Interview de Magali Villeneuve
Quel est le premier livre que vous a donné envie de dessiner ?
Sans aucune hésitation, La Roue du Temps de Robert Jordan. Cette saga est clairement à l’origine de ma « vocation » d’illustratrice.
Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première histoire ?
Ma première histoire n’était pas La Dernière Terre. Il s’agissait d’un roman qui se voulait historique, avec l’Amérique du 17ème en toile de fond. Je devais avoir environs 15 ans lorsque j’ai commencé ce roman, et il me permettait essentiellement de conjurer l’ennui de mon quotidien de lycéenne !
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
Je pense qu’il est tout aussi essentiel d’être lecteur pour écrire un ouvrage que ça peut l’être pour avoir, à la base, un bon niveau de français. Rien ne s’invente totalement, ni ne « tombe du ciel ». On a tous besoin de repères et de références. Cependant, je crois qu’il n’est pas nécessairement obligatoire d’être un lecteur assidu de son propre genre, c’est à dire lire de la fantasy pour écrire de la fantasy, par exemple. L’inspiration est partout, et ne pas limiter ses horizons littéraires peut au contraire avoir un effet bénéfique pour sa propre production.
Vous êtes illustratrice et avez conçu l’affiche des prochaines Halliennales. Comment cela s’est-il passé ?
De façon idéale, à savoir que la liberté était quasiment totale. J’avais une thématique, savoir « Renaissance », et à partir de là, j’étais libre de créer ce qui me plaisait. C’est d’ailleurs cette réelle liberté qui m’a permis de beaucoup m’amuser à la réalisation de cette affiche.
Vous êtes finalement plus connue pour vos illustrations que pour vos romans. Pensez-vous que cela puisse évoluer ?
Non, je ne le pense pas, pour la raison simple que, en quittant mon ancien éditeur, j’ai pris, avec Alexandre Dainche, le parti de ne plus laisser La Dernière Terre aux mains d’une maison d’édition. Cela ne nous convient pas, l’expérience nous a permis de le comprendre. De fait, je n’ai aucune autre ambition pour La Dernière Terre que de faire plaisir à notre lectorat présent (et futur) en lui livrant la suite, mais pas d’atteindre une diffusion à une plus grande échelle que celle de la communauté d’enthousiastes qui nous accompagne. Écrire pour la notoriété est une ambition peu viable et peu en phase avec les réalités du milieu, en particulier en SFFF (Science-Fiction, Fantasy et Fantastique). L’écriture est un hobby pour moi, et je me sens plus à l’aise en ne laissant pas l’ambition polluer le plaisir de l’écriture elle-même : sinon, je pense que ça aurait tendance à me « paralyser ».
Pour vous, lequel est le plus fort entre la plume et le pinceau ?
Impossible à départager. Les forces sont égales, mais simplement différentes. La puissance de l’écriture se construit au fil du texte ; celle de l’illustration se développe instantanément, en un coup d’oeil. Mais selon moi, aucune ne l’emporte sur l’autre.
C’est quoi la dark fantasy ?
La définition que j’en donnerais – sans être certaine que ce soit la définition officielle ! – serait un genre où l’on expose des univers plus sombres et réalistes que la fantasy même. Les enjeux humains, politiques, y sont prédominants et les éléments imaginaires, plus ténus, quoique néanmoins présent. De fait, la dark fantasy a, je le pense, le mérite de se rendre accessible à un lectorat très varié, y compris à des lecteurs peu attirés par les littératures de l’imaginaire à l’origine, car elle plus « digeste » et souvent plus adulte aussi.
Un petit mot sur votre saga La Dernière Terre ?
La Dernière Terre s’inscrit justement dans le genre dark fantasy. La saga prend place dans les Cinq Territoires, un monde entouré de brumes opaques et mystérieuses. Depuis toujours, les peuples des Cinq Territoires vivent avec la conviction que ces brumes sont la fin de leur monde et de toute chose vivante. Un événement terrible va commencer à faire vaciller cette croyance.
Quelle est votre actualité littéraire ?
La réédition des deux premiers tomes sous la forme d’une intégrale, toujours en précommande sur le site de la saga. C’est un renouveau pour La Dernière Terre, maintenant que nous avons récupéré nos droits. Une toute nouvelle édition avec une multitude de bonus et la participation d’artistes, bédéistes et illustrateurs merveilleux qui nous font l’honneur de donner un tout nouveau souffle à l’ouvrage pour mieux embrayer sur les tomes suivants.
Quel est le dernier livre que vous avez eu envie d’illustrer ?
L’Assassin Royal de Robin Hobb, dont je suis une fervente admiratrice.
Magali Villeneuve
Magali Villeneuve est l’illustratrice de l’affiche 2015 des Halliennales.
Née en 1980, à Bordeaux, Magali Villeneuve est illustratrice depuis environs 9 ans.
Tout a commencé par des couvertures de livres SFFF en France. A présent, elle travaille pour diverses compagnies et maisons d’éditions, en France comme à l’étranger, sur des licences telles que Le Trône de Fer, Le Seigneur des Anneaux, Star Wars, Magic : the Gathering…
Elle est aussi l’auteure de la saga de dark fantasy La Dernière Terre.
Site artiste : www.magali-villeneuve.com