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Interview d’Anna Combelles

27 Fév 2016

magus-torrimQuel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?

Les malheurs de Sophie de la Comtesse de Ségur. Je me souviens du livre (objet) et du lieu où je le lisais, chez mes grands-parents. De l’histoire aussi, mais je l’ai relu plus tard, à mes enfants.

Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?

Oui, je pense qu’il est important d’ouvrir son esprit et de lire les autres auteurs. D’abord cela rend modeste, car on se rend compte du talent des autres. Ensuite, cela permet de faire fonctionner l’imagination, de réfléchir à « comment on aurait tourné l’intrigue », par exemple, ou de faire vivre d’autres aventures aux personnages. Cela peut être totalement inconscient. Lire est une source de plaisir et d’ouverture, en plus d’être une base de connaissance.

Comment l’écriture est-elle venue à vous ?

J’écrivais au collège. On voulait faire une BD, avec une amie. Elle dessinait les petites histoires que je lui proposais. C’était très nul, je dois l’avouer, mais c’est là que j’ai posé mes premiers mots. Bien sûr, j’ai écrit quelques poèmes évoquant la dure vie d’une adolescente. Puis, j’ai fait partie du journal du lycée, où j’ai écrit des articles, mais aussi quelques nouvelles.

En 2004, j’ai repris la plume pour un concours organisé dans ma ville par un club de lecteur. J’ai obtenu le prix du jury, qui est un encouragement sympathique. Je n’ai alors plus arrêté d’écrire. Je me suis adonnée à l’art particulier des fans-fictions, car je ne pensais pas que mes propres textes trouveraient des lecteurs. L’une de mes fans-fiction a été primée (sur un site fermé depuis). Elle était très « décalée » par rapport au monde de l’auteur d’origine, ce qui m’a donné envie de continuer à explorer mon univers.

Enfin, en 2009 j’ai osé envoyer mon premier manuscrit.

Avez-vous été surprise/déçue par vos premiers contacts avec un éditeur ?

Oui, très surprise. D’abord par les lettres jamais reçues. C’est un manque de politesse qui ne les honore pas. J’aime mieux un non clair, même non argumenté, qu’une absence de réponse.

Mais comme j’ai envoyé en tout et pour tout 7 manuscrits, j’ai reçu peu de refus, et trois éditeurs étaient intéressés dès le premier envoi. L’un d’eux voulait que je patiente, car ils attendaient un retour d’un de leur auteur qui tardait à fournir son texte. Or, l’attente a duré plusieurs mois dans un silence malsain. Lorsque je les ai recontactés, ils m’avaient oublié.

Ces pratiques sont courantes et, malheureusement, les auteurs ne peuvent pas faire grand-chose.

Heureusement, d’autres maisons sont bien plus cordiales.

Écrivez-vous les livres que vous auriez aimé lire ?

Oui, évidemment. Cela peut sembler hyper égoïste, j’écris avant tout pour moi-même. Si ce que j’écris ne me plaît pas, ne m’envoûte pas, je le détruis. J’ai mis, hier, 25000 signes à la corbeille (en un clic). Le texte était bancal, je soufflais et pestais en le lisant. Donc, inutile de poursuivre.

Vous êtes par ailleurs infirmière anesthésiste. Compensez-vous en écrivant des histoires qui évitent l’endormissement ?

J’espère que mes histoires tiennent les lecteurs éveillés.

L’univers des soins anesthésiste est cartésien, rigoureux et sans possibilité d’imaginer ou de créer. Ce serait trop dangereux. Nous suivons des protocoles et la vie des patients ne permet pas d’à peu près, pas d’innovation ou de gestes bizarres.

C’est cette gangue que j’explose en écrivant de la fantasy. Là, je peux m’amuser à faire vivre à mes héros des expériences fantasques, dans la limite du probable. Un mort peut revivre, et c’est sûrement un des points cruciaux de mes choix en écriture.

La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?

Je me suis retrouvée enfermée dans les toilettes d’un magasin. Comme les toilettes étaient un peu à l’écart, j’avais beau appeler, personne ne venait. Et bien sûr, mon téléphone était dans mon sac, resté à la table de dédicace.

Pouvez-vous nous parler de votre dernier roman, Magus Torrim ?

Magus Torrim raconte l’histoire d’Irwam, la gardienne du voile, de Nathan, un jeune créateur que les gardiens surveillent, ainsi que de Cassiodore et Léandre, deux jeunes héros d’un roman que Nathan a mis en vie. C’est le deuxième tome de La complainte d’Irwam.

Le premier tome, Syr Ynis, comporte trois aventures entremêlées, et si l’une d’elles se termine – la découverte par Nathan de ces mondes du Voile et de son don – les deux autres se poursuivent dans Magus Torrim avec une nouvelle aventure. J’approfondis le Voile, cet univers qui englobe l’humanité et le protège des créatures mises en vie par les lecteurs.

Ce tome est plus sombre, plus adulte. Plus abouti aussi, puisque je l’ai écrit 6 ans après le premier (qui a été entièrement réécrit, pour la nouvelle publication). Irwam devient rebelle et je vous laisse découvrir le reste dans le livre.

Et c’est quoi la suite ?

Actuellement, j’écris une romance contemporaine dans laquelle je vais insuffler un peu de ma vie de soignante et de mon vécu. Ce sera ma deuxième romance après Cœurs Hybrides, mais celle-ci ne comporte pas de magie, pour la première fois. J’avais peur de cette limite. J’écris aussi pour m’évader et je pensai que le contemporain me frustrerait. Ce n’est pas le cas.

Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?

Le revers de la médaille de Olga Lossky. Très belle plume, et une histoire intéressante où l’auteure revient sur le vécu juif après la Deuxième Guerre mondiale.

Anna Combelles

Anna Combelles

Comme tout le monde, Anna Combelles est née un beau jour. Chez elle, cette année là, en 1970, les vendanges commençaient…

La petite ville où elle a ouvert ses yeux, Pézenas, était à l’époque réputée pour les affreux bouchons et longues heures pour la traverser, sur la route des vacances. Ville du sud, ville de soleil, ville d’auteurs, aussi. Ville qu’elle a quittée pour des études. Et où elle s’est réinstallée, diplômes en poche.

Son métier d’Infirmière anesthésiste lui libère beaucoup de temps libre qu’elle consacre à ses deux principales passions : lire et écrire.

Elle a toujours lu de nombreux romans, préférant la mouvance fantasy qui a le mérite de la sortir de la réalité, parfois très noire, de son métier. Elle lit toutefois un peu de tout, s’attachant souvent aux écritures plus qu’aux contenus, mais recherchant dans les livres une évasion.

Ayant publié sur des sites fermés quelques fans-fictions à succès, elle a vite voulu créer ses propres personnages, son propre univers. Autant il peut être amusant d’inventer une nouvelle histoire pour un héros déjà établi, dans un monde créé par un autre auteur, apprécié… autant créer son monde est vraiment ce qui lui a plu. Elle a pu mettre dans ses textes une part d’elle-même, de ses envies.

Il aurait été plus facile, sûrement d’écrire sur la médecine, sur une infirmière. Pourtant, dans ses songes, dans son inspiration, ce sont d’autres contes qui se sont imposés.

Pour en savoir plus sur Anna Combelles : www.annacombelles.com

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