

Parce que j’aime créer, inventer des êtres et leur histoire, c’est un moyen de vivre plus intensément, de se dépasser dans un domaine artistique. Ensuite parce que les mots sont un bon moyen de faire d’une aventure intérieure, une aventure partagée. Enfin, j’aime l’idée que la meilleure réponse à la question est cachée dans les livres. Ceux que j’écris et aussi ceux que j’ai lu…

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Difficile d’établir une règle générale. J’aurais tendance à penser qu’il vaut mieux, en tant qu’auteur, la qualité à la quantité de lecture… En ce qui me concerne, je n’ai jamais été une lectrice boulimique mais je lis « utile » pour améliorer mon style et je choisis, souvent, des thèmes éloignés de mes romans. Donc des essais philosophiques, des témoignages ou des récits de voyages qui me font réfléchir et m’interroger sur l’être humain.

Quelles sont vos habitudes d’écriture ?

J’écris le soir et la nuit. Peu importe le lieu. Je peux rester un an sans écrire et ensuite je vais écrire dix heures par jour ou plus, pendant deux mois et chaque instant de la journée seront des moments où je réfléchirai à l’histoire. Autrefois, je passais du temps à écrire à la main et jeter par la suite les pages en trop. Maintenant, je garde 75% de ce que j’écris d’un premier jet sur traitement de texte. Mais cette méthode demande un ajustement à mon environnement et mon travail parce que j’écris en continu et en dormant peu.

Avez-vous approché d’autres auteurs pour leur demander des conseils ?

Un de mes proches amis, Pascal Françaix était publié chez Fleuve noir alors que j’étais en quête d’éditeur. Je lui ai demandé de lire mon manuscrit. Il m’a dit de persévérer auprès des éditeurs parce que selon lui, ça en valait la peine. Un grand encouragement dont je lui suis aujourd’hui encore redevable… Une fois publiée, j’ai obtenu le prix du goéland masqué, en 2010, pour mon premier roman policier, Noir dessein en verte Erinn. Le président du jury était Jean-François Coatmeur, qui a une longue carrière d’écrivain, donc j’ai écouté avec attention ses remarques. L’une d’elles était de choisir entre le policier et le fantastique (mon roman contenait les deux) et de travailler la narration. Ce que j’ai fait. Je suis toujours très attentive aux conseils d’auteurs qui ont une plus longue expérience que la mienne.

Vous avez reçu le grand prix du roman d’évasion pour Bleu Eldorado. Au-delà de la satisfaction d’être reconnue par cette distinction, que peut apporter la remise d’un prix à un auteur ?

Pour préciser : le prix pour Bleu Eldorado était le deuxième prix que je recevais, puisque j’ai obtenu un prix du roman policier pour « Noir dessein » trois ans plus tôt. C’est très important, un prix – voire plusieurs. En tant qu’auteur, il est difficile de se situer, de s’auto-évaluer. Un prix rassure sur le fait qu’on peut continuer et qu’un public a choisi votre livre parmi beaucoup d’autres. Plus qu’une reconnaissance, c’est un encouragement vrai et sincère à poursuivre donc une belle étape dans un parcours souvent solitaire et incertain.

Vous écrivez donc des romans d’évasion. Est-ce une notion juste ou réductrice de vos écrits, selon vous ?

Ni l’un ni l’autre. J’écris des romans. Ensuite, l’éditeur et les libraires dont c’est le métier, choisissent une catégorie parce que, je pense, c’est plus facile pour le lecteur de s’y retrouver. Mais comme je l’ai dit, j’ai auparavant écrit deux romans édités en policier et l’un d’eux avait un contenu qui aurait pu le placer dans le fantastique ou le gothique. J’adore aussi les thrillers et l’aventure. Clairement, les catégories ne me concernent pas quand j’écris mais je les accepte comme nécessaires et utiles lors de la publication.

Quelle est votre actualité littéraire ?

Cet automne, j’ai terminé d’écrire un quatrième roman. Le manuscrit est actuellement en lecture chez mon éditeur (Les Nouveaux Auteurs). Ce qui me laisse le temps de relire mais aussi de réfléchir au roman suivant que j’ai déjà en tête et pour lequel j’accumule actuellement des « matériaux ».

Je ne peux rien dire de précis de mon manuscrit terminé, sinon qu’il s’agit – de l’avis d’un ami lecteur – d’un « roman noir ». J’espère que ce livre verra le jour en 2015. C’est en tout cas mon objectif le plus proche.

Je continue aussi de faire connaître Bleu Eldorado et mes deux romans précédents et je m’intéresse aussi à l’écriture scénaristique.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Je viens de terminer « Histoire d’un raisonneur » de Fernando Pessoa, publié aux Editions Christian Bourgois. Ce livre est constitué d’un ensemble d’essais sur la littérature policière, je vous en livre une phrase, que je trouve comme beaucoup de choses écrites par Pessoa, très juste : « Nous pouvons raisonner à l’infini, mais la réalité fondamentale de l’existence nous échappera toujours. »

Laurence Fontaine

Laurence Fontaine, née à Lille et vit dans le nord de la France. Professeur d’Histoire, Passionnée par le monde anglo-saxon, elle a souvent parcouru l’Irlande et les États-Unis. Son roman d’aventure, « Bleu Eldorado », un road-movie musical et littéraire à travers l’Amérique, a reçu le Grand Prix du Roman d’Évasion auprès du jury des lecteurs des Éditions les Nouveaux Auteurs en janvier 2013.

Elle a auparavant publié deux romans policiers sur l’Irlande contemporaine.

Elle vient de terminer son 4eme roman qui se déroulera entre la France, les États-Unis et le Mexique et travaille actuellement à l‘écriture de scénarios de documentaires pour la télévision.

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