Interview de Léna Jomahé
Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?
Alors ce n’est certainement pas le premier roman que j’ai lu, car j’ai commencé dès que j’ai su lire toute seule, c’est-à-dire au CP, mais c’est le premier livre qui m’a vraiment marqué. Il s’agit donc de la saga des Fantômette. Je devais être en CE2 et je les ai enchaînés. Je me revois encore, couchée sur mon lit, à tourner fébrilement les pages en me demandant si ce coup-ci Fantômette allait s’en sortir.
Comment l’écriture est-elle venue à vous ?
Je pense que l’écriture a toujours été en moi. Je suis une amoureuse des livres. De l’objet déjà pour commencer, que je trouve magnifique, mais aussi de ce qu’il m’apporte. Plonger dans un livre c’est comme avoir une nouvelle vie. Pas que la mienne me déplaise, loin de là, mais je trouve ça tellement magique de pouvoir vivre tant d’aventures, tant d’histoires, partir à la découverte de nouveaux mondes, de nouvelles personnes, bref, quand je suis dans un roman, j’y plonge à cent pour cent. Cet amour du livre je pense qu’il m’a été transmis par mon grand-père. C’était un grand lecteur. J’ai toujours connu SA pièce remplie de romans, d’encyclopédies, de dictionnaires. Il avait une grande table qui en était toujours recouverte. Et puis il écrivait aussi, pour son plaisir. Il aimait les mots, s’amusait avec eux et ce sont ses gènes qui coulent dans mes veines. J’ai toujours voulu écrire, sans oser me lancer. Mais en 2013, j’ai eu le déclic. Je venais de finir de lire un roman dont la fin de ne me satisfaisait pas. J’ai beaucoup râlé à ce propos, jusqu’à ce que je me dise que si je n’étais pas contente je n’avais qu’à écrire mes propres livres, au moins comme ça la fin me conviendrait. Comme si mon cerveau n’attendait que ça, en l’espace de quelques heures la trame complète des Oubliés m’est apparue. Je me suis mise au clavier et je n’ai plus arrêté jusqu’à ce que je pose le point final.
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
Je pense que lire apporte le nécessaire à la création d’un livre. Comment construire une histoire, comment faire évoluer une intrigue, un personnage, comment utiliser les mots à bon escient, comment structurer une phrase pour qu’à l’oreille elle sonne comme une musique. Tout ceci n’est pas inné, et je ne pense pas qu’il y ait beaucoup d’auteurs qui puissent écrire un livre sans jamais en lire un. Ma passion pour la lecture nourrit mon imaginaire, me montre ce que j’aimerais faire et surtout ne pas faire (principalement en terme de style) et par là même m’aide dans le développement de mes histoires. Je me rends compte que, depuis que j’écris, je ne lis plus de la même façon qu’avant. Mon œil est plus critique envers l’histoire, le style, la structure des phrases et le développement. Mais dans le même temps, je suis également plus critique envers moi-même. Les mots peuvent venir à moi très facilement, de la même façon que je peux passer un long moment sur une seule phrase parce que la tournure ne me satisfait pas et qu’elle ne sonne pas comme je le souhaite.
Pourquoi avoir commencé directement par une saga ?
Ça n’a pas été un choix. Lorsque j’ai commencé à prendre des notes pour le premier tome, je me suis vite aperçu que tout ne rentrerait pas en un seul roman, où alors qu’il serait très gros. Pour ne pas me restreindre dans l’écriture et le développement, j’ai préféré dès le départ faire le plan pour deux tomes.
Avez-vous été surprise/déçue par vos premiers contacts avec un éditeur ?
Très surprise. Pour tout vous dire à la base je n’avais pas projeté d’envoyer le manuscrit à la rencontre des maisons d’Édition. Ce sont mes relectrices qui m’ont poussée à le faire. J’ai fait beaucoup de recherche sur internet, pour savoir quels seraient les éditeurs susceptibles d’accueillir le manuscrit d’une auteur absolument pas connue et sortie de nulle part. J’en ai sélectionné deux à qui je l’ai envoyé et un mois plus tard, je recevais deux réponses positives. Je n’en croyais pas mes yeux. Même encore aujourd’hui d’ailleurs…
Quel plaisir apporte l’imaginaire qu’on ne retrouve pas dans les autres genres ?
Justement de se retrouver confronté à des évènements, des situations, des personnages, que l’on ne peut pas croiser dans notre quotidien. Que ce soit en tant que lectrice ou en tant qu’auteur, j’ai besoin de m’évader. Dans la littérature de l’imaginaire, il n’y a pas de limite sauf celle de notre imagination, tout est possible, tout peut arriver, et c’est ce qui me fait frissonner.
Vos proches se retrouvent-ils personnages de vos romans ?
Non. Mes personnages ne ressemblent absolument pas à mon entourage. Ils ont peut-être bien tous un peu de moi en termes de caractère (sauf Stan, le personnage masculin de ma future saga La Sorcière Rouge. Lui est doué d’une volonté propre et je décline toute responsabilité), mais ils sont surtout eux, tels qu’ils me sont apparus.
La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?
J’aime particulièrement sur les salons quand on me dit « C’est vous qui l’avez écrit ? », j’ai tendance à vouloir répondre « Non, je l’ai piqué à la voisine, mais chuuuuut, ça reste entre nous… ». Lors du dernier salon auquel j’ai participé, on m’a également abordé en me disant « Je sens que vous avez énormément de magnétisme en vous… est-ce que vous le sentez également ? Et est-ce que vous sentez le mien ? » « Hummm, là, comme ça, tout de suite… non… ». Et puis il y a toutes les réactions qui font sourire même si elles ne sont pas forcément amusantes « Ah, vous écrivez… et autrement, vous avez un vrai métier à côté ? », « Auteur ? Ah, mais ce n’est pas un travail ça madame, tout le monde peut se dire écrivain ! ».
Quelle sera votre prochaine saga ?
En 2015 j’ai deux actualités. Pour commencer en septembre, Derniers Jours, la réédition du premier tome des Oubliés, ma saga Dystopique, aux éditions Plume Blanche. Puis en fin d’année, la sortie du premier tome de La Sorcière Rouge, de l’Urban Fantasy, aux éditions Valentina.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Je viens de terminer La faille de la nuit, le tome 8 de la saga Mercy Thompson de Patricia Briggs. J’ai passé un très bon moment comme toujours en compagnie de Mercy.
Léna Jomahé
Née en 1978 à Grenoble, Léna Jomahé a eu pendant plusieurs années la bougeotte. Après quelques aller-retour entre Bordeaux et La Martinique, elle a décidé de déposer définitivement ses valises dans le sud-ouest de la France, en 2013. Très grande passionnée des lectures de l’imaginaire depuis son plus jeune âge, elle a toujours rêvé d’écrire. En 2013, elle décide de se jeter enfin à l’eau.
Ce sera la naissance de sa première saga : Les Oubliés, une Dystopie rééditée aux éditions Plume Blanche en septembre. La Sorcière Rouge, sa saga d’Urban Fantasy, sera disponible aux éditions Valentina en fin d’année.
Avec les pieds sur terre et la tête dans les nuages, son imagination toujours en ébullition la met à rude épreuve, ses doigts brûlent de nouvelles histoires à coucher sur son clavier et elle aimerait disposer de journée de 53H28 exactement afin de pouvoir se consacrer à toutes sans exception.
Pour en savoir plus sur Léna Jomahé : lena-jomahe.com