Interview de Jeanne Bocquenet-Carle
Quel est le premier livre que vous vous souvenez avoir lu ?
Le premier auteur que j’ai dévoré est Agatha Christie. À cette même époque, je me souviens avoir été marquée par deux livres : Le Grand Meaulnes d’Alain Fournier et Le Maître des abeilles d’Henri Vincenot.
Pensez-vous qu’il faille être un grand lecteur pour être un bon auteur ?
Absolument. Un auteur est d’abord un lecteur.
Selon vous, le cursus scolaire actuel aide-t-il à faire apprécier la lecture aux enfants ?
Pour ma part, je crois beaucoup à l’histoire du soir. Je pense que c’est la porte d’entrée aux livres, à l’imaginaire, à l’évasion. Ce moment entre parent et enfant avant le sommeil en est la clef.
Les lieux que vous habitez habitent-t-ils vos romans ?
Tout à fait. Mes romans se situent toujours dans des lieux que je connais. Je mets un soin particulier à ce que l’histoire et les lieux où elle se déroule soient en adéquation. Sans doute parce que mes deux premiers romans étaient des romans historiques. J’aime la précision des lieux, cela rend l’histoire crédible et possible.
Et j’ai de la chance, la Bretagne est un décor naturellement grandiose. La côte sauvage, les falaises et les rochers, les paysages de lande, les bois ancestraux et leurs pierres dressées, les villes médiévales, les îles, les tempêtes, le bout du monde…
Comment vous vient l’idée d’un roman, d’un personnage, d’une scène ?
Je crois que ça commence toujours pas un personnage. Quelqu’un qui surgit tout à coup dans votre vie. Il s’agit d’une rencontre. Le reste se met en place naturellement. Quand le héros est le bon, l’histoire devient une évidence.
Quelles sont les épices de votre tambouille d’auteur ?
Ma culture celtique. Je viens d’une région de tradition orale. Les histoires, les légendes et le chant font partis du quotidien. Je me sens riche de la transmission des anciens et du patrimoine culturel local. Je parle breton, j’ai la chance de voir le monde à travers le prisme de deux langues, cela nourrit mon imaginaire. De part chez moi, les gens adorent les histoires. Il n’y a qu’à feuilleter les pages locales du Télégramme ou du Ouest-France pour s’en rendre compte !
Avez-vous été surpris/déçu par vos premiers contacts avec un éditeur ?
Lorsque j’ai envoyé mon premier manuscrit par courrier, je n’attendais pas grand chose. Les maisons d’éditions en reçoivent des milliers… Alors quand Alain Carrière m’a rappelé, mon coeur s’est mis à battre très vite. Je n’y croyais pas ! Même chose pour les éditions Rageot, j’ai juste envoyé mon histoire par la poste et quelques semaines plus tard le téléphone a sonné. C’est toujours un moment magique. A cet instant, je pense très fort à mes personnages.
La vie d’auteur est une drôle de vie. Avez-vous une anecdote amusante à nous raconter ?
On ne sait jamais jusqu’où un livre va nous amener et qui on va rencontrer. Pour Les Insoumis, je me suis fait offrir du vin. En effet, je cite un vin disparu qui était bu à la cour de François II au XVème siècle. Il se trouve qu’une confrérie de vignerons nantais s’est mise en tête de le re-créer. Lorsqu’elle a découvert que je faisais allusion au vin de palet aujourd’hui tombé dans l’oubli, elle était si contente qu’elle m’en a offert ! La prochaine fois, il faut absolument que j’évoque du chocolat !
Quelle est votre actualité littéraire ?
Le tome II de Finisterrae est sorti en juin dernier et je prépare actuellement un nouveau roman d’aventure pour 2016.
Quel est le dernier livre que vous ayez lu ?
Yakari hag an avanked ! Yakari et les castors en français. Je l’ai lu hier soir à mes enfants. Mais rassurez vous je ne lis pas que des histoires d’indien en breton, je lis aussi des romans « de grands ». Ces temps-ci, je dévore I am Pilgrim de Terry Hayes. Un thriller très moderne. Un roman d’espionnage.
Jeanne Bocquenet-Carle
Après avoir voyagé et travaillé en production audiovisuelle, Jeanne Bocquenet-Carle est revenue s’installer en Bretagne, la terre de son enfance. Enfin, elle a pu se consacrer à l’écriture. Dans une région de granite, de vent et de tempête, il est facile de suivre son imaginaire. Depuis toujours, elle a été bercée par les contes, la mythologie celtique, la littérature, la mer et l’Histoire. Ce sont les épices de sa tambouille d’auteur.
Elle a également publié deux romans aux éditions Anne Carrière : Le château des ducs, paru en 2009, et Le royaume de Naples, paru en 2011 . Ce roman a reçu le Prix Lyons Club régional de littérature 2013.