Interview de Marie-Christine Horn
Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?
Un truc pas drôle, mais qui m’avait fascinée. Ma mère était abonnée au Reader’s digest et recevait régulièrement les sélections, un livre qui en compilait quatre, dont notamment L’enfant qui ne pleurait pas de Torey Hayden. À 7-8 ans, ça marque un peu.
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
Ça dépend de ce qu’on entend par auteur, on peut être auteur de beaucoup de choses, hein ! Cependant, si on parle d’écriture, j’ai tendance à croire qu’il est plus facile de maîtriser les techniques inhérentes quand on lit beaucoup et qu’avant tout il faut aimer lire pour avoir le goût d’écrire. En bref, il n’est pas improbable de trouver sur cette planète d’excellents pâtissiers qui détestent les gâteaux, mais disons que ça aide d’être gourmand quand on choisit ce métier.
Avez-vous beaucoup écrit avant d’être éditée ?
Énormément. Un quintal de déclarations d’amour, des kilomètres de lettres d’amitié, deux ou trois cartons de manifestations colériques. Je suis issue d’une époque accro au papier lettre. Ça n’a l’air de rien, mais en réalité, entretenir les amitiés à distance sur 10 pages par semaine, ça nécessite imagination et sens de la formule. J’ai écrit utile ou par passion, amicale ou amoureuse, de la correspondance à la Madame Palatine qui ne sera jamais publiée. Puis j’ai créé une histoire parce que j’en avais envie, par jeu, et j’ai reçu assez rapidement une réponse positive pour la publication.
Comment s’est passée la sortie de votre premier livre, La Piqûre ?
Assez bien, en fait. Le livre a rapidement été classé dans le top 5 des ventes en ligne sur un site français, obtenu des coups de cœur libraires, réimprimé trois fois en l’espace d’un an. Pour un premier livre, je me rends compte aujourd’hui que c’est plutôt pas mal. Mais à l’époque, je n’en avais pas conscience.
Vous avez pris un pseudo sur le tard. Pourquoi ce choix ?
Par opportunité. Le changement de nom s’imposait, ce n’était pas une option. Un travail dont on est fier mérite d’être signé par un nom qu’on porte fièrement. Horn est le nom de cet homme droit, intègre, bon, intelligent et généreux qu’était mon grand-père. En plus il était plutôt beau mec. Il écrase sans conteste et sans regret le précédent patronyme.
Pouvez-vous nous parler du projet Bus Tour ?
Oh, ça c’était un projet, qui s’est concrétisé, auquel je suis contente d’avoir participé. L’idée de base était simple : un bus circulant dans une ville, les passagers devenant spectateurs le temps du trajet. Aux arrêts, des habitants au destin particulier se joignaient à l’équipée pour raconter leur expérience de leur région. Pour lier le tout, une guide faisait office de clown blanc et c’est pour l’écriture de ce rôle-là qu’on m’a contactée. C’est très émouvant et impressionnant d’écouter une comédienne de talent interpréter le texte qu’on a écrit pour elle. C’est une expérience que je me réjouis de renouveler un jour.
La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?
Oh là là, y’en a quelques-unes que je ne peux pas raconter, au risque de laisser supposer que les auteurs sont des gens bien moins sérieux qu’ils prétendent le faire croire, héhéhé. Peut-être celle-ci, le jour où un lecteur me parlait avec grande émotion de l’un de mes personnages auquel il s’était attaché, vantant ses qualités avec une pointe amoureuse dans la voix. Je l’avais interrogé sur l’ambiguïté de l’homme en question et il m’avait répondu du tac au tac que je n’avais rien compris à sa personnalité.
Neuf ans après, dans Tout ce qui est rouge, votre nouveau roman, vous reprenez le personnage de flic de La Piqûre. Pourquoi ce retour aux sources ?
En réalité ç’a toujours été prévu comme ça. Je voulais créer une série policière avec Charles Rouzier et c’est dans cette optique que j’ai écrit La Piqûre. Je me suis seulement légèrement dispersée en route car je suis une personne très instable.
Avez-vous déjà en tête le thème de votre prochain roman ?
En tête, oui, mais je ne peux pas en parler hormis vous dire que Charles Rouzier sera de la partie. Si j’en parle, je me sentirai obligée de le faire et si je me sens obligée, je vais changer d’avis.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Salopes ! de Coline de Senarclens.
Marie-Christine Horn
Auteure suisse née à Fribourg, Marie-Christine Horn a signé son premier roman en 2006, un policier intitulé La Piqûre dont la trame principale se déroule entre Lausanne et Rio de Janeiro. Ce thriller à rebondissements a obtenu une mention « Coup de cœur » chez Payot.
Son deuxième ouvrage, paru en 2008, est une fiction pour la jeunesse mêlant frissons et rock n’roll, School Underworld et les ondes maléfiques, pour lequel elle a reçu le prix des Jeunes Lecteurs de Nanterre en 2009.
Elle a publié en 2011 un témoignage unique sur la vie avec un enfant souffrant d’un TDAH, La Toupie : vivre avec un enfant hyperactif. Son quatrième ouvrage, Le nombre de fois où je suis morte, est un recueil de nouvelles mêlant détresse et humour noir (2012, Éditions Xenia).
En 2014, une version illustrée de son livre jeunesse a été publié aux éditions Snow Moon sous le titre de La malédiction de la chanson à l’envers.
Tout ce qui est rouge, en continuité de la série policière débutée avec l’inspecteur Rouzier au travers de La Piqûre, est paru le 15 août 2015 aux éditions de l’Âge d’Homme.
Marie-Christine, qui publiait jusqu’en 2015 sous le nom de Buffat, signe également des chroniques pour différents quotidiens. Elle a écrit le texte d’un spectacle intitulé Bus Tour 2 qui a été programmé par le théâtre C02 de la Tour-de-Trême en 2013.
Elle a en outre contribué à différents collectifs, notamment Le dos de la cuiller recueil de nouvelles érotiques paru en 2013 aux éditions Paulette et Désirs sortie annoncée en novembre 2015 aux éditions Encre fraîche.
interview très sympathique et j’ai lu la Piqure, donc je continue, merci