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Interview de Frédéric Ernotte

8 Mai 2015

ERNOTTE-C1Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Je suppose qu’un livre de cuisine avec une recette de mousse au chocolat ne compte pas donc… La potion magique de Georges Bouillon de Roald Dahl. Une recette détonante pour donner le goût de la lecture !

Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre premier roman ?

Je me suis lancé dans l’aventure C’est dans la boîte au détour d’un couloir à l’Université. Enthousiasmé par ma nouvelle À tout prix, Philippe Marion, professeur à l’École de Journalisme de Louvain, m’a mis au défi d’écrire un roman. J’avais très peu dormi et je pensais qu’il plaisantait. J’ai hésité quelques secondes en me rendant compte qu’il était sérieux et puis j’ai accepté de relever ce défi complètement dingue. Comme quoi, parfois, il ne faut pas trop réfléchir. La curiosité est un merveilleux défaut. Je voulais savoir si j’étais capable d’arriver au bout. Et ne pas avoir de regrets.

Pourquoi écrivez-vous ?

J’ai toujours aimé l’idée d’inventer des histoires et d’y faire évoluer des personnages. Tout est possible devant une page blanche et c’est grisant. Il y a tellement d’histoires dans ma tête que j’en écris certaines pour éviter l’explosion.

Je dois aussi cette envie d’écrire à des auteurs. J’ai un jour poussé une porte derrière laquelle se trouvaient Stephen King, Agatha Christie… Avec Dix petits nègres entre les mains (pour n’en citer qu’un), j’ai compris que lire pouvait être amusant. Qu’un livre pouvait tenir en haleine et empêcher quelqu’un de dormir. Que l’envie de tourner les pages était susceptible de remporter des batailles épiques contre des paupières trop lourdes. Je me suis dit qu’être celui qui offre de tels moments à des lecteurs devait être jouissif. Ça se vérifie et on y prend vite goût malgré les difficultés. En plus, les personnes qui me suivent sont exceptionnelles. Elles m’encouragent à continuer alors je fais mon possible pour ne pas les décevoir.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Aucune idée. Un grand lecteur peut-être pas, mais je pense qu’il faut lire et être curieux de ce que font les autres quand on décide d’écrire. J’essaie de ne jamais terminer la journée par un écran donc ça me donne du temps pour lire. Chaque livre peut donner des conseils.

Par contre, pour l’anecdote, je n’ai lu aucun roman noir pendant l’écriture de C’est dans la Boîte. Ma bibliothèque Polar/Thriller me terrorisait. Peur de tomber sur un excellent livre et d’abandonner mon projet en comparant. Peur aussi de copier inconsciemment les bonnes recettes des autres. Je me suis coupé du mauvais genre la mort dans l’âme pour essayer de préserver l’originalité de mon roman et la conviction que j’arriverais au mot fin. Je suis incapable de dire si cette parenthèse était utile ou non. Par contre, je me suis bien rattrapé depuis. Les livres ne sont pas trop rancuniers.

Que se racontent deux auteurs qui se rencontrent ?

On cherche la meilleure méthode pour se débarrasser d’un corps… Plus sérieusement, on parle de tout et de rien. Pas exclusivement de littérature. Bon OK, le sujet revient régulièrement quand même et on parle cuisine interne. Les projets respectifs, les salons, le prix des livres, la littérature dans l’enseignement, la survie des libraires qui nous tient beaucoup à cœur. On partage les frustrations et les bons tuyaux. On aime surtout se retrouver et faire la fête pour oublier que c’est très compliqué de vivre de sa plume.

À quel stade d’écriture d’un roman un auteur s’écrie-t-il C’est dans la boîte ?

Je préconise de le crier le plus souvent possible. En écrivant le mot fin. Quand vos correcteurs donnent le feu vert. Quand un éditeur vous tend un bon contrat. Quand la maquette est corrigée et qu’elle part vers l’imprimerie. Quand vous tenez votre livre pour la première fois en vous rendant compte qu’il existe réellement. Quand vous tombez nez à nez avec lui chez un libraire. Mais tout ça n’a aucun sens sans les lecteurs. Un auteur s’écrie C’est dans la boîte quand il découvre les commentaires sur son travail. J’ai reçu énormément de belles critiques et même le Prix du Balai de la Découverte à Paris. Dans des moments comme ceux-là, je me dis : « Wow… Mon roman a été lu et apprécié. C’est dans la boîte ! »

La Belgique est un vivier d’excellents auteurs à la folie douce. Comment expliquez-vous cela ?

Nous sommes un petit pays par la taille, mais il y a de la diversité en Belgique. Il y a surtout beaucoup de talent et des auteurs avec une réelle liberté de ton. Je pense à Barbara Abel, Nadine Monfils, Dimitri Verhulst, Thomas Gunzig, Éric Neirynck et à l’excellent Paul Colize. Il y en a tellement… Je crois que notre éveil sur les autres et notre capacité à rendre de belles copies sans trop nous prendre au sérieux nous permettent de sortir des rangs. Derrière cette folie douce, on peut souvent trouver de l’humour, une grande poésie et de la sincérité.

C’est quoi un Workaholic ?

Quelqu’un qui oublie qu’il est préférable de travailler pour vivre plutôt que de vivre pour travailler.

De là est né le blog Journal d’un Workaholic. J’ai endossé le rôle de ce bourreau de travail pour partager un regard différent sur notre quotidien. Un workaholic n’est pas tendre. Ni avec lui-même ni avec ses contemporains. C’est un personnage génial à incarner.

Le blog est aussi mon laboratoire. Il me permet d’essayer un tas d’outils quand c’est nécessaire et de voir ce qui fonctionne. Faute de temps, je l’ai un peu mis en pause pendant la rédaction de mon second roman. J’avoue, il y a des toiles d’araignées dans le labo…

C’est dans la boîte est votre premier roman. C’est quoi la suite ?

Trouver une amoureuse, ce serait bien… Comme le dit Harry Quebert : « Quand on aime, on est plus fort ! On est plus grand ! On va plus loin ! » Et concernant les livres : un roman intitulé L’Altruiste qui se trouve actuellement chez les éditeurs qui m’ont demandé le manuscrit. J’ai décidé de surprendre en quittant le terrain du roman noir. On ne se refait pas, les lecteurs retrouveront quand même le style incisif qui me caractérise. J’ai plongé mon personnage principal dans des questionnements contemporains sur la solidarité, le vivre ensemble, l’argent… D’un quiproquo va naître une succession de situations plus périlleuses les unes que les autres avec une question en toile de fond : est-ce forcément mal de ne pas faire le bien ?

Je vais aussi poursuivre la construction de mon site. Notamment le projet de salon virtuel dans lequel des auteurs et d’autres invités viennent dialoguer et débattre en direct avec les internautes pendant une heure. On verra si la mayonnaise prend…

Pendant ce temps, je creuse l’idée du troisième roman en agrandissant ma fresque en post-it…

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert de Joël Dicker. Comme vous le voyez, j’ai le même problème que de nombreux lecteurs : un peu de retard dans ma montagne à lire…

Frédéric Ernotte

Frédéric Ernotte

Frédéric Ernotte est né à Namur (Belgique) le 28 janvier 1982.

Assistant social et journaliste de formation, il écrit son premier roman pour relever le défi que lui lance un de ses professeurs.

Adepte du suspense et des romans policiers, il publie le thriller C’est dans la boîte en 2012 et reçoit le Prix du Balai de la Découverte à Paris pour ce huis clos surprenant. Jusqu’à présent, il vécut heureux et eut beaucoup de lecteurs.

Pour en savoir plus sur Frédéric Ernotte : fredericernotte.wordpress.com

Photo : Les Pictographistes

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