Interview de JB Leblanc
Quel est le premier roman que vous vous souvenez avoir lu ?
Alors, si on occulte tous les Oui-Oui et les livres de la bibliothèque verte, je peux dire que mon premier roman adulte s’intitulait Le Vallon secret de Chauncy N. Un livre que j’ai lu et relu dans ma jeunesse. L’histoire d’un adolescent, convaincu que son père alpiniste est toujours vivant, qui part à la recherche de ce dernier, disparu en montagne, et qui donc suit ses traces.
Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première histoire ?
Je suis un rêveur et en tant que tel, j’ai toujours pratiqué ce qui me faisait planer. Je ne parle pas de substances illicites, bien sûr, mais de lecture, de cinéma, de jeux vidéo et de jeux de rôles. À un moment donné, j’ai voulu vivre mes propres aventures avec mes propres personnages. Et pour cela, l’écriture est le meilleur moyen.
Ma première histoire, je l’ai écrite à l’âge de quatorze ans et je peux dire ce que celle-ci, ainsi que les quelques autres qui ont suivies à cette période, n’étaient pas très originales. Je m’amusais à réécrire les films que j’avais vus, en y insérant des détails plus personnels, d’autres personnages, d’autres rebondissements. Je vous rassure, j’ai cessé cet exercice. Ce sont juste mes premières armes.
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
Je pense que, pour un jour se mettre à écrire, il ne faut pas être juste doté de beaucoup d’imagination. Il faut avoir lu beaucoup. Personnellement, je suis un gros lecteur, mais je ne sais pas si ça a fait de moi un bon auteur. Lire apporte du vocabulaire, des connaissances, permet de s’imprégner de la technique de construction d’un roman.
Vos romans vous viennent par l’intrigue, les lieux ou les personnages ?
Par l’intrigue ET les personnages. Ils sont forcément mêlés. L’intrigue crée les personnages et les personnages développent l’intrigue. Mon roman, Le cauchemar de Cassandre, est né ainsi. J’avais dans la tête, depuis un bon moment, un assassin implacable, insaisissable, avec ses rituels, son mode de fonctionnement qui le rendait invisible aux yeux de la police. Mais je ne savais pas trop à quoi le confronter. À un flic, évidemment, mais même le plus tenace n’en viendrait pas à bout. L’univers de mon assassin était bien trop rôdé. Alors l’idée m’est venue de le fragiliser par le biais d’une de ses cibles. Une victime protégée. Mais par quoi ? Par qui ? J’ai effectué des recherches et je suis tombé sur le complot luciférien. Je tenais mon intrigue. Et des personnages, pas prévu au départ, ont vu le jour. Certains sont même devenus des personnages principaux. L’intrigue et les personnages se nourrissent l’un de l’autre.
En règle générale, lorsque je démarre un roman, je connais le début, j’ai une idée des personnages principaux et je connais la fin. Je fais en sorte que mon récit et les agissements de mes personnages tendent vers cette fin que j’ai déjà en tête. Mais parfois, certains n’en font qu’à leur tête et l’intrigue prend des détours que je n’avais pas prévus.
Quand vous commencez l’écriture d’un roman, en connaissez-vous le genre ?
Toujours, dans la mesure où comme la plupart des auteurs, j’écris sur ce que je connais. Je fais du thriller. Parfois mâtiné de fantastique.
Avez-vous des habitudes d’écriture ?
J’écris dès que je peux. Souvent l’après-midi. Je fais en sorte de pouvoir écrire plusieurs heures d’affilée. En règle générale, je relis les pages de la veille en buvant un café, le temps de m’imprégner de l’ambiance, de me remettre dans la peau de mes personnages, ensuite, c’est parti.
La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?
J’ai rencontré une lectrice qui avait acheté Le cauchemar de Cassandre, le premier tome de ma trilogie. Elle avait apprécié le roman mais elle avait jugé l’histoire effrayante à bien des égards dans la mesure où elle était croyante. Le cauchemar de Cassandre a la religion pour toile de fond. Donc elle était marquée par tout ce que j’avais décrit dans le livre. Elle a prêté le livre à sa fille, très croyante également, qui elle n’a pas achevé la lecture du roman. Sa fille jugeait que mon roman dégageait des mauvaises ondes de par son ambiance angoissante. Pour les neutraliser, elle avait rangé le livre dans le congélateur ! À ce jour, je ne sais pas s’il y est toujours mais en tout cas, pas rancunière, la dame a acheté le reste de la trilogie.
Comment faites-vous pour faire connaitre vos romans ?
Par les réseaux sociaux essentiellement, les salons, les dédicaces en librairie, les présentations en bibliothèque. J’avoue que la promotion est un domaine dans lequel je n’excelle pas. Je ne suis pas très présent sur les réseaux, je n’alimente pas de blog personnel. La faute au temps qui file trop vite. J’ai un peu mis de côté ça, on me le reproche souvent.
Quel est votre actualité littéraire ?
Le dernier tome de ma trilogie La porte est sortie en novembre 2014. Depuis, j’ai une nouvelle (Passage à l’acte) qui est sortie dans l’anthologie Histoires de… Folie chez Lune Écarlate, une autre (Double AVC) dans l’anthologie Histoires de… Loups-garous toujours chez Lune Écarlate.
Deux autres nouvelles vont sortir dans deux anthologies différentes d’ici la fin de l’année : Meurtre en chambre close dans l’anthologie Dimension meurtres impossibles et L’apocalypse selon l’an mille dans l’anthologie Vampire origines.
Côté roman, un thriller fantastique que j’ai co-écrit avec Frédéric Livyns est en cours de soumission chez plusieurs éditeurs. J’ai un autre roman, écrit seul cette fois, un thriller, qui est en cours de bêta-lecture.
Mon prochain projet en cours d’écriture : un recueil de nouvelles sous la direction d’un anthologiste.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
La porte du messie de Philip Le Roy. Un roman étonnant qui nous permet de nous interroger sur les origines de l’Islam et des religions en général. Palpitant. Dérangeant.
JB Leblanc
JB Leblanc est né en 1973 dans le Nord, une région dans laquelle il vit toujours après une incursion de plusieurs années en région parisienne.
Marié et père de deux enfants, c’est un lecteur vorace. Il lit tout ce qui touche à la littérature policière ainsi qu’à celle du fantastique. Deux domaines qu’il affectionne et qu’il aime mélanger dans ses écrits. Il apprécie ce mariage qui permet au quotidien de basculer dans le surréaliste et au fantastique de devenir vraisemblable. Il s’amuse à confronter le monde de la preuve et du pragmatisme à celui de l’impalpable et des croyances au travers de différentes situations. Des situations tirées de son expérience personnelle… pour toucher au plus vrai…
Depuis avril 2015, il a intégré le jury du prix Masterton.