Interview de Guillaume Audru
Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?
Ça remonte à si loin… Probablement un livre de la Bibliothèque verte, un exemplaire de la série des Michel ou des Six Compagnons.
Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première nouvelle, votre premier roman ?
Là, le souvenir est plus net. J’allais avoir treize ans, j’étais en week-end chez ma grand-mère maternelle et j’avais emmené quelques feuilles de papier sans trop savoir ce que j’allais écrire. Je venais de terminer le lecture de L’Aiguille creuse de Maurice Leblanc. Sans faire le moindre plan, j’ai imaginé, sur quatre pages, la courte aventure d’un voleur classieux et sombre évoluant dans les années 1870.
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
Pour moi, si tu ne lis pas, tu n’écris pas. C’est aussi simple que cela. Il faut se nourrir de mots, emmagasiner de l’expérience littéraire. Pendant longtemps, j’ai été un gros lecteur mais je ne franchissais pas le cap de me mettre véritablement à écrire, tricoter une intrigue, bosser sur un plan. Je pense qu’il faut accumuler un certain nombre de kilomètres avant de démarrer puis de franchir cette première étape.
Comment se fait-on connaître d’un lectorat potentiel quand on est jeune auteur ?
Aujourd’hui, Internet, et plus particulièrement Facebook et Twitter, est une formidable caisse de résonances. Il y a tout un potentiel de lecteurs mais aussi d’auteurs et d’éditeurs à portée de clic. C’est un bouche-à-oreille à vitesse grand V.
Quel est l’importance de l’éditeur dans la version finale d’un roman ?
Je compare un peu à ça à celui qui apprend à conduire. L’éditeur, c’est un peu le moniteur d’auto-école qui va gentiment te recadrer, qui va t’apprendre à traquer tes fautes, qui va te faire prendre de bonnes habitudes de conduite, donc d’écriture.
Comment créez-vous vos personnages ?
Pour ce premier roman, certains personnages sont inspirés de ma propre famille. Néanmoins, j’ai quand même modifié quelques traits de caractère… Pour le second roman, Les Ombres innocentes, qui paraîtra en décembre prochain, je ne me suis inspiré de personne, sauf pour l’un des personnages qui habite en face de mon lieu de travail.
La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?
Mon meilleur ami, le bien-nommé Guillaume, a été mon tout premier lecteur. Tout comme moi, c’est un grand amateur de whisky. Pour rappel, L’Île des hommes déchus se passe tout au nord de l’Écosse, dans un endroit que j’ai repeuplé et réinventé à ma guise. Et mon camarade, pendant la lecture du manuscrit, cherche désespérément sur Internet le whisky auquel je fais allusion dans le roman alors que cette distillerie sort tout droit de mon imagination !
Pouvez-vous nous parler de L’Instant Polar ?
L’Instant Polar est une association qui a été crée il y a cinq ans. Elle réunit des auteurs de polars (Patrick Amand, Jean-François Delage, Loïc Duret, Jean-Luc Loiret…), des lecteurs, des bibliothécaires, un ancien libraire. Bref, que des passionnés. L’objectif initial est de promouvoir les littératures policières sous toutes ses formes. Nous avons organisé deux rencontres polars. La première en 2011 où nous avons réuni Patrick Amand, Patrick Bard, Odile Bouhier, Jean-Louis Nogaro et Guillaume Prévost, autour d’une thématique : le polar et les conflits du XXième siècle. La seconde édition s’est déroulée en 2013, sur le thème du polar à boire et à manger, avec Valéry Le Bonnec, Philippe Paternolli et David Patsouris. Cette année, nous sommes enfin parvenus à monter un vrai salon avec quelques têtes d’affiches comme Franck Bouysse, François-Xavier Cerniac, Michel Embareck, Maurice Gouiran…
Votre premier roman, L’ile des hommes déchus, a obtenu de très bonnes critiques. C’est quoi la suite ?
La suite, c’est donc pour décembre prochain. Ce sera un thriller à connotation sociale, Les Ombres innocentes. On sera très loin de l’ambiance de L’Île des hommes déchus.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Je me suis pris une bonne grosse claque avec Grossir le ciel de Franck Bouysse.
Guillaume Audru
Guillaume Audru est né en 1979. Gros lecteur de polars et de thrillers, il a crée, il y a quelques années, le blog Territoire Polars.
Son premier roman, L’île des hommes déchus, a été particulièrement remarqué et a reçu le prix du Balai de la Découverte en 2014.
Les ombres innocentes est son deuxième roman. Guillaume Audru est, par ailleurs, vice-président de l’association poitevine L’Instant Polar.
Pour en savoir plus sur Guillaume Audru : guillaumeaudru.blogspot.fr