Interview de Camille Brissot
Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?
Dix petits nègres, d’Agatha Christie – un souvenir d’autant plus marquant que j’ai bien failli être privée de fin, mon institutrice m’ayant confisqué le livre pour cause de « trop jeune pour lire ça ». A la place, elle m’a mis Fantômette entre les mains (bon, c’était bien aussi !).
Dans quelles circonstances avez-vous écrit votre première histoire ?
Je devais avoir une dizaine d’années quand j’ai tenté d’écrire pour la première fois : une histoire de fées et de licornes magiques qui a tenu sur une moitié de cahier. Puis, au collège, ça a été le tour d’un roman de fantasy – largement inspiré du Seigneur des Anneaux et pas franchement grandiose. Ça ne m’a pourtant pas empêché de l’envoyer à quelques éditeurs, et j’ai pu entamer une collection de lettres de refus.
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
Je ne sais pas s’il s’agit d’un prérequis absolu, mais en ce qui me concerne, c’est un grand oui. J’ai besoin de lire beaucoup, et quel que soit le genre, pour m’aérer l’esprit. Le côté émulation est aussi très important : c’est souvent aux moments où je me prends une vraie claque littéraire que l’envie d’écrire se fait le plus pressante. Les bons livres me poussent à aller de l’avant.
Vous avez été éditée très tôt, juste avant de passer votre bac de français. Comment expliquez-vous votre précocité ?
C’est le lien entre écriture et lecture qui a tout déterminé. J’aime écrire, depuis toujours, mais je n’ai jamais considéré ça comme quelque chose de personnel ou d’intime : ce que je voulais avant tout, c’était être lue. Et pour être lu, il faut être publié. Du coup, les choses se sont faites de manière assez naturelle : à partir de l’instant où j’ai eu un roman terminé entre les mains, j’ai commencé à contacter des éditeurs. Très rapidement, mes proches ont compris que ce n’était pas juste un hobby. Personne ne m’a jamais dit que mon âge pouvait être un frein, au contraire : j’ai bénéficié de nombreux encouragements. Ça aide !
Avez-vous approché d’autres auteurs pour leur demander des conseils ?
Oui, je me suis vite rendue compte que j’avais besoin d’aide. Quand on a le nez dans son roman, c’est parfois compliqué d’avoir une idée claire de ce qu’il vaut… Et je me suis dit que dans ce domaine, il ne pouvait pas y avoir de meilleur prof qu’un écrivain. A ce moment-là, je lisais le premier tome de La Quête d’Ewilan, qui venait tout juste de sortir. Le bouquin me plaisait bien, j’avais l’impression que l’auteur qui se cachait derrière était quelqu’un de sympa… Alors j’ai écrit à Pierre Bottero. J’avais vu juste, car il a accepté de lire mon roman, puis m’a aidée à le corriger. Sur ses conseils, j’ai finalement envoyé le manuscrit à Rageot, et c’est ainsi que mon premier roman, Les héritiers de Mantefaule a vu le jour en 2005.
Avez-vous été surpris/déçu par vos premiers contacts avec un éditeur ?
J’en ai été ravie. Découvrir le processus éditorial, les cycles de correction, discuter du roman avec des éditrices passionnées… Chacune de ces étapes m’ont permis de progresser, bien plus vite que je ne l’avais espéré.
Connaissez-vous le style des romans que vous vous apprêtez à écrire ?
J’en ai une vague idée, bien sûr, mais ce n’est pas le point de départ d’un roman. Il y a d’abord un personnage, ou un décor particulier, qui s’impose. Le reste suit. Je me sens ouverte à beaucoup de genres littéraires, mais je n’écrirais pas de SF, par exemple, pour le simple plaisir d’écrire de la SF. Ce dont je suis sûre par contre, c’est que j’ai envie de continuer à naviguer entre littérature jeunesse et littérature imaginaire.
La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?
J’avais dix-sept ans lors de mes premières dédicaces en salon, et donc une bonne tête d’ado, ce qui m’a valu des discussions euh… curieuses, avec des visiteurs persuadés que j’avais piqué la place de l’auteur.
Quelle est votre actualité littéraire ?
Le vent te prendra, une réécriture des Hauts de Hurlevent, est sorti en mars, suivi de Vagabonds des airs en mai. En septembre, ce sera au tour du Manoir aux secrets chez Rageot, une enquête sur fond de fantastique pour les jeunes lecteurs. Et je termine actuellement un roman d’anticipation jeunesse.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Magie Brute de Larry Correia, le premier tome des Chroniques du Grimnoir. Une uchronie complètement déjantée, avec des dirigeables, des super-pouvoirs et des zombies. Génial !
Camille Brissot
Née en 1988 à Romans – heureux hasard –, Camille Brissot a grandi dans la Drôme, entre les vignes et les vergers. Elle est encore lycéenne lorsque son premier roman, Les héritiers de Mantefaule, est publiée chez Rageot.
Le bac en poche, elle intègre ensuite Sciences Po Lyon, où elle suit en parallèle un cursus sur les civilisations asiatiques, puis étudie une année à Édimbourg, en Écosse.
Camille vit à présent à Paris, où elle travaille dans la communication.
Pour en savoir plus sur Camille Brissot : camillebrissot.com
très sympathique cette auteur précoce, ouverte et chaleureuse, à mettre encore dans la PAL, merci !