Interview de Martin Michaud
Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?
Le premier livre que j’ai lu au complet était un roman de la série culte Bob Morane, de Henri Vernes, que j’ai eu l’opportunité de rencontrer en février dernier, à son domicile de Bruxelles. Une rencontre mémorable pendant laquelle j’ai eu l’occasion de lui exprimer à quel point il a compté dans ma vie. Car le premier roman peut être une expérience fantastique et transmettre le goût de la lecture. C’est le cadeau qu’Henri m’a fait avec Alias MDO.
Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première nouvelle, votre premier roman ?
Au CÉGEP (Collège d’enseignement général et professionnel au Québec), juste avant mon entrée à l’université, j’ai vécu un grand coup de foudre qui s’est plutôt mal terminé. En effet, j’ai attrapé une maladie. Du genre de celles qu’on attrape sous les couvertures… Heureusement, c’était sous la couverture de Les fleurs du mal de Baudelaire. Cette maladie, transmise textuellement, m’a donné l’envie irrépressible d’écrire. Aussi, durant les vingt ans où j’ai pratiqué le droit, j’ai toujours écrit en parallèle. Tout naturellement, j’ai commencé par de la poésie. De là, je suis passé aux paroles de chansons, que j’interprétais avec mon band, m-jeanne. Puis, vers l’âge de vingt-cinq ans, sans aucune raison particulière, j’ai commencé à m’adonner au roman. J’ai donc écrit deux romans sur une période de quinze ans. Un premier, tellement mauvais qu’il n’est jamais sorti de mes tiroirs. Puis un deuxième, qui a été refusé par toutes les maisons d’édition de l’Univers. Moi qui croyais écrire de la grande littérature, mon ambition de gagner le Goncourt venait d’en prendre pour son rhume ! (rires) Au moment où seule ma mère croyait encore en ma capacité de devenir écrivain, j’ai retrouvé un fichier dans mon ordinateur. Un an plus tôt, j’avais jeté quelques notes concernant un projet de série de romans policiers qui mettrait en vedette un enquêteur du SPVM (Service de police de la Ville de Montréal). Dans le fichier, j’avais déjà donné un nom au personnage principal : Victor Lessard… À partir de là, tout s’est enchaîné : Il ne faut pas parler dans l’ascenseur a été publié en 2010, La chorale du diable en 2011 et Je me souviens en 2012. Après ces trois premières enquêtes de Lessard, j’ai décidé d’aller voir ailleurs si j’y étais. J’ai donc publié deux hors série, Sous la surface en 2013 et S.A.S.H.A. en 2014. Ces romans ont tous été publiés en Europe, chez Éditions Kennes. Toujours en 2014, j’ai publié au Québec le quatrième volet des enquêtes de Lessard, Violence à l’origine, qui sortira en Europe début 2016.
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
Ce n’est évidemment pas une règle absolue, mais dans la majorité des cas, je pense que les bons écrivains ont d’abord été de bons lecteurs.
Que se racontent deux auteurs qui se rencontrent ?
Quand je rencontre mes amis écrivains dans les salons du livre au Québec, nous parlons de tout et de rien, mais il y a une loi non écrite : nous ne parlons jamais de nos livres, ni de nos chiffres de vente.
Vous êtes avocat, musicien, scénariste et écrivain. N’est-ce pas trop pour un seul homme ?
(Rires) Simultanément, oui ! J’ai mentionné avoir pratiqué le métier d’avocat d’affaires pendant vingt ans. Or depuis 2012, j’ai le privilège de pouvoir me consacrer entièrement à l’écriture, à titre de romancier et de scénariste. Le droit ne me manque pas, mais la musique si ! m-jeanne n’existe plus depuis quelques années. J’aimerais m’y remettre un jour. Pour l’instant, le temps me manque !
Vous êtes un auteur québécois. Existe-t-il un style québécois ?
Je ne crois ni aux catégories ni aux étiquettes. Quant au style, je ne crois qu’à une chose, et elle fait à la fois la richesse et le mystère de la littérature : une bonne histoire bien racontée est universelle et trouvera son public, peu importe l’origine de l’auteur.
Ça fait quoi de se faire « traiter » à longueur d’articles de presse de « maître du thriller québécois » ?
(Rires) Je perdrais toute crédibilité si j’écrivais plus de vingt-cinq mots en réponse à cette question. Ça fait déjà vingt-quatre, alors je me tais…
Où en êtes-vous de vos projets cinéma et TV ?
Je travaille (très) activement à titre de scénariste à un projet de série télé. À ce stade, je ne peux toutefois préciser s’il s’agit d’une adaptation d’un de mes romans ou un projet original.
Quelle est votre actualité littéraire ?
En Europe, le troisième volet des enquêtes de Lessard, Je me souviens, vient tout juste d’être publié. Au Québec, en novembre, je ferai paraître un nouveau hors série intitulé Quand j’étais Théodore Seaborn.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Jean-Paul Dubois est l’un de mes écrivains fétiche. J’ai lu presque tous ses livres. J’avais pris un peu de retard dans sa production et, récemment, j’ai lu Le cas Sneijder, paru en 2011. Du Dubois pur jus, qui se passe au Québec !
Martin Michaud
Né en 1970, établi à Montréal depuis plus de vingt ans, Martin Michaud a longuement pratiqué le métier d’avocat d’affaires avant de se consacrer pleinement à l’écriture.
Reconnu par la critique comme l’un des meilleurs écrivains de romans policiers québécois, il a obtenu un succès fulgurant avec ses cinq premiers thrillers Il ne faut pas parler dans l’ascenseur, La chorale du diable, Je me souviens, Sous la surface et Violence à l’origine, qui lui ont valu la reconnaissance du public et de nombreux prix littéraires.
En novembre, il fera paraître Quand j’étais Théodore Seaborn, un hors série. Outre ses activités de romancier, il travaille à la scénarisation de ses œuvres et de projets originaux pour la télévision et le cinéma.
Pour en savoir plus sur Martin Michaud : www.michaudmartin.com
je vais être partial, tout ce qui vient du québec me plait, donc à lire avec plaisir,merci