Interview de Cécile Guillot
Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?
Le pays des 36000 volontés. C’était l’été entre le CP et le CE1. Nous venions d’emménager dans une nouvelle ville. Je regardais par la fenêtre les voisines jouer à la Barbie alors que tous mes jouets étaient encore dans des cartons. Je m’ennuyais et me sentais seule. J’ai ouvert une boite. C’était celle avec les romans hérités de mes sœurs. J’ai lu cette oeuvre d’André Maurois et ma vie a complètement changé. Cette histoire m’a fascinée et je me suis mise à lire tous les livres que nous avions à la maison.
Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première nouvelle, votre premier roman ?
C’était en 2009. J’avais décidé de me mettre à l’écriture quand je suis tombée sur l’appel à texte des éditions Argemmios « changelins ». J’ai écrit mon texte en me disant que c’était un bon exercice pour débuter, qu’on me donnerait peut-être des conseils et finalement celui-ci a été retenu. Du coup, j’ai décidé de m’y mettre vraiment.
Pourquoi écrivez-vous ?
J’ai besoin de faire sortir toutes les histoires qui fourmillent dans ma tête. Et puis, j’écris avant tout les histoires que j’aurais aimé lire, donc je suppose que c’est pour me faire plaisir d’abord, et si en plus ça fait plaisir au lecteur, tant mieux… Dit comme ça, ça parait terriblement égoïste !
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
Oui, tout à fait. Je pense qu’il faut s’imprégner des mots, des différents styles, mais aussi des structures du récit, des petites choses qui font qu’une histoire accroche avant d’être capable, à son tour, de se réapproprier tout ça et d’écrire quelque chose de correct. Je ne pense que cela soit inné, qu’on puisse écrire comme ça un bon roman si on n’a jamais rien lu de sa vie.
Vous êtes diplômée en psychologie et psychanalyse. Est-ce un atout quand on écrit ?
Je pense que oui. Mon premier texte reprenait pas mal de concepts psychanalytiques sur la maternité (je suis spécialisée en périnatalité). Au-delà d’écrire vraiment sur des thèmes propres à la psychologie, c’est sans doute un atout pour construire les personnages. On m’a aussi beaucoup dit que Fille d’Hécate était une lecture apaisante, qui faisait du bien… Je ne sais pas du tout si cela vient de ma formation, d’une certaine déformation professionnelle, mais en tout cas, cela fait plaisir, et puis je me dis que finalement, je fais encore plus de bien aux gens que lorsque j’étais psy (rire).
Vous êtes à la fois auteur, éditrice et illustratrice. Dans laquelle de ces activités vous sentez-vous le plus à l’aise ?
Dans celle d’auteur. J’ai laissé plus ou moins de côté l’illustration, car l’inspiration venait à manquer. Je conçois plus mon travail d’éditrice comme un travail d’équipe, on se partage les tâches avec mon mari Mathieu Guibé, et chacun de nous a ses propres points forts ; on est assez complémentaires. Alors que pour l’écriture, c’est moi qui mène la barque toute seule, et je m’y sens de plus en plus à l’aise, et de plus en plus confiante. Bien sûr, j’ai encore du chemin à parcourir…
À quel moment savez-vous que l’histoire que vous racontez est une bonne histoire ?
Je n’en suis jamais tout à fait certaine, cependant quand l’histoire se déploie toute seule dans ma tête, en général, c’est que je tiens une idée intéressante. J’ai tendance à croire que si j’ai trouvé un concept qu’il me plairait de lire, mais qui n’existe pas encore, c’est plutôt bon signe.
Vos personnages vous surprennent-ils ?
Cela arrive… Ils prennent des libertés et n’en font qu’à leur tête !
Quelle est votre actualité littéraire ?
Je viens de sortir The Pink Tea Time Club, un roman à sketches steampunk et girly au ton plutôt léger, et Belladonna un recueil de nouvelles gothiques. Cet automne, sortira une histoire illustrée par Mina M., Willow Hall. Il s’agit d’un roman épistolaire plutôt sombre et mystérieux.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
La maison des sorcières d’Evangeline Walton, un petit roman gothique sorti dans les années 40. Pas très connu alors que la plume est très belle, entre Hawthorne et Lovecraft.
Cécile Guillot
Cécile Guillot, née en 1982, est une lectrice assidue depuis sa plus tendre enfance, mais elle ne prend la plume que sur le tard, en 2009, et un peu par hasard. Les retours positifs l’incitent alors à continuer…
Diplômée en psychologie et psychanalyse et passionnée de fantastique, elle aime à tisser des petites histoires où se mêlent folie et surnaturel, mais ne dédaigne pas quelques incursions du côté du merveilleux.
Elle a créé le collectif d’auteurs Les enfants de Walpurgis puis les éditions du Chat Noir et s’adonne de temps à autre à l’illustration digitale ou à la photographie, deux autres médias qui lui permettent de raconter des histoires (encore).
Pour en savoir plus sur Cécile Guillot : www.cecileguillot.fr