Interview de S. N. Lemoing
Si tu veux connaître la valeur d’une personne, observe la façon dont elle traite ses inférieurs et non ses égaux
Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?
Je ne sais plus en quelle classe j’étais, mais celui dont je me souviens assez distinctement, c’est La sorcière de la rue Mouffetard et autres contes de la rue Broca. Le « Harry Potter » des générations précédentes peut-être ?
Quel plaisir trouvez-vous à raconter des histoires ?
La plupart du temps, j’essaye de me mettre dans le rôle de lectrice. Qu’est-ce que j’aimerais lire ? Qu’est-ce qui me provoquerait des émotions ? J’aime aussi aborder des sujets dont on parle rarement ou qui sont tabous. D’entendre les questionnements ou incompréhensions d’autres personnes, ça me donne envie de mettre ces sujets en lumière. Quand j’imagine des personnages, ça peut aller très loin aussi. Je me retrouve avec tellement de choses à dire, à leur faire faire, que je dois coucher leur destin sur le papier.
Vos premiers livres sont sortis en auto-édition. C’était un choix ou une obligation ?
Un peu les deux. J’avais envoyé mon premier roman à quelques maisons d’édition, mais je n’ai reçu que des refus. La seule solution qui s’offrait à moi était l’autoédition. C’étaient les débuts, d’ailleurs. Il y a avait les premiers blogueurs qui commençaient à en lire, des initiatives qui se mettaient en place comme le #JeudiAutoEdition. D’un côté, j’ai apprécié d’avoir une totale liberté dans l’écriture, au niveau créatif, c’est l’idéal. D’un autre, les domaines techniques ou administratifs, par exemple, sont plus difficiles à gérer. Il faut tout faire seul. En tout cas, je voulais montrer de quoi j’étais capable et quels genres d’histoires je voulais proposer. Par la suite, j’ai été en contact avec des maisons d’édition, ça m’a servi de tremplin. C’est vrai que je n’écris pas dans le but de convenir aux marchés, au contraire même, j’essaye de briser les clichés des genres et il y a très peu de maisons d’édition qui sont prêtes à prendre ce risque. Mais je suis heureuse d’en avoir trouvé une qui aime ce côté « indé » pour l’un de mes romans.
Sait-on, en couchant les premiers mots d’une histoire, qu’on va écrire une nouvelle, un roman ou une série ?
Pour moi, en général, oui. Je connais assez souvent la longueur. Quand je suis lancée, j’ai plutôt tendance à écrire beaucoup, à imaginer plein de choses. Les séries et les sagas sont assez faciles à écrire pour moi. Et les nouvelles, c’est lorsqu’il y a des choses importantes à aborder, mais pas au point d’en créer tout un univers sur la durée.
Quels sont vos thèmes de prédilection ?
Il y en a beaucoup ! En priorité, le féminisme, l’écologie, la tolérance. Après, il y a plein de déclinaisons possibles, que ce soit la pression sociale, la pollution, la déforestation, les relations. Ça dépend aussi du genre de l’histoire.
Pourriez-vous utiliser d’autres supports que le livre pour exprimer votre créativité ?
Oui, en fait j’ai beaucoup écrit et travaillé dans l’audiovisuel. J’ai dû écrire à peu près autant de scénarios que de livres. J’ai aussi fait des études sur les deux, les romans graphiques et sur les adaptations. J’aime beaucoup m’amuser avec les différents formats que ce soit le théâtre, la BD, les jeux vidéo ou l’audio. C’est ce qui est fascinant, une même histoire peut revêtir tellement de formes différentes, s’adapter en de multiples formats.
Vous êtes à l’origine d’un recueil de nouvelles contre le harcèlement. Pouvez-vous nous en parler ?
Oui, avec une autre autrice, nous avons lancé un appel à textes pour que le plus de personnes possible puisse s’exprimer sur le sujet. Il y avait beaucoup de nouvelles donc nous en avons choisi un bon nombre : 17. C’était génial parce qu’elles étaient toutes très diverses. Des tons différents, des genres différents du thriller au contemporain, des points de vue différents, des auteurs de tous âges, etc. Plusieurs types de harcèlement sont abordés également (sexisme, scolaire, homophobie). Toute personne peut s’identifier aux victimes, se sentir moins seule.
La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?
Je ne pense pas avoir d’anecdote particulière, disons que ce qui revient souvent, c’est que les gens pensent qu’on ne fait pas grand-chose de notre temps alors qu’en réalité, il y a de très très nombreuses heures d’écriture, de recherches, de relecture, de réécriture, etc. C’est un métier comme un autre, mais la différence, c’est qu’il est bien plus sous-estimé. Ou alors, la croyance générale veut qu’on gagne bien sa vie quand on vend beaucoup de livres alors que pas du tout. On travaille beaucoup, on peut avoir de nombreux lecteurs qui aiment ce qu’on fait et qui nous suivent, mais on ne touche qu’un tout petit pourcentage sur tout ça. La plupart du prix part dans la fabrication, plus la distribution, plus la TVA, il ne reste pas grand-chose pour nous, créateurs, malheureusement !
Quelle est votre actualité littéraire ?
Après avoir sorti plusieurs romans et nouvelles, je suis en train de travailler sur des suites. Tout d’abord, une nouvelle « bonus » de mon roman Mes 7 ex : Juliette qui se trouvera sur le recueil de nouvelles spécial Noël de ma maison d’édition, Litl’Book éditions. Le tome 2 de Shewolf, une saga d’urban fantasy, et l’épisode 3 de Les Calices du temps, une série de voyage dans le temps avec une grande partie historique et des références à la pop culture. Il y a aussi un autre projet Urban Nemesis, c’est une série sous forme de scénario qu’on peut lire en ligne gratuitement sur le site Pitchséries. Ça fait déjà beaucoup, j’ai encore d’autres projets à venir, mais je vais me concentrer sur ceux-là.
Et je vais participer à mon premier salon le 18 mai à Montmirail dans la Marne.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Alors très récemment, j’ai eu la chance de lire Sous ton envoûtement de Thibault Beneytou. C’est une romance gay avec deux personnages masculins. Il y a aussi un coté fantastique qui se passe dans un monde sous-marin. L’auteur a une très belle écriture, j’ai aimé découvrir cet univers original, surtout pour un roman francophone. La couverture et la mise en page sont magnifiques également.
S. N. Lemoing
S. N. Lemoing est née en 1987 en région parisienne.
Elle a suivi des études dans l’audiovisuel à l’Université Paris VIII où elle a pu suivre des cours sur l’Image de la femme dans les médias et le Female Gaze.
Elle a ensuite travaillé en tant qu’assistante de production. A côté, elle a pu co-écrire, co-réaliser et co-produire des épisodes pour trois web-séries ainsi que des courts-métrages.
L’envie d’écrire sans contrainte l’a conduite à devenir autrice indépendante.
Son 1er roman est le tome d’une saga de fantasy médiévale « Powerful », bien accueilli par plus de 100 blogueurs littéraires. Son 2ème roman, la chick-lit « Mes 7 ex : Juliette », est édité chez Litl’Book éditions. Son 3ème roman, la bit-lit « Shewolf » a déjà été lue par +2000 lecteurs.rices et il est resté dans le top 15 surnaturel d’Amazon durant 6 mois.
Des personnages complexes et diversifiés, plusieurs intrigues qui s’entremêlent et des scènes d’actions.
Rétroliens/Pings