Interview de Olivier Gay
Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?
Le Grand Réparateur, de Guy Jimenes, quand j’étais en CP. Un garçon s’invente un double maléfique qui répare toutes ses bêtises… et du coup, l’entraîne à en commettre de plus en plus.
Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première histoire ?
Quand j’avais sept ans, j’ai tapé sur la vieille machine à écrire de mes parents (mais si, celle sur laquelle il fallait utiliser un papier spécial et retaper la lettre pour effacer) un plagiat honteux de l’Oreille Cassée de Tintin. Malheureusement, je n’ai jamais réussi à dépasser deux pages.
Mon premier roman achevé s’appelait Zogodeutron et la Planète Verte. J’avais onze ans et l’histoire se déroulait dans l’espace. Mon héros découvrait une planète recouverte d’une jungle épaisse dans laquelle tous les explorateurs avaient déjà disparu (tintintin).
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
Je connais de très bons auteurs qui ne lisent pas, mais il est évident que ça aide. Inconsciemment, on construit notre style en fonction de ce qui nous plaît, ce qui fonctionne sur nous, ce qui nous touche.
C’est également plus facile de comprendre les réactions de nos lecteurs quand on en est un nous-même. Pour prendre un exemple, quand j’écris une série, je sors les livres à intervalle rapproché parce qu’en tant que lecteur, je ne supporte pas d’attendre (hint, hint, George Martin).
Vous avez été consultant en stratégie marketing. Est-ce une expérience qui vous sert en tant qu’auteur ?
Autrefois, on imaginait l’auteur comme un ermite dans sa grotte, au-dessus des contingences matérielles.
Aujourd’hui, l’écrivain ne doit pas seulement écrire un bon livre, on attend aussi de lui qu’il le vende – par sa présence sur les réseaux sociaux, sur les salons, dans les festivals. Mon expérience de consultant ne me sert pas pour écrire (quoique je tape vite ^^) mais peut être utile pour les côtés annexes.
Aujourd’hui, vous avez la chance de vivre de votre plume. Comment s’est passé le passage de votre ancien job à celui d’écrivain ?
Brutalement ! J’ai démissionné le lendemain de la remise du prix du Premier Roman Policier (pour Les Talons hauts rapprochent les filles du ciel). Si jamais ça n’avait pas fonctionné, j’aurais postulé de nouveau, mais je voulais me donner cette chance avant d’avoir des enfants et un crédit sur le dos. Ma compagne m’a aussi soutenu dans cette décision qui n’était pas forcément facile (« chérie, je quitte un super job pour la vie de bohème, tu en penses quoi ? »). Et finalement, j’ai eu raison puisque ça marche et que j’en vis très bien.
Le premier personnage que vous avez créé, Fitz, est un fêtard coureur de jupons. Qu’y a-t-il de vous dans les personnages de vos romans ?
Hum. Euh… Je…
On écrit toujours mieux sur ce qu’on connaît. Fitz a été modelé sur ma personnalité il y a maintenant sept ou huit ans, à une époque où j’écumais les soirées parisiennes avec un groupe d’amis. Nous nous nommions le Vodka Club – et c’était plutôt sympa.
Bien sûr, depuis, je suis devenu pur et sage.
Avez-vous été surpris/déçu par vos premiers contacts avec un éditeur ?
Pas vraiment. J’ai conscience que j’ai eu beaucoup de chance mais je suis tombé directement sur un éditeur sérieux (Le Masque), qui donne des à-valoir, envoie sa reddition de comptes au bon moment et répond aux mails qu’on lui envoie. J’ai eu plus de souci avec l’éditeur Lokomodo pour mes romans de fantasy (certains auteurs ont encore des ennuis pour reprendre leurs droits) mais je m’en suis plutôt bien sorti puisque mes romans ressortent en fin d’année chez Bragelonne.
La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?
Lors d’une dédicace, une vieille dame en déambulateur rentre dans la librairie, regarde l’affiche en grand format, me regarde, regarde l’affiche, me regarde… puis se met à hurler : « hiiiii, c’est vous Olivier GAY, je vous adore, je peux faire un selfie avec vous ? ». Alors voilà, on rêve toute sa vie de devenir une star et quand quelqu’un vous reconnaît, c’est une dame de quatre-vingt cinq ans.
Quelle est votre actualité littéraire ?
– L’intégrale du Boucher et de la Servante sort chez Bragelonne en décembre sous le nom Les épées de glace.
– Le tome 5 du Noir est ma Couleur sort en février et conclut la série.
Il y a également un roman policier au Masque et un roman pour enfants chez Rageot prévus pour 2016, ainsi que le début d’une trilogie dans la continuité du Noir est ma Couleur.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Aeternia, de Gabriel Katz. Cela fait une éternité que je lui disais que je le lirais et j’ai enfin sauté le pas. Pour moi qui suis fan de Gemmell, c’est forcément excellent.
Olivier Gay
Né à Grenoble en 1979, Olivier Gay a longtemps exercé comme manager en cabinet de conseil. Le succès de ses premiers romans lui ont permis de tout plaquer pour se consacrer entièrement à l’écriture, dans le domaine de la fantasy et de la jeunesse.
Vivre de sa plume… Un rêve !