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Interview de Nicolas Mathieu

21 Mar 2015

auxanimauxlaguerreQuel est le premier livre que vous ayez lu ?

En CP, une vague histoire d’astronaute. Mais mes premiers souvenirs de lecteur sont liés à Sherlock Holmes et Arsène Lupin. Ma fascination pour le premier reste intacte.

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre premier roman ?

J’exerçais un drôle de job qui consiste à faire des comptes rendus de réunion. Et c’est comme ça que j’ai assisté à plein de plans sociaux en 2008. J’étais dans l’oeil du cyclone en pleine crise des subprimes. J’avais envie de raconter ça, la dégringolade de pans entier de l’industrie, la lutte à mort entre salariés et employeurs. etc.

Pourquoi écrivez-vous ?

Parce qu’en CE1, la première fois où on a du écrire une histoire, c’est moi qui est pondu la meilleure et que je recherche inlassablement à reproduire cette satisfaction narcissique.

Parce que je voudrais qu’on m’aime.

Parce que c’est le seul moyen d’organiser le chaos où je me débats.

Parce que la vie nous mène une guerre de chaque instant et qu’il faut bien rendre les coups.

Parce que tous les gens que j’admire écrivent.

Parce que il n’y a aucune place dans la société qui me fasse envie, aucun rôle ni emploi. Et que l’écriture autorise ça, n’occuper aucune place, aucun rôle, aucun emploi.

Parce que j’aime avoir écrit.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

A part Christophe Rocancourt, je ne vois pas qui pourrait prétendre le contraire.

Quelles sont vos habitudes d’écriture ?

Je bosse sur mon ordi. je suis meilleur le matin. Je produis du texte, en général trop, et puis je relis et réécris inlassablement jusqu’à ce que plus rien ne dépasse.

Avez-vous approché d’autres auteurs pour leur demander des conseils ?

Non, pas vraiment. En revanche, je me suis inspiré de ce que je lisais ici ou là, dans des bio ou des interviews. Les 10 règles d’Elmore Leonard sont un exercice d’hygiène scripturale que je recommande à chacun. Hemingway: Ecris la phrase la plus vraie que tu connaisses. Ou Philip Roth qui a un abécédaire sous les yeux, pour se rappeller qu’il faut simplement mettre une lettre après l’autre pour écrire un mot. Et un mot après l’autre pour faire une phrase et ainsi de suite. Si on considère le livre dans son ensemble, c’est vraiment terrifiant. Il faut y aller modestement, inlassablement, un bout après l’autre.

Quelles sont, pour vous, les spécificités du roman noir ?

Une intrigue criminelle qui sert de prétexte à un discours sur l’état du monde.

Recevoir trois prix pour son premier roman, ça facilite l’écriture du deuxième ou ça fout une pression telle que les mots glissent moins vite sous la plume ?

En fait, même si ça me réjouis beaucoup et me rassure, je suis vraiment dans l’anxiété de la suite et je me pose pas la question de cette manière. J’ai une idée en tête, un projet et je me demande comment le mener au bout, au point où je pourrai me dire que j’ai fait le job. Et en écrivant le premier, j’ai quand même acquis un peu de métier. je m’en sers.

Quelle est votre actualité littéraire ?

Je finis une nouvelle et je bosse sur mon deuxième roman.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Grossir le ciel de Bouysse. C’est pas rien.

Nicolas Mathieu

Nicolas Mathieu

Nicolas Mathieu est né à Épinal en 1978. Après des études d’histoire et de cinéma, il s’installe à Paris où il exerce toutes sortes d’activités instructives et mal payées.

Aujourd’hui, il écrit pour un site d’infos en ligne. Aux animaux la guerre est son premier roman.

Photo : Arnaud Thiry

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