Interview de Romain Puértolas
Quel est le premier livre que vous ayez lu ?
Je ne m’en rappelle plus. Sûrement un Oui-Oui de la bibliothèque rose.
Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre premier roman ?
Le premier roman dont vous parlez, le Fakir, est en réalité le 8ème écrit et premier publié. Je l’ai écrit entièrement dans le RER A et le métro en allant au travail le matin et en en revenant le soir. J’écrivais sur mon téléphone portable en m’envoyant des mails.
Quelles sont vos habitudes d’écriture ?
Celles décrites ci-avant. Je ne m’arrête pas de vivre pour écrire. L’inspiration me vient toute la journée, à la boulangerie, à la Poste, au supermarché, quand je cuisine ou que je repasse. C’est dans ces moments-là que je sors mon téléphone portable et y écris les phrases qui me viennent et qui constitueront le roman une fois mis les uns bout à bout des autres.
Votre premier roman publié « L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea » a été traduit en 35 langues. Comment pouvez-vous être sûr que votre texte est respecté partout ?
Je traduis moi-même l’espagnol et révise l’anglais. Pour les autres langues, je me dois de faire confiance. Je donne à tous les traducteurs une version annotée dans laquelle je les aide avec les références que j’utilise dans mes histoires. Et puis on s’envoie beaucoup de mails. Je suis très disponible pour eux.
Quelle est, pour vous, l’importance du titre ?
Cruciale. Je lis beaucoup de romans merveilleux dont le titre est vraiment très mauvais et ne donne même pas envie d’ouvrir le roman. C’est dommage. Un bon titre est celui qui nous interpelle, nous donne envie d’en savoir plus, nous fait déjà entrer dans l’histoire.
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
Je le pense, oui. La lecture développe des automatismes, que ce soit dans la syntaxe, l’orthographe, la narration. On ne peut pas faire de cuisine si l’on n’a jamais goûté les ingrédients que l’on se propose de mettre dans notre recette. Cela me paraît évident.
Avez-vous approché d’autres auteurs pour leur demander des conseils ?
Non, je n’ai jamais demandé de conseils dans l’écriture. Les conseils, ce sont Jules Verne, Emile Zola, Umberto Eco, tous ces écrivains que je lisais et qui me les ont donnés en les lisant.
Êtes-vous Charlie ?
Oui. J’ai même écrit une nouvelle inédite dans le recueil Nous Sommes Charlie publié il y a quelques semaines par le Livre de Poche. Nous sommes tous Charlie. Pour lutter contre l’obscurantisme et la violence. Pour que l’homme, qui est devenu un homme à forces d’efforts et de milliers d’années, ne redevienne pas l’animal qu’il était en naissant.
Quelle est votre actualité littéraire ?
Je continue la tournée mondiale pour le Fakir qui n’est pas encore sorti dans tous les pays dans lesquels il doit sortir. Je pars en Afrique du Sud et à Singapour à cette occasion. Et puis la promotion française de La Petite Fille et l’adaptation cinématographique du Fakir dans laquelle je suis co-scénariste.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
J’ai repris le Pendule de Foucault d’Umberto Eco, que j’avais abandonné après quelques pages il y a plus de vingt ans. Aujourd’hui, j’en suis accroc ! Eco est d’une telle complexité, d’une telle érudition que cela en est merveilleux. Je me rappellerai toujours du Nom de la Rose, que j’avais dévoré et sur lequel j’avais fait mon mémoire de maîtrise.
Romain Puértolas
Romain Puértolas est né le premier jour de l’hiver 1975 à Montpellier. Conscient de la brièveté de la vie, il décide de vivre plusieurs vies en une seule. Tour à tour professeur de langues, traducteur-interprète, compositeur, DJ-turntabliste, nettoyeur de machines à sous, steward dans une dizaine de compagnies aériennes puis lieutenant de police, il déménage 31 fois en 38 ans.
L’extraordinaire voyage du fakir qui était resté coincé dans une armoire Ikea, son premier roman, revêtu d’une couverture du plus beau jaune citron, a paru en septembre 2013 (après une longue série de manuscrits refusés). Il a été traduit en 35 langues, a remporté le Grand Prix Jules Verne 2014 et le prix Audiolib 2014 pour la version audio lue par Dominique Pinon. L’auteur travaille en ce moment à son adaptation cinématographique.
Son deuxième roman, La petite fille qui avait avalé un nuage grand comme la tour Eiffel, est aux couleurs du ciel quand il est bleu. Détail d’importance, car « Happyculteur », ou heureux chronique par nature, comme il se définit, Romain Puértolas s’est mis en tête de dessiner un magnifique arc-en-ciel sur les étagères de ses lecteurs.
Pour en savoir plus sur Romain Puértolas : www.romainpuertolas.com