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Interview de Nils Barrellon

9 Mai 2015

COUVERTURE-La fille HDQuel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Dur dur. Je me souviens de Mon bel oranger de José Mauro de Vasconcelos que nous avions étudié en sixième. Ce ne devait pas être le premier mais c’est celui dont je me souviens. Ne me demandez pas en revanche de quoi cela parle. J’ai aussi un souvenir assez fort de Moby Dick de Melville. Mais était-ce avant ?

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première histoire ?

Même embarras. Mes souvenirs sont flous. Je me souviens d’une nouvelle assez longue, écrite à l’âge de dix-huit ans. Le contexte : une fille dont j’étais amoureux mais que je n’osais pas aborder. Dans la nouvelle j’y arrivais ! La littérature a cela de magique…

Pourquoi écrivez-vous ?

Pour être lu ! Je ne crois pas tous ceux qui affirment le contraire. Écrire est un travail artistique. Ainsi, comme le peintre souhaite être vu par le plus grand nombre, le musicien entendu par l’auditoire le plus large, je pense que l’écrivain souhaite toucher une infinité de lecteurs. Pourquoi ? Pour qu’on lui dise que c’est bien. Qu’on a aimé. Qu’on a passé un bon moment en sa compagnie. Bref, qu’on l’aime. J’écris pour être aimé. Euh… je suis peut-être allé trop loin là, non ?

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

C’est mon avis et mon cas. Ne nous leurrons pas, il ne s’écrit rien de fondamentalement nouveau. On ne fait (et moi aussi évidemment) que réécrire ce qui l’a déjà été. Pour ma part, c’est encore plus vrai. Je puise mon inspiration dans ce que je lis ou j’ai lu, je pompe quoi. La difficulté réside dans la capacité à synthétiser ses lectures pour leur donner une forme personnelle. Trouver son style. S’affranchir des références sans les oublier.

Vous êtes professeur agrégé de sciences physiques. Souhaiteriez-vous, comme certains auteurs de thrillers, mettre la science au coeur de votre oeuvre ?

Oui. J’adore la science ET j’adore la littérature (un de mes bouquins préférés est le Grand Roman de la Physique Quantique de Manjit Kumar). J’aime apprendre des choses quand je lis, c’est mon côté prof – ou élève, les deux sont corrélés ceci étant ;-). Cela se voit d’ailleurs dans Le Jeu de l’Assassin et La fille qui en savait trop dans lesquels les notes de bas de page sont nombreuses (trop même me reprochent certains). J’ai dernièrement fini deux romans qui sont en lecture dans les maisons d’édition : l’un m’a demandé énormément de recherches historiques, l’autre de recherches scientifiques… Balistiques pour être plus précis ! Enfin, je travaille actuellement sur mon prochain thriller où la science sera le sujet principal : la biologie, la médecine et les sciences du numérique !

Vous êtes fan de San-Antonio. Votre commissaire Kuhn ne manque pas d’humour. Une filiation ?

Évidente ! J’ai lu les Sana chez mon grand-père qui les possédait tous. Je suis un fan absolu même si je ne les lis plus. J’aimais son humour. Pour ne rien vous cacher, le premier épisode des enquêtes du commissaire Kuhn (resté à l’état de manuscrit) n’était rien d’autre qu’un plagiat de Sana. J’ai dû m’en détacher (Cf quatrième question !) Toutefois, j’ai gardé la première personne du singulier qui, de part son point de vue unique, impose un rythme, une chronologie particulière (renforcée par l’emploi du présent de l’indicatif).

Êtes-vous un auteur d’instinct ou un auteur à plan ?

Plan. Toujours pour ce premier épisode du commissaire Kuhn qui s’intitulait Delitmotion.com, j’étais parti à l’aveuglette, la fleur au clavier. Je l’avais attaqué par une scène que j’aurais aimé lire dans un roman : une femme venait trouver Nils Kuhn pour s’accuser du meurtre de son mari. Les premiers chapitres furent écrits très rapidement… C’est quand il a fallu boucler l’enquête que cela s’est corsé. Comment pouvais-je m’en sortir ? J’ai réussi, je pense, à obtenir un résultat correct mais j’en ai bavé ! Depuis, je dresse le plan de l’intrigue en amont. Un grand tableau Word dans lequel je détaille ce que chaque chapitre doit contenir comme infos, comme révélations… C’est beaucoup plus facile.

Quel est, pour vous, le lecteur idéal ?

Celui qui aime mes romans évidemment ! Plus sérieusement, le lecteur doit être critique. Il ne faut pas aimer un livre parce qu’il a été encensé par la critique et qu’il fait le buzz sur Internet. J’avoue que ce n’est pas toujours facile. Personnellement, j’ai le travers inverse : plus j’entends du bien sur un livre, plus on en parle, plus je suis déçu. Je l’attaque même souvent avec un a priori négatif. Mais je me soigne, ne vous inquiétez pas !

Pouvez-vous nous parler de votre prochain roman ?

Le prochain épisode des enquêtes du commissaire Kuhn est terminé. Il se passera dans un lycée. Kuhn sera confronté à un méchant assassin qui l’emmènera dans des contrées lointaines. Je suis très content de ce troisième roman. Même recette que les précédents : intrigue vraisemblable et humour. D’autre part, j’ai deux autres romans, un thriller et un polar, qui attendent de trouver preneur. 😉

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Papillon d’Henri Charrière. Je l’ai lu trois fois (à 20, 30 et 40 ans) ce qui constitue mon record. Il faut dire que je reviens de vacances en Guyane où j’ai visité le camp de la Transportation à Saint-Laurent du Maroni et les îles du Salut (Royale, Saint-Joseph et du Diable sur laquelle fut emprisonné Dreyfus). Les lieux sont très bien conservés (même si la jungle a repris ses droits) et on peut imaginer sans peine l’enfer vécu par les bagnards sur ces îles paradisiaques. J’enchaîne d’ailleurs avec La guillotine sèche de René Belbenoit, un autre témoignage d’un ex-« dur » qui a réussi à s’évader (moins romanesque que celui de Charrière – dont on dit qu’il n’a pas fait tout ce qu’il raconte dans son livre). J’aime apprendre en lisant, je vous l’ai dit.

Nils Barrellon

Nils Barrellon

Nils Barrellon est professeur agrégé de sciences physiques au lycée Rodin à Paris. Il est marié et père de trois enfants. Il a commencé à enseigner en 1996 et est professeur de lycée depuis 2003.

Il signe avec Le Jeu de l’Assassin (2014) son premier roman qui a été finaliste du Prix Quai des Orfèvres 2013, du Prix Balai de la Découverte 2014 et du Prix Polar Lens 2015.

En mars 2015 est sorti le deuxième épisode des enquêtes du Commissaire Kuhn intitulé La fille qui en savait trop.

Il est également l’auteur de de nouvelles et de pièces de théâtre dont l’une a gagné le Prix de la Comédie au Festival de Dax en 2004.

Pour en savoir plus sur Nils Barrellon :
nilskuhn.blogspot.com

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